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Obscurantisme officiel ou alternatif

mercredi 18 novembre 2015

Jusqu’au début du XX° siècle, toutes les thérapies ont reposé sur l’empirisme et la subjectivité. Puis des médicaments comme l’insuline, les antibiotiques, l’héparine, et quelques autres, avec leurs supports théoriques parfaits et leurs preuves statistiques incontestables, ont permis de faire émerger une thérapeutique enfin académique. Créant ainsi une distinction durable entre la médecine dite « scientifique » et toutes les autres dites « alternatives » ou « parallèles », souvent associées au charlatanisme, à l’obscurantisme, voire à des dérives sectaires.

Mais si la « science biomédicale » a brillamment pénétré le domaine du diagnostic, elle a manifestement du mal à s’imposer dans le domaine du soin. Les cliniciens restent souvent perplexes devant l’écart entre les théories pharmacologiques et leurs résultats concrets ; particulièrement pour des pathologies dites « chroniques », des troubles fonctionnels, des cancers évolués, et  partout où les critères de jugement et les objectifs thérapeutiques sont difficiles à définir.

Il était plus facile hier de prouver l’efficacité de la pénicilline dans la syphilis que de prouver aujourd’hui l’action d’un hypocholestérolémiant, d’un antidépresseur ou d’une chimiothérapie sur la quantité/qualité de vie.

D’autant plus que  ces « nouvelles » pathologies n’ont parfois pas de réalité vécue par les patients eux-mêmes, ou qu’au contraire, leur réalité est tellement insupportable que les patients et leurs proches sont incapables de juger objectivement l’action médicale.

Il n’est pas besoin d’être expert en sciences humaines et sociales pour projeter ce que peut devenir un commerce où les critères de demande, de choix, et de satisfaction, reposent exclusivement sur la réflexion et les analyses du marchand.

Les experts attentifs évaluent à moins de 1%,  le pourcentage des publications médicales des plus prestigieuses revues dont la méthodologie est correcte et les résultats scientifiquement acceptables. Un tel laxisme dans l’industrie aéronautique ou la fabrication de chaussures provoquerait bien vite la grogne des consommateurs et la faillite.

Le commerce du soin diffère de tous les autres, les charlatans utilisent la suggestibilité des patients les plus influençables, les médecins ont l’affection des plus vulnérables, les obscurantistes ont la confiance des plus frustes. La science a réussi à mettre de l’ordre dans tout cela, mais seulement pour les maladies les plus « tangibles » et les morts les plus « précoces ».

Pour les maladies chroniques, telles que définies arbitrairement par la biomédecine, et pour la prévention hypothétique des dégénérescences liées à l’âge et à l’environnement, il semble préférable de ne faire confiance qu’à son hygiène de vie et à sa bonne nature.

Pour ceux qui, malgré tout, demandent un complément thérapeutique, le médecin a de plus en plus de mal à les conseiller entre l’obscurantisme officiel et les obscurantismes alternatifs.

Références