Archive pour le mot-clef ‘cordon ombilical’

Cordon de sécurité

lundi 4 décembre 2017

Les essais cliniques concernant des médicaments sont majoritairement biaisés, alors que ceux qui portent sur des pratiques médicales sans lien avec le marché sont a priori plus rigoureux. Mais pour certaines études comme celles portant sur la section du cordon ombilical, la réponse est impossible, car les facteurs de confusion sont si nombreux qu’aucune analyse statistique ne peut les éliminer. Sans parler de la forte charge symbolique et idéologique qui entoure le cordon ombilical. Les extrémistes de la vieille école obstétricale coupent immédiatement le cordon, séparent l’enfant de la mère, lui aspirent les bronches et le lavent dans un raffinement de barbarie hygiéniste. À l’opposé, certains forcenés de l’écologie prônent la « lotus birth » consistant à laisser le nouveau-né accroché à un placenta déjà desséché.

Les obstétriciens, désireux d’augmenter les chances de l’enfant et de diminuer le risque d’hémorragie de la délivrance chez la mère, ont réalisé de multiples études. Les unes pour savoir quand couper le cordon : soit immédiatement, soit après qu’il ait cessé de battre, soit bien plus tard. Les autres pour évaluer l’intérêt de pousser le sang du cordon vers l’enfant. D’autres cherchent à connaître le rôle de la gravité en comparant les enfants posés au-dessus de la mère, à côté, ou plus bas, (je ne plaisante pas). D’autres encore pour savoir si les prématurés ont plus besoin de ce sang (toujours sans plaisanter). D’autres enfin pour évaluer le risque infectieux d’un cordon non désinfecté ou d’un cordon de « lotus birth ».

Ces études ayant systématiquement des résultats ininterprétables ou contradictoires, la solution consiste alors à sélectionner les meilleures pour en faire des méta-analyses. Mais le cordon est scientifiquement maudit, car les deux derniers résultats publiés sont diamétralement opposés !

Lorsque la science et la statistique sont en échec, il ne reste plus qu’à faire appel au bon sens (dont l’origine est beaucoup plus lointaine). J’invite donc les lecteurs à répondre aux questions suivantes :

Doit-on  couper un cordon qui bat encore et envoie du sang au nouveau-né ?

Les cellules-souches et le fer du sang de cordon sont-ils utiles au nouveau-né ?

Le risque le plus élevé d’hémorragie de la délivrance est-il lorsque le placenta bat encore sous la pression artérielle de la mère, ou lorsqu’il ne bat plus ?

Est-il utile de laisser un nouveau-né attaché à un placenta sec ?

Pour les universitaires et profanes qui n’auraient pas trouvé de réponse à ces questions, je me permets de donner un indice : tous les mammifères placentaires ont un cordon qui cesse naturellement de battre en quelques minutes et qui sèche si vite qu’un simple coup de dents de la mère suffit à le rompre. Entre-temps, le nouveau-né a déjà trouvé le sein de sa mère pour y téter goulument le colostrum gavé d’anticorps.

Il est temps d’établir un cordon de sécurité autour des études inutiles pour les empêcher de sortir.

Références