Archive pour décembre 2024

Reproduction et migrations

jeudi 19 décembre 2024

Les sciences de l’évolution démontrent que les espèces n’ont jamais cessé d’adapter leurs traits et leurs comportements à l’environnement. La reproduction étant le processus fondamental de la vie, la stratégie reproductrice est le trait comportemental qui présente logiquement la plus forte dépendance à l’environnement.

Un compromis entre vieillissement individuel et reproduction de l’espèce a permis de modéliser deux stratégies opposées nommées « r » et « K » pour des raisons historiques.

La stratégie « r » (ou rapide) concerne des animaux de petite taille, à croissance rapide et maturité sexuelle précoce. Ils vivent en milieux hostiles ou instables avec une mortalité élevée et une faible espérance de vie. Ils ont une nombreuse progéniture sur laquelle ils pratiquent peu de soins parentaux. Leurs populations sont fluctuantes avec peu de compétition sexuelle et guère de compétition pour les ressources mêmes si elles sont faibles. 

La stratégie « K » (ou lente) est diamétralement opposée et correspond à un habitat stable ou bien maîtrisé. Les individus de grande taille ont une croissance plus lente, nécessitant plus de soins parentaux. Leur maturité sexuelle est tardive et ils ont moins de progéniture. Les populations sont stables avec une forte compétition pour le sexe et pour les ressources.

Les poissons et insectes ont une stratégie « r », alors que les primates sont des adeptes de la stratégie « K », Homo sapiens en étant un extrémiste.  

Ce modèle théorique est modulé par le fait que toute espèce peut adopter une stratégie mixte ou la faire varier. Ces variations peuvent être rapides contrairement à l’idée reçue d’une évolution toujours lente. Les processus épigénétiques et culturels sont désormais connus comme les deux principaux accélérateurs de l’évolution.

Dans notre espèce, les adaptations culturelles viennent confirmer ce modèle biologique. Les classes sociales défavorisées et les pays pauvres tendent vers une stratégie « r », et inversement, les classes et pays nantis ont poussé la stratégie K jusqu’au risque du dépeuplement.

La culture de chaque pays module sa natalité. Poutine encourage la procréation pour fournir de la chair à canon à ses guerres. En attendant il en importe depuis la Corée du Nord. Les Chinois, après l’enfant unique, reviennent à une politique nataliste, car leur guerre économique nécessite des bras qui commencent à manquer. Ce pays risque fort de devenir vieux avant de devenir riche.  

Quant aux pays occidentaux, l’abondance de leurs ressources et leur universalisme béat leur ont fait croire qu’ils pouvaient sans risque externaliser leurs guerres et leurs usines dans des pays « r ». Ils n’avaient pourtant cessé leurs propres guerres et fermé leurs usines que depuis très peu de temps, même au rythme rapide de l’évolution culturelle.

Nul ne peut être devin face aux aléas constitutifs de l’évolution, nous pouvons cependant être certain que les migrations ne sont pas près de ralentir, avec ou sans le docteur Folamour.

Références

Guerres des drogues

vendredi 6 décembre 2024

En 1839, la guerre de l’opium a illustré la diversité des armes que peut utiliser un pays pour en affaiblir un autre. Les Anglais avaient alors utilisé la corruption, arme redoutable, pour troquer le thé contre de l’opium, autre arme redoutable, qui affaiblissait les soldats et les fonctionnaires chinois.

L’alcool et les drogues ont servi à toutes les colonisations. Le rhum avait déjà été utilisé comme monnaie dans la traite négrière. L’eau de feu avait asservi les Indiens d’Amérique. L’Afrique et l’Océanie avaient reçu maints alcools modérateurs de rébellion. La corruption n’étant que l’huile de ces rouages

La consommation rituelle de drogues est un invariant culturel, ainsi que les anthropologues nomment un comportement qui a toujours existé dans toutes les sociétés et cultures. Ces rites sont faciles à dévoyer en récréations et addictions. Les conquérants n’ont pas eu de difficultés à anticiper le mal que feraient ces divers alcools sur leurs ennemis, après en avoir constaté les effets sur leurs propres soldats. Les marchands ont mesuré l’opportunité commerciale des addictions. Enfin, nul n’étant plus corruptible qu’un drogué en manque, il n’était pas besoin d’être un stratège de génie pour conquérir des continents.

De nos jours, les drogues se sont largement diversifiées et alimentent de très lucratifs commerces licites ou illicites. L’utilisation rituelle a cédé devant l’utilisation récréative et les impératifs neurophysiologiques de l’addiction. Les marchands actuels ont encore plus de cynisme que les guerriers de l’opium. L’alcool se décline de mille façons pour attirer les plus jeunes. Les tranquillisants qui annulent la volonté et les réflexes sont prescrits par les médecins. Le cannabis est proposé aux femmes enceintes au prétexte de calmer leurs nausées, mais surtout pour capter définitivement la clientèle de leurs embryons. Les opioïdes de synthèse sont remboursés, car la douleur a changé de statut pour devenir une cause nationale.

Le plus connu de ces opioïdes est le Fentanyl que la Chine vend à la tonne aux Etats-Unis où il est devenu la première cause de baisse de l’espérance de vie. Belle vengeance pour les Chinois humiliés par le traité de Nankin qui les avait obligés à céder Hong-Kong et à ouvrir leurs ports aux navires britanniques chargés d’opium. 

En 1839, pour se défendre, l’empereur chinois avait fait brûler vingt-mille caisses d’opium. Les Américains ne brûleront pas de caisses de Fentanyl, car ils sont dépendants à la fois de la drogue et du profit. La solution pourrait venir des Chinois qui, voyant se décimer trop rapidement leur clientèle pour d’autres exportations, limiteraient celle du fentanyl. L’équilibre sera toutefois difficile à trouver, car ils doivent préserver tous leurs marchés.

La consommation de drogues n’était jusqu’alors que l’une de nos multiples dérives anthropologiques ; avec la domination du commerce, médical ou autre, elle est devenue une menace vitale sur notre espèce.

Aléas de l’évolution…

Référence