Archive pour la catégorie ‘Médecine’

Migraines en soldes

mercredi 1 juin 2016

Lorsqu’une pathologie ou un symptôme a une fréquence anormalement élevée dans la population, il peut s’agir d’un résidu ou d’un contrecoup de l’évolution. Par exemple, la bipédie pourrait être l’une des causes lointaines de la migraine, cet étrange phénomène neuro-vasculaire qui concerne 20% des humains. Malgré la gêne occasionnée, l’évolution n’aurait pas pu l’éliminer, car il n’a jamais altéré la reproduction des personnes concernées ; échappant ainsi aux lois de la sélection naturelle.

L’expérience clinique montre que ce symptôme est plutôt bien géré par un grand nombre de porteurs qui en ont intégré la bénignité et compris le caractère erratique.

Les patients développent une capacité nommée « insight » qui aide à analyser le symptôme et sa gravité, ils développent aussi divers mécanismes de tolérance qui entrent dans le cadre théorique du neuro-feedback.

Dans les sociétés médicalisées, ce scenario idéal a été perturbé, l’interventionnisme a remplacé l’observation clinique, la pharmacologie a remplacé la physiologie, les antalgiques consommés dès le plus jeune âge ont entravé le neuro-feedback, et l’environnement anxiogène a empêché l’insight.

Dans le cas de la migraine, ces empêchements peuvent devenir dramatiques, car l’abus d’antalgiques conduit à une douleur chronique et invalidante, connue sous le nom de « CCQ » (céphalées chroniques quotidiennes). Le traitement des CCQ consiste à supprimer tout médicament, donc à reconditionner le patient. Reconditionnement parfois impossible s’il est trop tardif.

Enfin, l’histoire de la migraine montre que tous les antalgiques deviennent inactifs avec le temps, obligeant les patients à augmenter les doses et à varier les prescriptions, majorant ainsi le risque de CCQ.

Fort heureusement, plus de la moitié des migraineux consultent peu et savent éviter le cercle vicieux des antalgiques. Ces patients trop discrets sont devenus la cible des fabricants de triptans, dernière classe d’antimigraineux, d’autant plus dangereux à long terme qu’ils ont de bons résultats immédiats.

Les idées mercatiques ne manquent pas, avec des slogans de bonnes intentions souvent empruntés à d’autres contextes : « réintégrer le patient dans le parcours de soins », « parler à son médecin traitant », « utiliser le pharmacien comme maillon de proximité ». Un grand laboratoire a même organisé une « quinzaine de la migraine en officine », afin de dépister ces migraineux ‘inconscients’ en leur proposant un questionnaire susceptible de leur faire recouvrer la ‘raison’ !

Ne doutons pas que de nouvelles idées mercatiques surgiront pour capter cette majorité de migraineux discrets et résilients. Souhaitons-leur de pouvoir échapper à ces « quinzaines de soldes ». Leur méconnaissance, leur inconscience, leur courage ou leur résignation leur éviteront la captivité de clientèle et le drame parfois irréversible des CCQ.

Bibliographie

Seuil du deuil

lundi 9 mai 2016

Pleurer la mort d’un proche est-il pathologique ?

Nul ne s’était jamais posé une aussi stupide question. Puis, lorsque la psychiatrie a fait son entrée à l’université, les médecins ont été incités à considérer qu’un deuil pouvait être un trouble dépressif s’il durait plus de deux ans.

La psychiatrie est une science clinique bien difficile à formaliser, les maladies sont presqu’aussi nombreuses que les individus et les multiples écoles ont eu des avis différents sur les noms à leur donner. Petit à petit, les marchands de psychotropes ont comblé ce vide en formatant des experts chargés de rédiger des manuels de psychiatrie plus consensuels et plus faciles à lire que les vieux charabias de la psychanalyse.

Même si le but véritable était de transformer la psychiatrie en une science pharmacologique, on ne peut pas reprocher à ces industriels d’avoir essayé de mettre de l’ordre là où les médecins et leurs universités avaient échoué à en mettre.

Les vieux routards de la psychiatrie ont d’abord violemment protesté contre la « chimiatrie » dominante, puis ils ont fini par admettre certains de ses succès.

L’histoire aurait pu se stabiliser dans un subtil équilibre entre les « anciens » et les « modernes », entre le tout analytique et le tout synaptique, entre le tout comportemental et le tout chimique. Mais le marché ne sait pas se fixer de limites, surtout dans le domaine de la santé, et tout particulièrement dans celui de la psychiatrie où il est devenu le principal organisateur du savoir.

L’acception du deuil en constitue la plus caricaturale démonstration. Dans la version III du manuel de référence en psychiatrie (DSM III), la durée au-delà de laquelle il fallait considérer le deuil comme un trouble dépressif avait été rabaissée à un an. Dans la version IV, cette durée était de deux mois. Et enfin dans la version V, il est écrit que le deuil est un trouble dépressif s’il dure plus de deux semaines.

La souffrance d’un deuil est parfois si intense que les proches, souvent dépourvus, conseillent d’aller consulter un médecin, surtout depuis l’intense promotion de l’action médicale dans la dépression.

Si ce médecin est assez réaliste et rebelle pour éviter la prescription d’un antidépresseur, sachant que ce médicament provoquera une dépendance souvent irréversible, il pourra simplement suggérer aux proches du défunt de pleurer le temps qu’il faudra. Et, s’il a quelque peu d’empathie, il pourra pleurer avec eux, comme le font les amis, puisque le médecin est désormais chargé de gérer l’ingérable.

Bibliographie

Cas clinique de la France

lundi 25 avril 2016

Le diagnostic d’un patient résulte souvent du « flair clinique » basé sur l’expérience du clinicien, mais il convient de l’étayer par des arguments paracliniques (analyses et images). Cette méthode est théoriquement applicable au diagnostic d’un pays. Dire que la France est dépressive est un sentiment viscéral que le clinicien doit étayer. Ce sont alors des indicateurs sociaux, politiques et économiques qui serviront d’éléments paracliniques.

Le nombre de touristes indique l’attractivité, mais n’est pas un indicateur du registre psychiatrique qui nous intéresse ici. Les records de consommation de pesticides et d’antibiotiques sont plus pertinents, car ils orientent vers une phobie des microorganismes.

L’indicateur le plus pertinent est le record de consommation de psychotropes, en particulier benzodiazépines (tranquillisants) et antidépresseurs.

Le ratio, supérieur à la moyenne, de djihadiste et consommateurs de cannabis parmi les adolescents et jeunes adultes peut servir d’indicateur d’instabilité psychique.

La France est sur le podium pour le chômage, facteur de risque de nombreuses pathologies, dont la dépression. Le record du nombre d’animaux domestiques par habitant pourrait argumenter un désordre affectif.

La France détient également des records pour le nombre de jours de congé-maladie, mais la fréquence de ces maladies itératives n’a manifestement pas d’impact sur l’espérance moyenne de vie à la naissance. Ce qui suggère une prépondérance du registre psychosomatique sans répercussion organique notable. Réjouissons-nous cependant, d’avoir été dépassés par d’autres pays, pour cet indicateur. Nous avons aussi quitté le podium de la morbidité par accident de travail.

Notre record du plus faible nombre d’heures de travail annuel est un symptôme d’interprétation clinique délicate, car il peut être soit le facteur de notre bonne santé, soit le signe d’une fatigue chronique. La deuxième interprétation doit être privilégiée en raison de la bonne santé des travailleurs indépendants, non concernés par cet indicateur.

Ces arguments paracliniques confirment le diagnostic de dépression. La psychanalyse, dont notre pays est le dernier bastion, pointe toujours la responsabilité de la mère. Marianne serait donc coupable de tout. La psychiatrie moderne, plus pertinente et moins misogyne, essaierait de déterminer le type de notre dépression nationale. Est-elle réactionnelle, donc passagère, unipolaire, donc continue, bipolaire, donc cyclique ? Plusieurs nouveaux indicateurs orientent vers la maladie bipolaire où alternent des phases maniaques et des phases dépressives.

La France est sur le podium du nombre de jours de grève, symptôme de désinhibition sociale et elle possède le record absolu du nombre de partis politiques, symptôme d’histrionisme. Deux symptômes du registre maniaque, au même titre que les révolutions, manifestations et contestations dont nous avons la primeur historique.

Maladie bipolaire à valider au prochain staff de cas cliniques.

Références

Truvada®, houlala !

lundi 11 janvier 2016

Le Truvada® est une association de deux antirétroviraux, déjà utilisée dans le traitement du SIDA, et qui vient d’obtenir une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) en France dans la prévention chez les sujets à risque (homosexuels masculins à rapports multiples, acteurs de films X, conjoints de séropositifs, prostituées acceptant des rapports non protégés, etc.)

Les opposants à cette ATU avancent que le risque de ces pratiques marginales ne doit pas être pris en charge par la solidarité nationale. Certes 500 € par mois paraissent excessifs pour une prévention aléatoire, mais il semblerait discriminant et contraire à notre belle solidarité nationale de ne pas l’accorder à ceux qui ont choisi ces pratiques, au seul prétexte qu’ils les ont choisies.

S’interroger sur la pertinence de cette ATU est risqué pour le médecin débatteur, car lorsque la mayonnaise médiatique a déjà pris, le politiquement incorrect devient encore plus effrayant que le SIDA. Mais ne portons pas le débat sur ce point.

L’étude ‘Ipergay’ à l’origine de cette décision comporte un biais grossier, souvent utilisé depuis quelques années par les laboratoires financeurs, consistant à interrompre l’étude avant son terme au prétexte que continuer à donner le placebo ne serait pas éthique en raison de bons résultats partiels. Éthique fallacieuse qui fonctionne bien auprès des ministères. Mais ce n’est pas non plus sur ce point qu’il faut porter le débat.

Ce médicament entraîne des résistances, comme tous les antirétroviraux, et sa généralisation aux « bien-portants » risque d’accélérer ces résistances. Mais ce n’est toujours pas de ce point dont il faut débattre. Ce médicament comporte aussi des risques non négligeables d’insuffisance rénale, mais là non plus n’est pas le sujet de notre propos.

Non le danger socio-sanitaire le plus prévisible est ailleurs, il se situe au cœur du défaut historique de la médecine, de son défaut le plus structurel, le plus permanent : l’extension des indications. Depuis la saignée qui a été mille fois trop pratiquée, jusqu’aux statines mille fois trop prescrites, en passant par les antibiotiques ou les antidépresseurs toujours cent fois trop, tous les médicaments mis sur le marché ont suivi le cours de l’extension immodérée des indications.

N’en doutons pas, le Truvada suivra cette inexorable dérive. Seule l’industrie pharmaceutique est capable de créer un marché de 20 € supplémentaire par coït, marché dont même les proxénètes et les industriels du préservatif n’auraient jamais osé rêver. Imaginons que seulement 0,1 % des coïts pratiqués dans notre pays soient ainsi pris en charge à 100% par la Sécurité Sociale ; que deviendrait alors le budget de notre belle solidarité nationale ? Il ne me vient à l’esprit que le mot avec lequel les humoristes étrangers caricaturent volontiers notre langue : houlala !

Bibliographie

Obscurantisme officiel ou alternatif

mercredi 18 novembre 2015

Jusqu’au début du XX° siècle, toutes les thérapies ont reposé sur l’empirisme et la subjectivité. Puis des médicaments comme l’insuline, les antibiotiques, l’héparine, et quelques autres, avec leurs supports théoriques parfaits et leurs preuves statistiques incontestables, ont permis de faire émerger une thérapeutique enfin académique. Créant ainsi une distinction durable entre la médecine dite « scientifique » et toutes les autres dites « alternatives » ou « parallèles », souvent associées au charlatanisme, à l’obscurantisme, voire à des dérives sectaires.

Mais si la « science biomédicale » a brillamment pénétré le domaine du diagnostic, elle a manifestement du mal à s’imposer dans le domaine du soin. Les cliniciens restent souvent perplexes devant l’écart entre les théories pharmacologiques et leurs résultats concrets ; particulièrement pour des pathologies dites « chroniques », des troubles fonctionnels, des cancers évolués, et  partout où les critères de jugement et les objectifs thérapeutiques sont difficiles à définir.

Il était plus facile hier de prouver l’efficacité de la pénicilline dans la syphilis que de prouver aujourd’hui l’action d’un hypocholestérolémiant, d’un antidépresseur ou d’une chimiothérapie sur la quantité/qualité de vie.

D’autant plus que  ces « nouvelles » pathologies n’ont parfois pas de réalité vécue par les patients eux-mêmes, ou qu’au contraire, leur réalité est tellement insupportable que les patients et leurs proches sont incapables de juger objectivement l’action médicale.

Il n’est pas besoin d’être expert en sciences humaines et sociales pour projeter ce que peut devenir un commerce où les critères de demande, de choix, et de satisfaction, reposent exclusivement sur la réflexion et les analyses du marchand.

Les experts attentifs évaluent à moins de 1%,  le pourcentage des publications médicales des plus prestigieuses revues dont la méthodologie est correcte et les résultats scientifiquement acceptables. Un tel laxisme dans l’industrie aéronautique ou la fabrication de chaussures provoquerait bien vite la grogne des consommateurs et la faillite.

Le commerce du soin diffère de tous les autres, les charlatans utilisent la suggestibilité des patients les plus influençables, les médecins ont l’affection des plus vulnérables, les obscurantistes ont la confiance des plus frustes. La science a réussi à mettre de l’ordre dans tout cela, mais seulement pour les maladies les plus « tangibles » et les morts les plus « précoces ».

Pour les maladies chroniques, telles que définies arbitrairement par la biomédecine, et pour la prévention hypothétique des dégénérescences liées à l’âge et à l’environnement, il semble préférable de ne faire confiance qu’à son hygiène de vie et à sa bonne nature.

Pour ceux qui, malgré tout, demandent un complément thérapeutique, le médecin a de plus en plus de mal à les conseiller entre l’obscurantisme officiel et les obscurantismes alternatifs.

Références

Les habits neufs de la délinquance

mercredi 11 novembre 2015

Franz Joseph Gall, fondateur de la phrénologie, prétendait établir les traits de caractère et les facultés mentales des hommes par la forme et les reliefs de leur crâne. Les yeux exorbités, certainement repoussés par un important volume cérébral, signaient une intelligence supérieure. La « bosse des maths », tout aussi illusoire, subsiste dans le langage courant, comme ultime témoin de ces extravagances. Ce neuroanatomiste réputé utilisait brillamment les parures de la science pour habiller ses idées.

Quelques décennies plus tard, il inspira Cesare Lombroso. Ce médecin légiste du XIX° siècle est resté célèbre pour avoir écrit plusieurs thèses sur la physiologie héréditaire de la délinquance et la morphologie des criminels. Il prétendait pouvoir identifier les criminels par l’examen clinique au moyen de divers signes et symptômes établis par lui-même, tels que les tatouages et l’épilepsie.

Les épileptiques n’en étaient pas à leur première stigmatisation, puisqu’après avoir été des suppôts de Satan, ils devenaient des criminels-nés.

Malgré l’habillage scientifique de ses propos, Lombroso ne faisait que relater les impressions générales et grégaires d’un populisme récurrent. On pensait à cette époque que la majorité des facultés et comportements s’expliquaient par des diathèses héréditaires liées à la race et à l’appartenance sociale : violence, alcoolisme, intelligence ou même syphilis !

Dans les années 1960, la découverte d’un chromosome Y supplémentaire (syndrome 47,XYY) a promu le chromosome de la criminalité. Puis avec ses parures encore plus flamboyantes, quoique microscopiques et moléculaires, la génétique a proposé plusieurs gènes de la criminalité, ou d’autres plus ou moins triviaux (comme l’on voudra), du romantisme, de l’autisme ou de l’homosexualité.

Les habits de la génétique, s’usant plus vite qu’on ne l’aurait supposé, la prédisposition à la délinquance a eu de nouvelles garde-robes, en endossant les larges toges de la psychiatrie. C’est alors l’hyperactivité infantile qui, malgré les grandes imprécisions de son diagnostic, est devenu la clé de la délinquance future. Un fameux rapport de l’INSERM proposait un dépistage de la délinquance dès l’âge de 3 ans !

Et voilà que la génétique revient avec les gènes MAOA et CDH13, nouveaux germes de la violence et probablement aussi les nouveaux habits du populisme grégaire.

Mais, il me vient une idée, due à la corrélation de toutes ces fascinantes découvertes phrénologiques, génétiques et psychiatriques avec une augmentation progressive des déviances, délinquances et terrorismes divers. Si cette « épidémie » de violence n’est pas qu’une fausse impression, elle devrait plutôt orienter les recherches vers une cause infectieuse, susceptible de mener à la découverte d’un vaccin qui nous débarrasserait définitivement de la criminalité.

Bibliographie

Maladies de riches

vendredi 2 octobre 2015

La loi du 19 ventôse de l’an XI (1803), relative à l’exercice de la médecine, créa deux catégories de médecins. Les médecins de ‘haut grade’ devaient avoir validé quatre années d’études dans une école reconnue, et les médecins de ‘bas grade’, également nommés ‘officiers de santé’, devaient avoir été formés quelques années sur le terrain.

Les premiers pouvaient exercer en tous lieux, alors que les seconds étaient cantonnés au lieu de leur formation, le plus souvent un village.

Le premier but était de limiter le charlatanisme et le ‘brigandage médical’, le second était de procurer une meilleure qualité de soins aux pauvres. Mais cette loi découlait aussi de la conviction académique que les élites et les citadins avaient des maladies plus ‘complexes’ que celles des pauvres et des campagnards.

Aujourd’hui, cette ‘dichotomie sanitaire’, moins officielle et moins visible, persiste sous des aspects parfois insolites. Certes, les conditions de travail, l’alcool et le tabac génèrent des pathologies socialement marquées. Les addictions des artistes diffèrent de celles des manœuvres. La chirurgie esthétique ne défigure qu’au-delà d’un certain revenu et en deçà de certains paramètres cognitifs.

Il existe aussi un gradient social des engagements pour la prévention et le dépistage, car les pauvres ont l’intime conviction que cela leur sera peu utile. Il existe en conséquence certaines pathologies plus spécifiques aux ‘nantis’.

Il y a quelques années, aux USA, les leucémies étaient plus fréquentes chez les enfants blancs que chez les afro-américains car leur mère ‘bénéficiait’ d’une radio de poumons en cours de grossesse.

Les cancers du sein dépistés (c’est-à-dire non cliniques) sont une maladie ‘de riche’. Les classes sociales supérieures, souvent ‘surdépistées’, subissent davantage le coût des surdiagnostics sous forme de perte d’années/qualité de vie.

Les ingénieurs sont plus souvent les victimes des statines et subissent d’avantage les dégâts de la chirurgie vasculaire, car la technicité de la cardiologie répond à leur fonctionnement cognitif.

Si le vieux dicton « l’argent ne fait pas le bonheur » est fort critiquable, il est au moins certain que l’argent ne protège pas contre les traitements antidépresseurs qui ont pour particularité d’aggraver les dépressions, de provoquer des addictions, d’aggraver les troubles bipolaires et de majorer le taux de suicide. Autant de pathologies dont l’origine iatrogène est plus souvent retrouvée chez les ‘nantis’.

Ces quelques exemples ne suffiront certes pas à  convaincre qu’il y a une justice, mais ils peuvent soulager quelques instants ceux qui pensent désespérément qu’il n’y en a pas…

Références

Toxicomanie sur ordonnance

mercredi 2 septembre 2015

Il faudra changer notre image du toxicomane, venant des quartiers défavorisés, peu diplômé, plutôt jeune, masculin, délinquant, volontiers ‘basané’ à l’intérieur comme à l’extérieur. Ce profil a évolué depuis que les marchands de santé ont fait une promotion intensive des morphiniques dans toutes les douleurs de l’adulte et de l’enfant. Leur méthode, longuement éprouvée, a consisté à pointer l’incurie des médecins, inaptes à déceler les souffrances de leurs patients, dépourvus d’empathie et incapables d’évaluer les progrès de la pharmacie…

Et comme toujours, les médecins ont courbé l’échine…

Cliniquement, les opiacés n’avaient que deux indications : les douleurs cancéreuses et la gestion de fin de vie. Mais par la grâce des mutuelles et des agences du médicament, la morphine est prescrite pour tous degrés et sortes de douleurs articulaires, viscérales et obstétricales. Ce n’est plus de l’empathie c’est de la communion festive !

Plus leur mère a reçu d’analgésiques et anesthésiques pendant l’accouchement, plus les enfants ont de risque de conduites addictives et autodestructrices à l’âge adulte. Et s’ils ont la malchance d’avoir un pédiatre influençable, ils seront des drogués soumis et définitifs.

Le toxicomane d’aujourd’hui n’est plus le même que celui d’hier, il est plus blanc, plus âgé, moins masculin et moins délinquant. Il est docile et fidèle à son médecin. Il est convaincu que sa morphine, inscrite sur ordonnance, fabriquée par des industriels et approuvée par des ministères ne peut pas être dangereuse, et surtout, qu’une morphine aussi ‘normative’ ne peut pas être comparée à la vulgaire héroïne des trottoirs.

La naïveté des patients et de leurs médecins a toujours été le meilleur carburant du marché sanitaire.

Devant l’ampleur de l’addiction, même les agences américaines (FDA) et européennes (EMA) du médicament, pourtant entièrement inféodés aux industriels du médicament,  ont tenté de limiter les prescriptions.  C’est évidemment trop tard, puisque, par nature et par définition, le commerce et l’addiction sont irréversibles. Leur syndrome de sevrage est insupportable financièrement et physiologiquement.

Aujourd’hui, cette addiction à col blanc franchit encore un palier, la prise de conscience de ce nouveau désastre conduit quelques médecins à limiter les ordonnances d’opiacés, encourageant certains drogués médicaux à hanter les trottoirs où l’héroïne devient plus accessible que sur les ordonnances.

La médecine et la pharmacie ne sont probablement pas les premières pourvoyeuses d’addictions, mais il est certain qu’elles en ont créé bien plus qu’elles en ont guéri.

Références

Coucou la socialité de la GPA

lundi 15 juin 2015

La biologie a classé et nommé les comportements sociaux caractéristiques des espèces.

Les solitaires ne se rencontrent que pour la reproduction et ne s’occupent pas des enfants. Les grégaires forment des communautés temporaires sans but de reproduction ou de soin aux juvéniles. Dans la subsocialité, comportement de loin le plus courant, les animaux s’occupent de leurs petits, et l’on parle de colonialité lorsqu’ils se regroupent pour cette tâche sans pour autant s’occuper des enfants des autres. La communalité est une colonialité où certaines tâches sont mises en commun, c’est le cas des otaries et des Homo Sapiens (même des non-communistes).

Enfin l’eusocialité est une forme de vie commune où la reproduction n’est confiée qu’à quelques individus, c’est le cas des abeilles, des fourmis, des rats-taupes et des loups. Dans cette forme élaborée de socialité, les géniteurs sont sélectionnés par le groupe, ou bien ils s’imposent eux-mêmes par leurs qualités de domination, cette sélection génotypique et phénotypique est favorable à l’espèce.

L’adoption est une forme d’eusocialité où des adultes inaptes à procréer participent aux soins de juvéniles issus de géniteurs plus aptes.

Homo sapiens est donc une espèce communale et eusociale, mais il vient de franchir une nouvelle étape comportementale, encore dépourvue de nom biologique, connue sous le terme de « gestation pour autrui ». Ce comportement n’est pas vraiment nouveau, il empreinte aux modèles du coucou qui fait couver ses œufs par d’autres, des parasites qui se reproduisent aux dépens d’un autre, voire des parasitoïdes qui finissent par tuer l’hôte qui les a portés. Mais dans tous ces cas, les hôtes gestants ne sont pas consentants.

Nous pourrions nommer cette nouvelle socialité « eusocialité parasite » puisque les gestantes ne font pas partie du groupe social des géniteurs, mais cette appellation serait malséante pour les deux parties. Nommons-là donc « eusocialité symbiotique », cela fera plaisir aux sociologues, aux progressistes, aux démagogues, aux conservateurs, aux paroissiens, aux transhumanistes, aux constitutionnalistes, aux médiateurs et à tous ceux qui n’ont pas d’avis précis sur les étiquettes.

Cette nouvelle socialité interpelle cependant le biologiste pour deux raisons majeures. La gestante n’est pas sélectionnée sur son phénotype dominant puisqu’elle est rémunérée pour cette servitude. Les géniteurs n’ont pas un génotype positivement sélectionnable puisque c’est précisément un déficit procréateur qui les amène à un tel choix.

Bref, toute cette machinerie sociale ne me dit rien qui vaille pour l’espèce. Restons cependant optimistes, car l’épigénétique et la complexité nous ont déjà protégés de bien pire !

Lifting et Viagra®

samedi 21 mars 2015

Le lifting, hors les effets attendus, modifie aussi les signaux de l’appariement : symétrie du visage, cernes du regard, profil, sourire, silhouette. Que l’intervention soit invisible – ce qui est rare – ou visible, le partenaire sexuel ne sera pas le même qu’avant.

Le plus souvent, le lifting est très discernable, il devient alors un signal sexuel secondaire en lui-même. Même si le résultat est catastrophique du point de vue esthétique, il remplit son rôle de signal : j’appartiens à la catégorie de ceux qui peuvent se l’offrir et qui souhaitent séduire.

Il est alors logique que le partenaire appartienne à la catégorie de ceux qui sont réceptifs à un tel signal. Il est cependant peu probable d’en trouver un plus jeune, car l’âge physique est souvent plus visible qu’avant, et s’y ajoute quelques soupçons de déficit de la cognition sociale et de la spontanéité qui en fait le charme.

Le partenaire sera donc plus vieux, et qu’il soit ou non lifté lui-même, il n’aura certainement pas les performances sexuelles d’un étalon. Peu importe rétorqueront certains, puisque dans l’appariement après un certain âge, le champ affectif  est prioritaire. Argument irrecevable, car s’il y avait lifting, il y avait désir de jeunesse et de ses performances.

Le partenaire devra donc être un adepte du Viagra® ou d’un placebo du e-commerce. Ces comprimés sont essentiellement utilisés par des hommes qui se sont appariés, ou le souhaitent, avec des femmes plus jeunes.

Le mathématicien en conclura que la stratégie d’accouplement basée sur le lifting est inadéquate et que la probabilité d’appariement entre une femme liftée et un homme lui-même rehaussé est très faible.

Pourquoi donc le sociologue rétorquera-t-il qu’au contraire, la probabilité est forte ? Répétons que le lifting est un signal sexuel secondaire à très forte composante sociale, et de nombreux utilisateurs de Viagra® se situent dans le même groupe socio-culturel.

Certes les victimes des pneumopathies du silicone et des délabrements définitifs du visage ne sont plus sur le marché de l’appariement, mais celles qui y ont échappé ont encore quelque chance avec des rescapés cardio-vasculaires du Viagra®. L’histoire ne dit jamais les éventuelles misères sexuelles et cognitives qui en résultent, et nul n’a envie de le savoir, mais l’appariement peut être socialement réussi.

C’est aussi cela le communautarisme.

http://lucperino.com/358/lifting-et-viagra.html