L’innovation de la sexualité a été une grande étape dans l’Histoire de la vie dont l’unique but est de se reproduire incessamment. Puis, pour optimiser cette reproduction, l’élaboration des caractères sexuels secondaires a permis à chaque sexe d’évaluer les qualités du partenaire et les chances de succès pour la progéniture.
Chez Homo sapiens, les aspects culturels ont ajouté plusieurs degrés de complexité sur ces caractères secondaires, agissant dans des directions parfois opposées.
Certains leurres comme le rouge à lèvre ou le vernis à ongles n’ont probablement pas eu de répercussion notable, tandis que d’autres comme les corsets pour accentuer la poitrine ou les crinolines pour valoriser la taille du bassin ont pu provisoirement tromper les géniteurs sur les qualités de la future parturiente.
Lorsque dans certaines sociétés paysannes ou royales, les appariements, arrangés à des fins territoriales ou politiques, n’ont plus reposé sur la sélection sexuelle, il n’a fallu que quelques générations pour qu’apparaissent de graves dégénérescences, dont l’exemple européen le plus caricatural est celui des Habsbourg.
L’amélioration des moyens de transport et les voyages intercontinentaux ont permis d’élargir la palette des attraits, favorisé l’exogamie et assuré un meilleur brassage génétique.
Les parfums et, plus récemment, les déodorants et la pilule contraceptive, pervertissent les odeurs dont on connaît désormais le rôle majeur pour éviter les similitudes immunitaires.
Enfin, la sélection par les nouveaux moyens de communication, comme internet, est une loterie aveugle dont il est impossible de prévoir l’impact sur la qualité des appariements.
L’investissement parental est identique chez toutes les femmes, alors que celui des hommes est souvent corrélé à la certitude de paternité. Pour augmenter cette certitude, toutes les cultures et toutes les époques ont imaginé des moyens allant des plus barbares, comme l’infibulation ou la ceinture de chasteté, aux plus légères, comme divers voiles pour dissimuler les formes, la chevelure ou le visage.
Mais, lorsqu’une femme est appariée à un géniteur défaillant, aucune contrainte culturelle ne saurait entraver sa quête de procréation. Il suffit d’un voile impeccablement ajusté pour accentuer la symétrie du visage dont on sait qu’elle est un attracteur puissant. Il suffit de voir un avant-bras pour évaluer l’épaisseur de la graisse sous-cutanée dans tout le reste du corps. Et lorsqu’un large voile dissimule les hanches ou les seins, il suffit de le mouiller habilement pour que les formes apparaissent avec toutes leurs promesses vitales. Et ces formes ont assurément plus d’authenticité qu’avec la crinoline ou la web caméra.