Archive pour la catégorie ‘Médecine’

Pailles de la prévention

jeudi 12 mars 2015

Les jours de grande pollution, de nombreux messages officiels recommandent de garder les jeunes enfants à la maison. Leur système respiratoire, encore immature, est plus sensible aux effets de la pollution atmosphérique. Il est également recommandé aux joggeurs d’éviter de pratiquer leur sport favori dans les villes. Si des enfants doivent absolument aller à l’école, il est recommandé de les y conduire… en voiture… de préférence.

Aux ébahis qui se demandent pourquoi, on n’interdit pas aux véhicules de rouler en suggérant aux parents d’accompagner leurs enfants à pied à l’école, il n’y a qu’une réponse sensée à apporter. L’automobile est doublement indispensable au bon fonctionnement de l’économie : par l’industrie qui les fabrique et pour tous les travailleurs qui l’utilisent quotidiennement. Et nous devons reconnaître, au grand dam de nos convictions écolo-sanitaires, qu’une bonne économie est indispensable à notre bonne santé.

Cependant, si les parents ont l’habitude de fumer à la maison, il est préférable de sortir les enfants dans la rue, car une maison enfumée est plus toxique pour les jeunes enfants qu’une ville un jour de grande pollution. La rue est d’ailleurs le seul endroit où ils ont désormais le droit de fumer en dehors de leur maison !

Aux naïfs et aux censeurs qui se demandent pourquoi on n’arrive pas à faire diminuer plus vite le tabagisme et ses misères collatérales, il y a plusieurs réponses sensées à apporter. Une démocratie digne de ce nom ne peut réduire trop drastiquement les libertés individuelles. Les buralistes ont de bons syndicats qui défendent le commerce de proximité et les emplois qu’il crée. Les cigarettiers ont de bons lobbys qui défendent le PIB, les emplois et les taxes qu’ils créent. Et nous devons reconnaître, au grand dam de notre pédiatrie militante que le PIB, les taxes et les commerces de proximité sont bons pour notre santé, donc pour celle de nos enfants, si dépendante de la nôtre.

Lors des grandes manifestations mystiques, il est recommandé de ne pas laisser les enfants à la portée des religieux qui risquent d’abuser de leur influence sacrée.

Aux athées et anticléricaux qui se demandent comment empêcher la pédophilie et la fanatisation, il serait misérable de sous-entendre que les conservatismes religieux et politiques favorisent un certain aveuglement sur nos différents clergés.

Les jours de grand carnage par arme à feux dans les écoles américaines, il est recommandé de ne pas envoyer les enfants à l’école.

Aux éberlués qui se demandent comment empêcher de telles horreurs, il est recommandé de se reporter aux paragraphes précédents. En rassemblant toutes les pailles de nos yeux on devrait bien finir par trouver une foutue explication à la poutre des autres.

Indications du viol

vendredi 20 février 2015

Lorsque les historiens de demain jugeront la médecine d’aujourd’hui, ils relèveront le phénomène de « l’extension des indications » comme le plus marquant de la sociologie sanitaire des XX° et XXI° siècles. Et si l’épistémologie du soin était un jour enfin introduite dans l’enseignement des facultés de médecine, son objet principal serait certainement l’étude des ajustements entre risque de surmédicalisation et risque de négligence.

L’extension des indications a concerné et concerne encore tous les secteurs du soin. L’hypertension est traitée dix fois trop souvent après 40 ans et cent fois trop souvent après 70 ans. L’appendicectomie a été réalisée cent fois trop souvent à tort jusqu’aux années 1980. La quasi-totalité des amygdalectomies, adénoïdectomies, hystérectomies ont été abusives et inutiles. Les antidépresseurs et benzodiazépines sont mille fois trop prescrits. Les césariennes trois fois trop fréquentes, les déclenchements d’accouchement trente fois trop. Plus de la moitié des dépistages, bilans et imageries diverses conduisent à des diagnostics abusifs. Les antibiotiques sont dix fois trop prescrits. La crainte de la rarissime dyspnée laryngée provoque le traitement corticoïde de 50% des toux de nourrissons fébriles. Les anti-inflammatoires et antalgiques morphiniques sont cent fois trop prescrits. J’arrête là cette liste où j’ai volontairement minimisé les chiffres pour ne pas risquer une trop forte marginalisation.

La seule défense acceptable d’un médecin contre cette diatribe, serait celle du principe de précaution. Défense bien légère qu’un habile avocat retournerait contre lui pour dévoiler son incompétence clinique.

Récemment, suite à la proposition aberrante et heureusement vite oubliée d’apprendre aux étudiants l’examen gynécologique sur des patientes anesthésiées, certains sont allé jusqu’à évoquer l’accusation de viol.

J’ai la naïveté pour supposer et l’expérience pour savoir que les examens gynécologiques sur patiente anesthésiée sont pratiqués pour des raisons cliniques, et ont toujours lieu devant les membres de l’équipe chirurgicale qui entoure ces patientes.

Les juges, interpellés sur cette question du « viol symbolique », ont eu la sagesse de répondre qu’ils ignoraient ce qu’était un viol symbolique, mais par contre qu’ils avaient la définition pénale du viol : « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ».

Si le  majeur et l’index sont une « quelque nature » et si l’anesthésie est une « surprise », je n’ose pas penser ce qui se passerait si les juges se mettaient à pratiquer l’extension des indications judiciaires avec la même frénésie que les médecins pratiquent l’extension des indications médicales !

Revenir à la preuve clinique des médicaments

mardi 10 février 2015

Jusqu’aux années 1920, tous les médicaments efficaces étaient hérités de l’empirisme de générations de soignants. Les effets de la quinine sur les fièvres, de l’argile et du charbon sur les diarrhées ou de la belladone sur les douleurs abdominales étaient admis par tous les médecins.

Le premier médicament résultant de la connaissance physiopathologique d’une maladie fut l’insuline en 1921. Puis jusqu’aux années 1960, cette connaissance a produit les vitamines, les hormones, les antibiotiques et bien d’autres, avec un excellent niveau de preuve à court terme.

L’intérêt croissant pour des pathologies cardio-vasculaires, psychiatriques, métaboliques, neurodégénératives ou tumorales a changé la temporalité de la preuve. Il fallait désormais prouver l’action à long terme, par exemple, d’un anticoagulant sur le risque d’accident vasculaire. D’où la nécessité d’utiliser les statistiques pour passer d’une preuve individuelle, désormais impossible, à une preuve populationnelle. Ce qui nécessita des essais cliniques longs et coûteux avec de gros risques de biais et de falsifications.

Puis la compréhension des maladies progressant jusqu’au niveau moléculaire, on essaya de synthétiser des médicaments à partir de ces savoirs précis. Les premiers issus directement de l’analyse moléculaire furent les bétabloquants dans les années 1970. Mais cela ne suffisait pas à connaître leur action clinique. Ces médicaments destinés initialement à l’angor furent d’abord contre-indiqués dans l’hypertension et l’insuffisance cardiaque avant d’être indiqués dans les deux, suite aux preuves statistiques.

L’empirisme avait disparu pour laisser sa place à deux niveaux de preuve, le niveau théorique et le niveau statistique.

Aujourd’hui, la complexité de l’analyse moléculaire dans des domaines comme la psychiatrie ou la cancérologie empêchent toute forme de réductionnisme. Un médicament peut avoir une base théorique brillante et être dépourvu de tout effet clinique.

D’extraordinaires découvertes moléculaires dans le développement des tumeurs donnent lieu à des autorisations de mise sur le marché de médicaments offrant des survies nulles ou dérisoires, de l’ordre de quelques semaines.

Nous comprenons que les patients et leur famille puissent croire à ces espoirs enrobés de théories qui les submergent, mais comment les agences du médicament peuvent-elles à ce point, oublier la preuve clinique ?

Si le prix de tels médicaments était basé sur leur succès clinique, il serait tout aussi dérisoire. Il est hélas basé sur leur enrobage théorique et commence à amputer sérieusement le budget de la solidarité nationale.

Doit-on oublier la preuve clinique pour encourager la recherche fondamentale ?

Duper les patients d’aujourd’hui pour mieux soigner ceux de demain pourrait être acceptable si ces derniers peuvent encore accéder aux soins.

Allergies alimentaires : encore un problème de surmédicalisation

mercredi 4 février 2015

Depuis une à deux décennies, le problème majeur du soin dans nos pays est celui de la surmédicalisation : surdiagnostic et sur-traitement.

Ce problème ne fait jamais la une des médias, car la plupart des articles et sites médicaux destinés au grand public ressassent inversement que les maladies sont sous-diagnostiquées.

Les médecins, qui jusqu’à maintenant ne s’alarmaient pas trop de cette surmédicalisation, commencent à s’organiser en association pour réfléchir à ce thème et ils l’abordent dans leurs sociétés savantes.

On peut comprendre qu’ils aient tardé à réagir, car ce n’est pas à eux de scier leur propre branche, mais à ceux qui financent cette gabegie médicale.

Oui, l’hypertension, la dépression, l’hypercholestérolémie sont toutes largement sur-traitées. Oui, les cancers sont plus souvent sur-diagnostiqués que sous-diagnostiqués.

Il y a pourtant des cas où il est facile de savoir si une maladie existe ou pas, c’est lorsqu’elle est exclusivement clinique, c’est-à-dire lorsque les symptômes sont évidents et le diagnostic relativement facile. Il suffit alors de reprendre l’histoire clinique et le dossier du patient, et de  revérifier si le diagnostic appliqué pour la vie est toujours exact.

C’est ce qu’on fait des médecins pour 800 enfants suspectés d’allergie alimentaire. Seuls 35% d’entre eux, soit 280 avaient eu une histoire clinique méritant d’effectuer un test (IgE spécifiques). Pour la moitié de ceux-là, le test positif avait entraîné la prescription d’un un régime d’exclusion, bien que ces test soient connus pour les très nombreux faux positifs. Rappelons que ces régimes sont anxiogènes et qu’ils altèrent la qualité de vie de toute la famille.

Parmi ceux qui suivaient un régime, le diagnostic a été contesté dans la moitié des cas.

Pour 90% des enfants, l’aliment suspect a été réintroduit sans problème !

La valeur prédictive positive des tests a été évaluée à seulement 2,2% !

Le test de provocation orale, qui est le test diagnostique le plus simple et le plus précis, n’a été positif que dans 6% des cas !

Assurément, que ce soit en cancérologie, en cardiologie, en endocrinologie, en psychiatrie et désormais en allergologie, le problème actuel de la santé dans nos pays n’est pas celui du sous-diagnostic, mais bien celui du surdiagnostic.

Est-ce que parce que les médecins voient leur branche se casser qu’ils commencent à s’intéresser à la surmédicalisation ou parce qu’ils craignent que les dépenses pour les bien-portants finissent par amputer le budget pour les vrais malades ? Sans doute un peu les deux, dans l’ordre que l’on estimera adéquat pour chacun d’entre eux.

Rérérences

Variabilité des critères du dépistage

jeudi 22 janvier 2015

En 1968, l’OMS établissait la liste des critères du dépistage des maladies, pour tenter d’empêcher les dérives.

1. Il faut que la maladie dont on recherche les cas constitue une menace grave pour la santé publique.

2. Il faut qu’un traitement d’efficacité démontrée puisse être administré aux sujets chez lesquels la maladie a été décelée.

3. Il faut disposer des moyens appropriés de diagnostic et de traitement.

4. Il faut que la maladie soit décelable pendant une phase de latence ou au début de la phase clinique.

5. Il faut qu’il existe une épreuve ou un examen de dépistage efficace.

6. Il faut que l’épreuve utilisée soit acceptable pour la population.

7. Il faut bien connaître l’histoire naturelle de la maladie, notamment son évolution de la phase de latence à la phase symptomatique.

8. Il faut que le choix des sujets qui recevront un traitement soit opéré selon des critères préétablis.

9. Il faut que le coût de la recherche des cas (y compris les frais de diagnostic et de traitement des sujets reconnus malades) ne soit pas disproportionné par rapport au coût global des soins médicaux.

10. Il faut assurer la continuité d’action dans la recherche des cas et non la considérer comme une opération exécutée « une fois pour toutes ».

L’application stricte de ces dix critères devait logiquement aboutir à la suppression de tout dépistage.

Après plusieurs amendements, les critères ont été édulcorés et l’imprécision de chaque critère ouvre désormais la porte à tous les dépistages. Mais l’ensemble du texte a une très belle allure.

Voici donc la nouvelle liste :

1. Il faut que le programme de dépistage réponde à un besoin reconnu.

2. Il faut que les objectifs du dépistage soient définis dès le début.

3. Il faut définir une population cible.

4. Il faut que des preuves scientifiques reconnaissent l’efficacité du programme de dépistage.

5. Il faut que le programme comprenne la sensibilisation, les tests, les services cliniques et la gestion du programme.

6. Il faut qu’il y ait des mesures d’assurance de la qualité, y compris des mécanismes pour réduire les risques potentiels du dépistage.

7. Il faut que le programme garantisse un choix éclairé, la confidentialité et le respect de l’autonomie.

8. Il faut que le programme encourage l’équité et favorise l’accès au dépistage pour l’ensemble de la population cible.

9. Il faut que l’évaluation du programme soit prévue dès le début.

10. Il faut que les avantages globaux du dépistage l’emportent sur le tort qu’il peut causer.

Comme c’est simple : lorsqu’un texte ne correspond pas à la politique désirée, on le remplace par un autre mieux à même de la justifier.

Référence

Histoire simple des médicaments anti-obésité

mardi 6 janvier 2015

Le Mysimba® vient d’obtenir son autorisation de mise sur le marché en Europe. Ce médicament contient un anti-opiacé, le naltrexone et un antidépresseur amphétaminique, le bupropion, deux molécules toxiques utilisées dans diverses cures de sevrage avec de bien maigres résultats.

L’obésité est l’unique indication de ce nouveau médicament, avec les mises en garde d’usage, toutes politiquement correctes.

L’histoire des médicaments anti-obésité est d’une extraordinaire simplicité. Aucun n’a jamais eu le moindre effet thérapeutique, l’épidémie d’obésité n’a fait qu’empirer depuis la première tentative de régler ce problème sanitaire par la pharmacologie. Toutes les molécules ont été retirées du marché en raison de leur toxicité, même lorsque la pharmacovigilance était quasi inexistante. Les petites améliorations de la pharmacovigilance ont permis de raccourcir le délai entre commercialisation et interdiction, passant d’une vingtaine d’années, pour les premiers, à moins de cinq ans, pour les derniers.

Pléthoryl®, Isoméride® et Pondéral®, trois amphétamines (comme le bupropion de Mysimba®) ont été retirées du marché entre 1988 et 1997. Triacana®, à base d’extraits thyroïdiens a été interdit en 2004, le rimonabant (Acomplia®) en 2008, la sibutramine (Sibutral®) et le Médiator®, dernière amphétamine célébrissime, en 2010. L’orlistat (Alli®) a été retiré par son fabricant, tandis que la forme Xenical® est en cours d’abandon en raison d’un rapport bénéfice/risque négatif.

Pour tous ces médicaments, sans exception, les mises en garde, indications et précautions d’usage n’ont jamais été respectées, multipliant le nombre d’accidents et aggravant la négativité de la balance bénéfices/risques.

L’enseignement à tirer d’une telle saga est sans équivoque : aucun comprimé ne peut régler le problème de l’obésité dont les causes environnementales sont d’une extrême complexité.

Les ministères de la santé n’ont pas su tirer cet enseignement qu’aucune étude ne pourra jamais contredire. Il ne fait aucun doute que ce nouveau produit sera retiré du marché après avoir apporté plus de désagréments que de bénéfices.

Alors pourquoi  une telle autorisation ?

La réponse est encore plus simple. Parce que le nombre de clients potentiels dans le monde est évalué entre un et deux milliards. Même avec seulement cinq ans d’autorisation de vente, le bénéfice escompté permet un lobbying capable de flouter tous les conflits d’intérêts.

Les ministères de la santé n’ont pas pour vocation de protéger les obèses, enfants fragiles de notre misérable abondance.

Empiler le marché pharmaceutique sur le marché agro-alimentaire pourrait être une excuse acceptable si la richesse induite diminuait la misère de cette fragile et captive clientèle, mais là aussi, hélas, le marché pharmaceutique et les ministères de la santé ont échoué.

Références

Inné ou acquis ?

mardi 9 décembre 2014

Les caractères individuels ont toujours alimenté de vigoureux débats sur les parts respectives de l’inné et de l’acquis. Les attributs physiques étant plutôt considérés comme hérités et les caractéristiques mentales plus dépendantes de l’environnement. Avant les règnes de la microbiologie, de la psychanalyse et de la génétique, on avait l’asthme de sa grand-mère, la goutte de son grand-père, l’alcoolisme de son père et la mélancolie de sa mère. Etrangement, on héritait aussi de la tuberculose ou de la syphilis de ses ancêtres !

Pasteur, le premier, a réussi à disculper les parents des infections de leurs descendants.

Avec Freud, l’hérédité et les microbes ont reperdu le terrain qu’ils avaient gagné. Il n’y eut plus le moindre symptôme qui puisse échapper aux fautes parentales, surtout maternelles. Pauvre mère désemparée, voyant ses enfants « pansexuels » succomber sous les fantasmes du psychanalyste.

Puis la génétique a soufflé toutes ces fadaises avec sa double hélice d’ADN. Les maladies monogéniques ont été identifiées en quelques décennies, et comme elles étaient rares, on a recherché les prédispositions génétiques à toutes les pathologies et perversions. L’industrie s’est emparée des gènes avec la voracité d’une puissance coloniale, avec l’espoir de breveter les gènes de l’autisme, du tabagisme, du cancer ou du crime, et de vendre les thérapies géniques correspondantes.  La déception a été à la hauteur des espérances.

Avec la montée en puissance de l’épigénétique, les environnementalistes reprennent le dessus. Les comportements des parents redeviennent la cause des maux. L’obésité n’a plus de gènes, elle a désormais des « épigènes » fabriqués par des parents gloutons qui le transmettent à plusieurs générations. Les obèses ne sont plus coupables de leurs excès, mais de ceux de leurs aïeuls.

Revanche des psychanalystes, les mères sont redevenues coupables, lorsqu’elles sont stressées avant ou pendant la grossesse, elles transmettent un épigénome de stress à leurs descendants, et majorent leur risque de névroses et psychoses. Mais le stress n’est-il pas environnemental ?

On découvre enfin qu’un même gène s’exprime différemment lorsque l’environnement change : un gène avantageux dans tel contexte devient délétère dans un autre. Le « gène économe » est celui qui permettait aux humains de supporter les famines en développant l’insulinorésistance, puis avec l’invasion des sucres rapides, ce gène fait des ravages en provoquant le diabète de type 2, l’obésité, la myopie et tant d’autres misères visibles sur les bancs de nos écoles.

On nomme « plasticité phénotypique », cette faculté des organismes à modifier l’expression de l’hérédité et les influences de l’environnement. Une sorte de souplesse adaptative.

Les caractères individuels dépendent désormais de trois facteurs : l’inné, l’acquis et la souplesse.

D’où l’intérêt de faire de l’exercice.

Références

Les médecins pourront signer d’une croix

lundi 10 novembre 2014

Le ministère de la santé anglais vient d’émettre le projet de verser 55 Livres (70 €) aux médecins à chaque nouveau diagnostic d’Alzheimer ou de démence quelconque. L’idée sous-jacente étant qu’il y aurait au moins 800 000 patients non diagnostiqués.

Payer les médecins pour faire des diagnostics est une idée assez originale… Mon garagiste en a été surpris, lui qui ne s’est jamais véritablement demandé pourquoi on le payait.

J’avais envie de me moquer des anglais pour sacrifier à la tradition, mais je constate que les médecins anglais ont réagi très violemment à ce projet, comme l’auraient sans doute fait mes confrères français. Mais qu’ont-ils donc ces médecins qui refusent de l’argent facile ?

Le raisonnement que je vous propose ici, ne peut valoir que ce que vaut celui d’un médecin incompétent à faire des diagnostics…

Mes confrères incapables laissent donc 800 000 déments courir en liberté et sans soins. J’en profite pour dire ici que si j’avais un jour une démence, je choisirai certainement une démence sans diagnostic, qui me paraît, a priori, être plus sympathique.

Non les médecins ne sont pas des imbéciles, rétorquent de grands spécialistes, garantis sans conflit d’intérêts, mais le diagnostic de pré-démence est très difficile à faire. Ils ont raison, ce diagnostic est aussi difficile à faire que celui de pré-schizophrénie, de pré-hypertension, de pré-asthme ou de pré-diarrhée…

Puisque les médecins ne sont pas des imbéciles et que la pré-démence est impossible à diagnostiquer, voyons ce que l’on peut faire… A ce stade du raisonnement, y a-t-il déjà quelqu’un qui se demande quel  intérêt a le ministère à créer une épidémie de démence ? Peu importe, la solution est de compter sur la vénalité des médecins pour forcer cet impossible diagnostic.

Le ministère a pensé comme Pierre Desproges : ou bien les médecins sont imbéciles et vénaux et ça m’étonnerait quand même un peu, ou bien ils ne le sont pas et ça m’étonnerait quand même beaucoup.

Peut-être que les médecins, dans un ultime élan de lucidité se rendent compte que 70 €, même multiplié par cent ou deux-cents diagnostics incertains, ne pourront jamais suffire à assurer leur formation à une bonne connaissance de la pré-démence ?

Devant de telles propositions, ils n’ont que deux solutions honorables, soit ils exigent au moins dix mille euros par diagnostic, soit ils acceptent leur incapacité définitive à faire un tel diagnostic.

La logique dictant aussi de reconnaître qu’ils peuvent aussi être eux-mêmes atteints d’une pré-démence méconnue et risquer de se tromper. Mais dans ce cas, ceux qui ont soufflé cette idée au ministère penseront qu’une incapacité cognitive des médecins serait sans importance, car ils pourraient facilement accepter quelques euros pour signer d’une croix en bas d’une feuille de diagnostic préétabli.

Références

Marchons, marchons, qu’un sang…

mardi 28 octobre 2014

Nous savons depuis longtemps que la marche modérée et régulière diminue le risque de maladie cardio-vasculaires, d’obésité et de troubles métaboliques (sucre, cholestérol). Les publications sur les bienfaits de la marche sont peu sponsorisées et peu valorisantes pour leurs auteurs, il en existe cependant des centaines dont les méta-analyses apportent le niveau de preuve le plus élevé qui soit.

Pour bien évaluer les bénéfices de la marche, il faut la comparer avec des médicaments tels que les statines qui sont les plus utilisées dans le monde. Chez les hypertendus, les statines diminuent les maladies cardio-vasculaires de 20% et la mortalité de 12%, ces chiffres passent à 50% et 30% avec seulement deux fois trente minutes de marche par semaine. Soit un bénéfice deux fois et demi supérieur à celui du meilleur médicament.

Aucun médicament ne diminue le risque d’apparition d’un diabète de type 2, alors que 40 minutes de marche par jour diminuent ce risque de 27%. Si le diabète est installé, la marche reste 3 à 10 fois supérieure à tous les médicaments !

Les bienfaits de la marche s’observent aussi dans des pathologies où l’on ne s’y attendait pas, avec le même niveau de preuve que pour les maladies cardio-vasculaires et métaboliques.

Pour la maladie d’Alzheimer où aucun médicament ne possède la moindre action, la marche quotidienne  diminue le risque de 70%. Trois périodes de marche hebdomadaire pendant 6 ans diminuent le risque de 40%. Après 65 ans, la marche régulière diminue encore le risque de 50%. Enfin, chez les sujets prédisposés (porteurs du gène APO ε4), la marche diminue les dépôts amyloïdes sur leur cortex.

Pour l’ostéoporose, 18 mois de marche régulière augmentent la densité osseuse de 77% et diminuent le risque d’autant. Chez les personnes âgées, la marche régulière diminue le risque de chute de 37% et le risque de fractures de 61%.

Chez les insuffisants cardiaques auxquels on conseille parfois de ne pas trop marcher tant ils sont essoufflés, la marche diminue leur mortalité de 40%.

Les résultats sont tout aussi extraordinaires dans des domaines encore plus inattendus La marche diminue de 30% le risque d’insuffisance rénale. Neuf heures de marche par semaine réduisent de 45% le risque de développer une maladie de Crohn. Sept heures de marche par semaine réduisent de 50% la mortalité par cancer du sein et cancer du côlon. Deux heures de jogging par semaine diminuent de 30% le risque de psoriasis. Encore plus époustouflant, les fameux télomères dont la longueur est supposée indiquer la longévité, voient leur taille augmenter de 10% après cinq ans de cet exercice !

La seule explication possible, pour une telle concordance de résultats dans des domaines pathologiques aussi variés, est d’ordre évolutionniste : homo sapiens est fait pour marcher. Il est le seul primate dont le pied est exclusivement adapté à la marche, son génome n’est pas adapté à l’arrêt brutal de cette activité.

Références

Lorsque tropique

jeudi 16 octobre 2014

Le paludisme a disparu de Camargue et de Corse dans les années 1950. Aujourd’hui, les rares cas importés des pays tropicaux font l’objet d’une très grande vigilance de la part des professionnels de santé et des autorités sanitaires.

Faut-il craindre une réémergence du paludisme liée au réchauffement climatique ? Ceci n’est pas exclu, car les anophèles sont nombreux en France et plus de 400 espèces sont susceptibles de transmettre le plasmodium (parasite qui provoque le paludisme). Dans certains pays tropicaux comme la Colombie ou l’Ethiopie, le paludisme, qui était cantonné dans les chaudes vallées, se rencontre désormais dans les plus hautes altitudes.

En Corse du Sud, on vient de diagnostiquer un premier cas de bilharziose contractée localement. Cette maladie était jusqu’à présent limitée aux zones tropicales et subtropicales.

Aedes, le moustique du chikungunya a été capturé à Lyon et dans plusieurs villes de la moitié Sud de la France.

Les cas de leishmaniose humaine se multiplient dans le nord de l’Europe alors que ces maladies n’étaient connues qu’en Europe du Sud.

Il semble inutile de multiplier les exemples pour avoir la preuve d’une remontée en latitude et en altitude des vecteurs de diverses maladies infectieuses et tropicales.

Certains scientifiques et activistes passent allègrement leur temps à chercher des biais dans les études sur le réchauffement climatique et des poux dans la tête des experts du GIEC. Ces climato-sceptiques ne voudront probablement pas admettre le lien entre cette remontée des pathogènes et les récentes et rapides modifications du climat.

Par contre, les aedes, culex ou anophèles ne sont, eux, pas du tout climato-sceptiques. Mais ce n’est pas une raison pour croire ces moustiques, car ils n’ont pas de diplôme et aucun d’eux n’a jamais publié dans une revue internationale.

Références