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La misère est-elle mauvaise pour la santé ?

mardi 20 août 2013

La médecine basée sur les preuves a encore frappé. Une publication dans un très sérieux journal médical psychiatrique [[1]] révèle que le chômage parental et de mauvaises conditions socio-économiques dans l’enfance favorisent les addictions, les troubles du comportement et la délinquance à l’adolescence.

« Étonnant, non ! », aurait dit feu Pierre Desproges.

Jusqu’à ce jour, beaucoup de parents essayaient de trouver du travail, de mettre leurs enfants dans de bonnes écoles, de diminuer le nombre d’heures passées dans la rue ou devant la télévision, mais ils n’étaient pas encore certains que toutes ces contraintes avaient un intérêt pour leur progéniture.

Désormais, la preuve est faite ; les enfants de chômeurs ont plus de problèmes que les enfants de travailleurs. Mieux encore : « Mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade », comme aurait dit Coluche, un autre grand disparu.

Nous savions depuis longtemps que l’humour est la forme suprême de l’épistémologie. Nous savons désormais que l’absence d’humour est  l’aboutissement des grands diplômes et des études prestigieuses.

Ce sujet sur les dangers de la misère pourrait donc être définitivement clos. Hélas, toute étude est sujette à caution.

D’un côté, quelque ignorant de la chose statistique dira, avec sérieux, qu’il connaît un enfant battu, malnutri et non scolarisé, devenu cadre supérieur et bon père de famille, ou un enfant de milliardaire ayant connu toutes les infortunes comportementales avant de se suicider.

De l’autre côté, un esprit brillant va détecter le biais fatal, car toute étude populationnelle en comporte au moins un. Particulièrement, celles où les critères de jugement sont socio-économiques et psycho-cliniques. Ce lobbyiste ou leader d’opinion pourra alors promouvoir l’illogisme absurde que nous chérissons tant : si la preuve de la thèse est fausse, c’est que l’antithèse est vraie.

Les gouvernements pourront alors laisser tranquillement s’aggraver les inégalités sociales. Les enfants de chômeurs, privés d’école et de diplômes, pourront conserver leur humour.

Et cela donnera du travail à des diplômés pour de nouvelles recherches sur des médicaments actifs contre les addictions et la délinquance, voire sur les causes génétiques de ces deux « maladies », que le chômage ne saurait expliquer !


[1] Seethalakshmi Ramanathan et coll.: Macroeconomic environment during infancy as a possible risk factor for adolescent behavioral problems. JAMA Psychiatry 2013; 70: 218–225.