En 1968, l’OMS établissait la liste des critères du dépistage des maladies, pour tenter d’empêcher les dérives.
1. Il faut que la maladie dont on recherche les cas constitue une menace grave pour la santé publique.
2. Il faut qu’un traitement d’efficacité démontrée puisse être administré aux sujets chez lesquels la maladie a été décelée.
3. Il faut disposer des moyens appropriés de diagnostic et de traitement.
4. Il faut que la maladie soit décelable pendant une phase de latence ou au début de la phase clinique.
5. Il faut qu’il existe une épreuve ou un examen de dépistage efficace.
6. Il faut que l’épreuve utilisée soit acceptable pour la population.
7. Il faut bien connaître l’histoire naturelle de la maladie, notamment son évolution de la phase de latence à la phase symptomatique.
8. Il faut que le choix des sujets qui recevront un traitement soit opéré selon des critères préétablis.
9. Il faut que le coût de la recherche des cas (y compris les frais de diagnostic et de traitement des sujets reconnus malades) ne soit pas disproportionné par rapport au coût global des soins médicaux.
10. Il faut assurer la continuité d’action dans la recherche des cas et non la considérer comme une opération exécutée « une fois pour toutes ».
L’application stricte de ces dix critères devait logiquement aboutir à la suppression de tout dépistage.
Après plusieurs amendements, les critères ont été édulcorés et l’imprécision de chaque critère ouvre désormais la porte à tous les dépistages. Mais l’ensemble du texte a une très belle allure.
Voici donc la nouvelle liste :
1. Il faut que le programme de dépistage réponde à un besoin reconnu.
2. Il faut que les objectifs du dépistage soient définis dès le début.
3. Il faut définir une population cible.
4. Il faut que des preuves scientifiques reconnaissent l’efficacité du programme de dépistage.
5. Il faut que le programme comprenne la sensibilisation, les tests, les services cliniques et la gestion du programme.
6. Il faut qu’il y ait des mesures d’assurance de la qualité, y compris des mécanismes pour réduire les risques potentiels du dépistage.
7. Il faut que le programme garantisse un choix éclairé, la confidentialité et le respect de l’autonomie.
8. Il faut que le programme encourage l’équité et favorise l’accès au dépistage pour l’ensemble de la population cible.
9. Il faut que l’évaluation du programme soit prévue dès le début.
10. Il faut que les avantages globaux du dépistage l’emportent sur le tort qu’il peut causer.
Comme c’est simple : lorsqu’un texte ne correspond pas à la politique désirée, on le remplace par un autre mieux à même de la justifier.