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Les deux types de drogues

samedi 29 avril 2017

Les drogues sont un sujet politique rare et sporadique. Il n’est traité que lorsqu’il suscite un débat de type binaire, comme les chérissent beaucoup de zappeurs et débatteurs.  Les drogués sont-ils de vilains jouisseurs ou de fragiles victimes ? Faut-il les punir ou les aider ? La salle de shoot étant devenu le lieu ultime d’affrontements entre les outrances pénalistes et caritatives. Bref, les drogués sont-ils, comme les immigrés, les fonctionnaires, ou les financiers, la cause ou la conséquence des turpitudes de l’Histoire.

Un raisonnement dichotomique oppose les drogues licites et illicites, thérapeutiques et récréatives, dures et douces (c’est-à-dire rapidement addictive ou non), enfin, selon qu’elles induisent ou non des comportements risqués et antisociaux.

Mais, très vite, l’observation des faits conduit à interrompre tout raisonnement de type binaire.

L’alcool, qui fait partie des drogues les plus dures, et les plus inductrices de comportements risqués et antisociaux, est aussi la plus licite, la plus accessible et la plus répandue.

Les opioïdes (morphine, héroïne) qui sont les plus rapidement addictives, les plus antisociales et les plus toxiques, sont prescrite avec un grand laxisme d’indications par les médecins, ceux-là même qui sont en charge  de la prévention et du traitement des addictions.

Les benzodiazépines qui sont assez toxiques et très rapidement addictives, sont distribuées avec une légèreté déconcertante et remboursées par la sécurité sociale.

Le cannabis, essentiellement récréatif, est illicite malgré son niveau de risque en deçà des précédents.

Les amphétamines, ont été longtemps prescrites et remboursées, elles ont même été judicieusement masquées jusqu’à la récente mésaventure du Mediator.

Les antidépresseurs, inducteurs de suicides, d’addictions relativement rapides, restent abondamment prescrits et remboursés malgré leur échec thérapeutique quasi constant.

Occasion de rappeler ici que dans toutes les civilisations les drogues récréatives et thérapeutiques étaient clairement dissociées. Curieusement, la médecine est devenue, de loin, la première pourvoyeuse d’addictions. Ce commerce lucratif nous fait oublier que dans la plupart des troubles psychologiques et des pathologies  psychiatriques (hors psychoses), les thérapies comportementales sont largement supérieures aux diverses drogues licites et remboursées.

Il apparaît que la définition des drogues et leur acception publique demeurent bien vagues. Devant la difficulté d’être binaire, soyons le sans pondération, le seul véritable problème des drogues n’est pas celui de leur caractère licite ou illicite, de leur dangerosité, de leur dureté, ou de leur asocialité, il est peut-être essentiellement celui de leur remboursement…

Il n’existe que deux types de drogues, celles qui sont remboursées et celles qui ne le sont pas.

Références

L’alcool n’est pas discriminatoire

mardi 27 août 2013

Boisson fermentée et magique qui permettait de se rapprocher des dieux, l’alcool a été consommé de tout temps et dans toutes les cultures.

Les civilisations arabes ont été les premières à s’en méfier, puis à dénoncer son action malsaine sur la raison, pour finir par le proscrire définitivement. Cette prohibition a été suffisamment précoce dans l’Histoire pour se transformer en valeur culturelle et religieuse.

Dans le même temps, l’Occident en a magnifié les vertus jusqu’à le nommer parfois « eau de vie » ou l’introduire dans certains rites religieux. Pour finir par en fabriquer des quantités industrielles au moment de la révolution du même nom.

Très vite, on a évalué les ravages sociaux et sanitaires de cette consommation de masse, mais il était trop tard pour arrêter la machine commerciale. La tentative de prohibition aux Etats-Unis a été un cuisant échec.

La violence conjugale est le plus constant des dégâts de l’alcool, et elle est passée au premier plan, devant les accidents du travail et de la route. Le viol est assez souvent, lui aussi, un produit dérivé de l’imprégnation neuro-hormonale. L’émancipation des femmes occidentales au cours du XX° siècle n’y a rien changé ; elles restent les premières victimes de l’ivresse masculine.

Si la libération de la femme n’a pas encore atteint  les rives des pays arabes, il faut cependant constater que les femmes y tombent moins souvent sous les coups de leurs mâles abstinents. Cet avantage, certes relatif, se paie parfois au prix très fort selon les pays. La lapidation pour adultère, la prison pour avoir levé le coin du voile, ou le viol collectif, sont quelques aspects régionaux des sévices de substitution à ceux de l’alcool.

Ne nous risquons jamais à comparer les us et coutumes ou à tirer des conclusions hâtives. Ne tombons pas dans le piège du politiquement incorrect en jugeant tel peuple ou telle pratique.

L’alcool nous fournit ici une excellente occasion de neutralité et d’impartialité. L’alcool n’est décidément pas un objet de discrimination. Indépendamment du pays ou de la culture, quel que soit le niveau d’alcoolisation des mâles, ce sont les femmes qui « trinquent ».