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Inné ou acquis ?

mardi 9 décembre 2014

Les caractères individuels ont toujours alimenté de vigoureux débats sur les parts respectives de l’inné et de l’acquis. Les attributs physiques étant plutôt considérés comme hérités et les caractéristiques mentales plus dépendantes de l’environnement. Avant les règnes de la microbiologie, de la psychanalyse et de la génétique, on avait l’asthme de sa grand-mère, la goutte de son grand-père, l’alcoolisme de son père et la mélancolie de sa mère. Etrangement, on héritait aussi de la tuberculose ou de la syphilis de ses ancêtres !

Pasteur, le premier, a réussi à disculper les parents des infections de leurs descendants.

Avec Freud, l’hérédité et les microbes ont reperdu le terrain qu’ils avaient gagné. Il n’y eut plus le moindre symptôme qui puisse échapper aux fautes parentales, surtout maternelles. Pauvre mère désemparée, voyant ses enfants « pansexuels » succomber sous les fantasmes du psychanalyste.

Puis la génétique a soufflé toutes ces fadaises avec sa double hélice d’ADN. Les maladies monogéniques ont été identifiées en quelques décennies, et comme elles étaient rares, on a recherché les prédispositions génétiques à toutes les pathologies et perversions. L’industrie s’est emparée des gènes avec la voracité d’une puissance coloniale, avec l’espoir de breveter les gènes de l’autisme, du tabagisme, du cancer ou du crime, et de vendre les thérapies géniques correspondantes.  La déception a été à la hauteur des espérances.

Avec la montée en puissance de l’épigénétique, les environnementalistes reprennent le dessus. Les comportements des parents redeviennent la cause des maux. L’obésité n’a plus de gènes, elle a désormais des « épigènes » fabriqués par des parents gloutons qui le transmettent à plusieurs générations. Les obèses ne sont plus coupables de leurs excès, mais de ceux de leurs aïeuls.

Revanche des psychanalystes, les mères sont redevenues coupables, lorsqu’elles sont stressées avant ou pendant la grossesse, elles transmettent un épigénome de stress à leurs descendants, et majorent leur risque de névroses et psychoses. Mais le stress n’est-il pas environnemental ?

On découvre enfin qu’un même gène s’exprime différemment lorsque l’environnement change : un gène avantageux dans tel contexte devient délétère dans un autre. Le « gène économe » est celui qui permettait aux humains de supporter les famines en développant l’insulinorésistance, puis avec l’invasion des sucres rapides, ce gène fait des ravages en provoquant le diabète de type 2, l’obésité, la myopie et tant d’autres misères visibles sur les bancs de nos écoles.

On nomme « plasticité phénotypique », cette faculté des organismes à modifier l’expression de l’hérédité et les influences de l’environnement. Une sorte de souplesse adaptative.

Les caractères individuels dépendent désormais de trois facteurs : l’inné, l’acquis et la souplesse.

D’où l’intérêt de faire de l’exercice.

Références