Boisson fermentée et magique qui permettait de se rapprocher des dieux, l’alcool a été consommé de tout temps et dans toutes les cultures.
Les civilisations arabes ont été les premières à s’en méfier, puis à dénoncer son action malsaine sur la raison, pour finir par le proscrire définitivement. Cette prohibition a été suffisamment précoce dans l’Histoire pour se transformer en valeur culturelle et religieuse.
Dans le même temps, l’Occident en a magnifié les vertus jusqu’à le nommer parfois « eau de vie » ou l’introduire dans certains rites religieux. Pour finir par en fabriquer des quantités industrielles au moment de la révolution du même nom.
Très vite, on a évalué les ravages sociaux et sanitaires de cette consommation de masse, mais il était trop tard pour arrêter la machine commerciale. La tentative de prohibition aux Etats-Unis a été un cuisant échec.
La violence conjugale est le plus constant des dégâts de l’alcool, et elle est passée au premier plan, devant les accidents du travail et de la route. Le viol est assez souvent, lui aussi, un produit dérivé de l’imprégnation neuro-hormonale. L’émancipation des femmes occidentales au cours du XX° siècle n’y a rien changé ; elles restent les premières victimes de l’ivresse masculine.
Si la libération de la femme n’a pas encore atteint les rives des pays arabes, il faut cependant constater que les femmes y tombent moins souvent sous les coups de leurs mâles abstinents. Cet avantage, certes relatif, se paie parfois au prix très fort selon les pays. La lapidation pour adultère, la prison pour avoir levé le coin du voile, ou le viol collectif, sont quelques aspects régionaux des sévices de substitution à ceux de l’alcool.
Ne nous risquons jamais à comparer les us et coutumes ou à tirer des conclusions hâtives. Ne tombons pas dans le piège du politiquement incorrect en jugeant tel peuple ou telle pratique.
L’alcool nous fournit ici une excellente occasion de neutralité et d’impartialité. L’alcool n’est décidément pas un objet de discrimination. Indépendamment du pays ou de la culture, quel que soit le niveau d’alcoolisation des mâles, ce sont les femmes qui « trinquent ».