Végétariens et cancers

7 décembre 2020

Il n’est plus besoin de faire d’études pour prouver que la baisse de consommation de viande diminue l’incidence des maladies cardio-vasculaires. Le sujet ne fait plus débat depuis un demi-siècle. La diminution de consommation de viande et l’exercice physique ont contribué aux nouveaux gains d’espérance de vie constatés au cours des dernières décennies. 

Nous savons également que les régimes peu carnés diminuent le risque de cancer du côlon. Depuis quelques années, le nombre important de végétariens permet de faire des études de plus grande valeur statistique sur les effets de tels régimes sur la santé. La question des cancers a évidemment été abordée et il apparaît qu’outre le cancer du côlon, le régime végétarien diminue également des cancers aussi inattendus que celui du sein ou de la prostate. D’une manière générale, tous les risques de cancer sont abaissés de façon plus ou moins significative.

Les facteurs de confusion comme le tabac ont évidemment été pris en compte, et certaines études sont allées jusqu’à considérer d’autres facteurs de confusion tels que les traits de personnalité et d’autres éléments du mode de vie des végétariens raisonnables (hors véganes fanatiques). Par exemple, les femmes végétariennes prennent moins de traitements hormonaux de la ménopause et diminuent d’autant plus leur risque de cancer du sein.

Le plus amusant, si j’ose m’exprimer ainsi, est que les végétariens participent beaucoup moins aux programmes de dépistage organisé des cancers. Certains en concluront qu’ils sont alors porteurs de cancers méconnus qui se développeront tôt ou tard. Cette conclusion hâtive, quelque peu teinté d’idéologie pro-dépistage, est contredite par une mortalité globale par cancer plus faible chez les végétariens de tous âges suivis pendant longtemps.

Ce qui s’explique par le fait qu’une bonne part des cancers dépistés sont, soit de faux positifs, soit des cancers qui n’auraient jamais eu de manifestation clinique avant que la mort ne survienne par une autre cause.

Les végétariens ont donc moins de cancers cliniques, moins de cancers dépistés et moins de cancers virtuels ou infracliniques. Le bénéfice sanitaire de cette triple protection est encore plus grand que celui déjà constaté par la diminution de la mortalité. En effet, les angoisses liées à tous les dépistage et le couperet biographique que constitue une annonce de cancer aggravent la morbidité et la mortalité. On sait que tous les cancers, fussent-il cliniques, dépistés ou virtuels ont les mêmes répercussions psychologiques et biographiques. Nous n’irons pas jusqu’à encourager les végétariens dans leur insouciance diagnostique, car cela pourrait choquer l’académie. Nous devons tout de même les féliciter pour leur perspicacité sanitaire et leur sérénité face au destin pathologique, sans oublier de louer leur altruisme climatique.

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Cannabis thérapeutique pour tous

3 décembre 2020

Il y a plus de trente ans, certains patients atteints de sclérose en plaques avaient constaté l’action favorable du cannabis sur leurs douleurs neuropathiques et leur spasticité. Ils ont alors modifié leur consommation pour passer d’un usage récréatif à un usage thérapeutique.

De là à supposer une action sur d’autres douleurs pour d’autres types de patients et de maladies, il y avait un fossé que les études n’ont pas comblé, mais l’idée était dans l’air. Combiner l’illégalité et les dangers du haschich avec l’éthique du soin avait de quoi exciter les commentateurs et déranger les législateurs.

Le processus habituel s’est alors enclenché. Le scenario en est classique, tous les cercles vicieux s’intriquent inexorablement : l’embarras des législateur catalyse l’excitation des commentateurs, l’hésitation des cliniciens majore les douleurs des patients, la prudence des politiques fédère toutes les impatiences. Quant aux marchands, ils n’ont besoin ni de complotistes, ni de lobbyistes, la démagogie sanitaire suffit – comment négliger la moindre douleur ? – Plus prosaïquement ils attendent la fusion entre l’énorme marché du cannabis et le colossal marché de la douleur.

Depuis environ 5 ans, malgré quelques polémiques, les lois s’assouplissent au rythme de l’essoufflement des législateurs, et chacun comprend que le cannabis thérapeutique va se banaliser. De grands financiers, producteurs de cinémas ou autres viticulteurs ont déjà investi dans des hectares de cette herbe prometteuse.

Les résultats concluants des effets du cannabis sur la douleur chronique se font toujours attendre, par contre, nous connaissons très bien son rôle dans le déclenchement et l’aggravation des psychoses. Nous connaissons les effets néfastes de la marijuana en cours de grossesse sur le nouveau-né et ensuite sur l’allaitement. Nous mesurons ses effets délétères sur le QI.

L’histoire va donc se répéter, la médecine en est coutumière, cela s’appelle « l’extension des indications », transformant un rapport bénéfices/risques éventuellement positif pour quelques individus en un rapport négatif pour la santé publique. La morphine était classiquement réservée aux agonisants et aux douleurs du cancer, son extension à des douleurs banales a provoqué la plus grosse catastrophe sanitaire de l’histoire moderne. Le cannabis, jadis utilisé par quelques patients hardis souffrant de sclérose en plaques, va devenir le nouvel antalgique à la mode.

Et les médecins dans tout cela ? Leur position est ambiguë, les souffrances  physiques et morales sont l’essentiel de leur gagne-pain, mais leur échec en ce domaine est patent. Ils se partagent cependant en deux camps. La majorité est silencieuse, elle a consenti passivement à la grande fabrique des addictions : barbituriques, benzodiazépines, ISRS, opiacés, et maintenant cannabis. La minorité résiste toujours un peu au début, mais nul ne peut échapper à la modernité.

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Les bons, les mauvais et les autres

7 novembre 2020

Dans l’infini éditorial du Covid19 se trouvent de « bons » consensuels et de « mauvais » contestataires. Si j’y ajoute mon grain de sel, c’est pour de simples raisons de survie cognitive.

Les « mauvais » ne cessent de répéter que cette épidémie n’est pas pire que la grippe de Hong-Kong de 1969-70, dont personne n’a parlé. Les « bons » sont ceux qui en appellent au civisme pour éviter une catastrophe dont ils ne cessent de détailler la progression. Les mauvais sont ceux qui affirment que la chloroquine est efficace. Les bons sont ceux qui annoncent l’efficacité supérieure du remdesivir. Les mauvais ne trouvent pas de preuve sérieuse de l’efficacité du masque en population générale. Les bons vantent nos progrès dans l’acquisition et le stockage des précieux masques. Les mauvais déplorent les dégâts de la distanciation et du confinement chez nos enfants. Les bons incitent à plus de restrictions pour les jeunes. Les bons acceptent de sacrifier l’économie pour la santé. Les mauvais pensent que l’inactivité sera plus meurtrière.

Les bons seraient alors des naïfs du consensus et les mauvais des gibiers du complotisme. Les uns circonvenus par la démagogie du pouvoir, les autres fascinés par le populisme de la contestation.

Cert écart vient de notre ignorance mal assumée sur ce virus, son impact sanitaire réel et son épidémiologie future ; nous ne saurons que dans deux ou trois ans si cette virose respiratoire n’est que la énième de celles que connaît l’humanité depuis toujours, et si sa seule différence est précisément son infini éditorial.

En attendant, évitons ceux qui se servent de vérités pour glisser des mensonges. Ceux qui parsèment de science leurs élucubrations avec d’habiles mises en scène. La science dévoyée de Didier Raoult et le complotisme habillé de science d’Ema Krusi se rejoignent dans un même et dangereux obscurantisme.

Notons cependant quelques vérités rassurantes. Oui, la grippe dite de Hong-Kong qui a sévi en France pendant l’hiver 1969-70 a fait 32000 morts en 3 mois, selon les estimations les plus précises. Soit, à l’époque 640 morts par million d’habitants (mMh). Oui, notre épidémie actuelle avec ses 40 000 décès en 9 mois n’a pas encore dépassé ce taux, puisqu’elle n’en est qu’à 590 mMh. Oui, elle épargne nos enfants. Oui, la perte d’années/qualité de vie est faible, car la mortalité concerne des personnes à faible espérance de vie. Non, le laxisme suédois face à cette épidémie n’a pas provoqué de cataclysme sanitaire.

Il y a aussi d’autres vérités incontestables et moins rassurantes. Ni la chloroquine qui ne coûte rien, ni le remdesivir qui coûte une fortune, n’ont la moindre efficacité sur cette maladie. Non, aucune épidémie ne peut modérer la corruption, le profit  et le lobbying. Non, on ne peut pas faire un vaccin sûr et efficace en quelques mois, surtout contre une virose respiratoire.

Le plus difficile est d’habiller ces vérités avec la bonne éthique et la bonne mercatique, pour ne pas être classé parmi les mauvais.

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L’élément manquant

1 novembre 2020

Les homicides sont un trait tristement répandu dans notre espèce. Pour autant, il n’est pas facile de tuer un congénère, car il faut outrepasser les inhibitions naturelles que l’évolution a mises en place pour limiter le meurtre intraspécifique, non profitable à l’espèce.

Idéologies, conquêtes territoriales, psychoses, passions amoureuses, drames familiaux sont autant de réalités bien identifiées à l’origine des homicides.

Il y a cependant de grandes différences de charge émotionnelle chez le meurtrier. Tuer avec une arme blanche fait couler plus d’adrénaline qu’avec une arme à feu. Les meurtres passionnels sont souvent impulsifs. Les querelles de voisinage peuvent conduire à des drames cocasses avec des armes improbables. Instruction militaire, idéologie, manipulation mentale, jalousie, haine ou colère accumulées, les processus de la désinhibition sont longs et tortueux avant tout homicide.

Mais lorsque la barbarie dépasse l’entendement, aucune neurophysiologie intime ne peut suffire, il faut un catalyseur externe. L’alcool est le plus connu, on ne pourra ou ne voudra jamais savoir de combien de féminicides il a été le catalyseur. Il a armé le bras de nos poilus.

Mais, il y a bien pire et beaucoup mieux depuis. Les preuves abondent désormais sur le rôle des amphétamines dans les actes terroristes, sur celui des benzodiazépines ou antidépresseurs sérotoninergiques dans les infanticides ou autres barbaries familiales. Les hallucinogènes et autres psychédéliques tordent la réalité et jouent le rôle du délire psychotique qui conduit à des actes insensés.  Le cannabis est connu pour son induction psychotique.

Lors de chaque nouveau drame, les commentateurs et enquêteurs projettent leur rationalité sur celle de l’assassin. Recherche de la motivation : prosélytisme, mission divine ou radicalisation. Recherche des facilitateurs ou manipulateurs : famille, réseaux sociaux, sectes, djihadistes. Recherche du passé judiciaire, familial, scolaire, professionnel. Cela relève de la logique de toute enquête, mais ne s’intéresse qu’à ses aspects cognitifs et socio-culturels. Cela est insuffisant au-delà d’un certain seuil de barbarie. Cela revient à négliger le délire, l’impulsivité, le caractère irrépressible, la folie suicidaire, autant d’éléments qui ne peuvent se réduire à l’aboutissement de processus cognitifs ou neurophysiologiques normaux.

Le grand oublié est le catalyseur. Je n’ai jamais entendu parler de dosage de psychotropes après de telles barbaries. Nous savons doser facilement l’alcool, l’arsenic, la cotinine, le lithium, la digoxine et moultes médicaments, nos tests biologiques sont de plus en plus performants.

Pourquoi cet élément majeur et probablement peu coûteux reste-t-il l’élément manquant dans toutes ces enquêtes ?

Quel député proposera enfin de l’imposer, comme on l’a fait pour l’alcool après les accidents de la route ?

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Trump le monofactoriel

22 octobre 2020

En matière médicale, la notion de plurifactoriel (ou multifactoriel) est la plus complexe à comprendre. L’immense majorité des patients ne peut intuitivement accepter qu’une maladie résulte toujours de plusieurs causes. Depuis nos grandes victoires sur les maladies infectieuses, on voudrait que tout réponde à la logique du bon fusil antibiotique qui tue le méchant microbe. Pourtant, même en infectiologie, le microbe n’est jamais le seul coupable.

Les médecins sont les premiers responsables de cette inculture, car toute leur science s’efforce d’isoler un facteur dominant pour le modifier et afficher des preuves de leur action. Descartes affirmait avec raison qu’il faut comprendre chacune des parties pour comprendre le tout. Mais en médecine on s’arrête souvent à la première partie comprise. L’action consistant à faire baisser un chiffre de sucre ou de pression artérielle n’est que l’une des centaines qu’il faut pour ralentir la dégénérescence vasculaire. Augmenter la sérotonine ne guérit aucune dépression, diminuer la cholinestérase n’améliore aucun Alzheimer.

Aujourd’hui, ce sont les gènes qui ont pris le relais de l’unicité, on voudrait que toutes les maladies aient une cause génétique. Pourtant, comme le résume F. de Waal : « Déterminer pour quelle part un trait est produit par les gènes ou par l’environnement est aussi inutile que de demander si les sons du tambour que nous entendons au loin sont produits par le percussionniste ou par son instrument ».

Comme le son du tambour, les accidents de voiture, les suicides et les homicides sont (au minimum) bifactoriels : nécessitant un instrument mortel et son manipulateur.

Chaque nouvelle tuerie de masse aux USA repose la question de la vente libre des armes. Ces tueries, résultant de la conjonction entre un psychopathe et une arme, sont clairement bifactorielles. Il y a cependant un déséquilibre entre les deux facteurs, car dans un pays sans armes, les psychopathes seraient inoffensifs, alors que dans un pays sans psychopathes, les armes resteraient dangereuses.

Ne nous étonnons pas que le lobby des armes préconise d’armer les victimes pour les aider à se protéger des psychopathes. Etonnons-nous de l’incapacité des gouvernements successifs, qui faute de pouvoir détecter les psychopathes, n’ont jamais réussi à limiter la circulation des armes.

Enfin, cette démocratie archaïque a conduit à l’élection d’un président populiste dont les capacités cognitives n’arrivent même plus à penser le bifactoriel. Les mexicains sont voleurs, les musulmans sont terroristes, les chinois sont tricheurs : voilà pour la diplomatie. En ce qui concerne les tueries de masse, sa réponse est claire : il faut supprimer les psychopathes. Comme le mur à la frontière avec le Mexique qui supprimera la délinquance.

Le monofactoriel en médecine et le populisme en politique ont le grand avantage de la simplicité.

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Paternalisme des preuves

13 octobre 2020

Très nombreux sont les problèmes de santé qui résultent majoritairement ou exclusivement, soit de mauvaises habitudes de vie : sédentarité, excès alimentaires, alcool, tabac, soit d’un environnement défavorable : conditions de naissance, éducation , soit tout simplement du vieillissement, soit des trois en proportions variables.

L’analyse du rapport entre ces troubles et leurs thérapeutiques révèle une règle immuable, un véritable « invariant » du marché sanitaire. Plus une pathologie est dépendante des règles hygiéno-diététiques ou du vieillissement, plus nombreuses sont les publications sur son traitement médicamenteux. Pour le dire plus simplement : plus l’évidence impose la prévention, plus le marché propose la thérapeutique. Pour le dire encore plus simplement : moins il y a de remède, plus il y a de médicaments.

Vouloir agir chimiquement en aval de troubles tels que l’hypertension artérielle, l’obésité, l’hyperglycémie, l’insomnie ou la dépression est une dangereuse chimère. Cela revient à nier que la multitude des facteurs qui génèrent ces troubles ne peut être réduite qu’en amont par des actions également multifactorielles (relaxation, sport, hygiène alimentaire, etc.)

En plus d’être inutile et dangereuse, cette saturation médicamenteuse contribue à dissimuler l’essentiel. Il est bien établi que la seule présence d’un médicament sur le marché conduit de facto médecins et patients à penser le soin en référence tacite à ce médicament. Qu’il soit prescrit ou non, qu’il soit critiqué ou non, l’existence même du médicament restreint toujours la réflexion au facteur visé par sa pharmacologie. Les débats sans fin sur la qualité des publications ne font qu’aggraver l’erreur initiale de la pensée monofactorielle.

Même les revues médicales les plus sévères contre l’industrie pharmaceutique se font piéger en oubliant de mentionner que de tels débats ne devraient même pas avoir lieu puisqu’ils partent d’une aberration primitive. Le polyfactoriel ne peut se résoudre par une action monofactorielle. Le marché parie sur la contagion de cet aveuglement :  « Parlez de mon facteur, en bien ou en mal, mais parlez-en »

L’extrême médiatisation de ce facteur unique finit par légitimer l’absence d’individualisation par le soignant et l’absence d’effort par le soigné. Le marché parie encore sur cette léthargie générale qui est forcément gagnante, puisqu’elle est lucrative pour les soignants et indolente pour les soignés.

Les statistiques qui accompagnent ces preuves pharmacologiques sont une nouvelle forme de l’infantilisation des soignés. Un nouveau paternalisme dont l’apparence est plus savante.

Après les amulettes des chamanes et le charisme des charlatans, on a critiqué l’empirisme des cliniciens et le paternalisme des mandarins qui ont pourtant fait progresser la médecine à pas de géants. Tous ont fini par céder leurs prérogatives à l’industrie.

Voici venu le temps de l’empirisme des statistiques et du paternalisme des preuves.

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Masque ou voile mortuaire

1 octobre 2020

Chaque année, dans le monde, 6 millions d’enfants meurent avant l’âge de 5 ans, dont la moitié de malnutrition, l’autre moitié se répartissant entre pneumonies, diarrhées, paludisme, tuberculose et sida pour l’essentiel.

Chez les adultes, les accidents du travail et maladies professionnelles en tuent environ 2 millions.

Les suicides et homicides en tuent environ 1,5 millions dont un tiers est lié à la consommation d’alcool, un autre tiers à l’usage de psychotropes dont beaucoup sur prescription médicale. On suppose que pour le tiers restant, la nature humaine se suffit à elle-même.

Parmi les maladies infectieuses de l’adulte, la palme revient encore aux pneumonies et diarrhées avec respectivement 3,5 et 2,5 millions de morts, suivies par le SIDA et la tuberculose avec chacun leur 1,5 millions de morts annuelles, puis le paludisme et la grippe avec chacun 500 000 morts.

Dans un autre registre, le tabac et l’alcool tuent à eux seuls 10 millions de personnes. Bien que les modes de calcul soient contestables, nous n’allons pas chipoter sur des écarts de 2 à 3 millions de morts. Les morts d’origine médicamenteuse commencent à être également comptabilisées,  dans les pays de l’OCDE, elles arrivent à se hisser parfois jusqu’à la troisième place de toutes les causes de mortalité. Là, évidemment, la polémique fait rage.

Le diabète et l’obésité représentent 4 millions de morts chaque année, et l’on se perd en conjectures sur les causes de ces épidémies. Trop récentes pour être de nature génétique. Il reste l’hypothèse des causes environnementales, mais le débat se veut ouvert, voire béant.

Nous ne parlons pas des morts par maladies cardio-vasculaires, tumorales ou neuro-dégénératives, puisque ce sont des morts liés majoritairement à l’âge. Il apparaît que ni les sciences biomédicales ni l’OMS et autres institutions n’aient encore considéré l’âge comme un facteur prédisposant à la mort. J’en suis ravi malgré les doutes liés à mon sens inné de l’observation.

Quelles que soient nos théories (infectieuses, génétiques, environnementales, économiques ou sociales) sur ces statistiques de la mortalité, on est en droit de s’étonner qu’une épidémie virale totalisant 1 million de morts en un an continue à susciter tant d’émoi médical et tant d’activisme politique. D’autant plus que l’éventail de nos actions sur cette épidémie est infiniment plus restreint que celui que nous avons sur les autres causes de mortalité ci-dessus énumérées. Ne parlons pas de l’âge moyen des décès de cette énième virose respiratoire, puisque l’âge n’est pas encore un sujet médical. J’en suis toujours ravi malgré quelques interrogations liées à mon esprit scientifique.

C’est pourquoi, lutter contre cette épidémie en exigeant le port du masque par toute la population est une mesure très judicieuse, car c’est assurément le meilleur moyen de se voiler la face.

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Les malades sont coupables

23 septembre 2020

Si vous avez un cancer du côlon arrivé au stade hémorragique, c’est parce que vous avez été négligent, il vous suffisait de faire régulièrement des dépistages et des coloscopies, comme ne cessent de vous le répéter la radio et votre boîte aux lettres.

Si vous avez un AVC, c’est parce que vous n’avez pas régulièrement fait contrôler votre tension. Quoi ? Vous l’avez fait contrôler. Alors c’est parce que vous n’avez pas bien suivi votre traitement. Quoi ? Alors c’est que votre cardiologue ne vous a pas donné de doses assez fortes.

Si votre enfant est autiste, c’est parce qu’il manque d’affection depuis sa naissance. Pardon, il paraît que l’on ne dit plus cela maintenant. Alors c’est parce que vous avez mangé n’importe quoi pendant votre grossesse. Pardon, on ne dit plus ça non plus. Eh bien c’est peut-être à cause des pesticides qui pénètrent dans votre maison. Quelle idée de faire construire sa maison en bordure de vigne ! C’est presqu’aussi stupide que d’aller s’installer dans un EHPAD, alors que l’on sait que le taux de mortalité y a toujours été de 100%.

Si votre fils est bipolaire, c’est parce que vous ne lui avez pas donné de neuroleptiques pendant sa crise d’adolescence. Comment ça ? C’est votre médecin qui n’a pas voulu. Alors, il fallait en changer.

Si vous continuez à avoir des douleurs, c’est parce que vous ne prenez pas d’opiacés. Comment ça ? C’est encore votre médecin.

Cet inventaire n’est pas de Prévert, il est trop explicite : les malades sont coupables de leur maladie. A moins que ce ne soit leur médecin ringard, barbare ou incompétent. Cela me rappelle  l’époque où la psychanalyse avait le monopole de l’intelligence ; lorsqu’un clinicien osait en critiquer l’absence d’efficacité thérapeutique, il était fortement suspecté d’avoir lui-même un problème d’ordre psychanalytique. Je pense aussi à une publicité pour les statines, on pouvait lire sur une étiquette accrochée à l’orteil d’un cadavre : « s’il avait fait doser son cholestérol, il n’en serait pas arrivé là »

Même pour les épidémies, les malades sont coupables. S’ils avaient respecté les gestes barrières, les vagues cesseraient d’elles-mêmes. Comment ça ? Il y a toujours eu des vagues de viroses respiratoires depuis plus de 300 millions d’années, depuis que des animaux respirent. Oui, mais vous parlez d’une époque où il n’y avait ni masques ni ministres. Aujourd’hui, les gouvernements sont coupables de laisser défiler les cancers, les maladies mentales et les épidémies. Comment ça, ils ne savent pas ?

Alors vous confirmez que la culpabilité revient aux malades, à moins que vous n’ayez un problème d’ordre… politique, écologique, anachronique, agnostique, anarchique, que sais-je encore… civique ? Civique, oui c’est certain, je suis convaincu que vous n’accepteriez pas de jouer le rôle de l’âne dans la fable de la peste…

C’est vrai, je dois l’avouer, ni celui du lion dans les épidémies suivantes.

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Les cordonniers du transhumanisme

16 septembre 2020

Fort peu de sociologie suffit pour comprendre que les tenants et aboutissants du transhumanisme se résument au commerce et au profit. Les promesses de vie éternelle ont fait la fortune des religions, et lorsqu’elles sont enluminées par les merveilles de la technologie, elles font la fortune des GAFA. Réunir les nanotechnologies, les biotechnologies, l’informatique et les sciences cognitives fait un beau sigle (NBIC), mais la science qui en émerge est de bric et de broc.

Sans se perdre en polémiques qui ne feront qu’enluminer davantage ce nouvel obscurantisme, notons-en seulement l’erreur fondamentale, grossière.

Oui, les galéniques basées sur les nanotechnologies améliorent la diffusion des médicaments sur des organes cibles. Oui, les prothèses sophistiquées connectées au cerveau peuvent aider considérablement des paralytiques ou des amputés. Oui l’informatique peut analyser des résultats biologiques et adapter des traitements dangereux avec plus d’efficacité et de sécurité que les médecins. Oui, l’intelligence artificielle peut assister efficacement des personnes en perte d’autonomie. Oui, les NBIC sont de belles réalités technologiques qui pourront soulager ou compenser un grand nombre de plus en plus grand de handicaps.

« Compenser », là est le mot. Les sciences biomédicales, avec ou sans NBIC, ont beaucoup de succès dans la compensation et la réparation des dommages et déficits corporels. La médecine, la chirurgie et l’obstétrique ont accumulé des réussites sur les personnes traumatisées, handicapées, fragiles, déficientes ou infectées. La grande erreur des transhumanistes est d’extrapoler ces succès chez les personnes saines, en annonçant l’homme augmenté qui vivra 300 ans, mille ans pour le plus fou d’entre eux.

Non seulement, la médecine n’a jamais réussi à augmenter l’homme, mais toutes ses interventions sur les êtres sains diminue la quantité-qualité de vie, l’exact opposé des prophéties transhumanistes. Le dopage fabrique des records, mais les champions cyclistes ont une durée de vie de 17 ans inférieure à la moyenne. DHEA, THS ou autres hormones mâles ou femelles diminuent la quantité de vie, tout comme les antioxydants ou perlimpinpins de télomères. Toute la pharmacologie préventive a un rapport bénéfice/risque négatif après 70 ans.

Oui, la médecine, la pharmacologie curative, le sport et la chirurgie feront encore raisonnablement progresser l’espérance moyenne de vie à la naissance. Mais une observation sommaire montre que les records de longévité ne se battent pas. Les doyennes et doyens de l’humanité on toujours à peu près le même âge et la même bonne santé ; curieusement, ils ne vivent pas dans les pays où sévissent les gourous des NBIC. Les cordonniers du transhumanisme sont les plus mal chaussés. 

La grande fortune qu’empocheront les transhumanistes sains ne leur fera jamais gagner la moindre minute de vie. Le meilleur de la médecine pourra atténuer leurs maux et handicaps éventuels, comme pour tout un chacun.

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Les diablogues du coronavirus

5 septembre 2020

– Pourquoi y a-t-il de plus en plus de cas ?

– Parce qu’il y a de plus en plus de tests.

– Mais c’est une réponse stupide.

– Pas du tout, ce sont simplement les données actuelles de la science.

– Pourquoi y a-t-il de moins en moins de morts ?

– Parce que le virus a perdu beaucoup de sa virulence pour passer le plus inaperçu possible. – Cette stratégie a fonctionné pour ses ancêtres pendant des milliards d’années.

– Mais comment va-t-il faire maintenant que les virologues le trouvent même quand il est très discret ?

– Il faut attendre que les virologues apprennent à leur tour la discrétion.

– Alors pourquoi fait-on de plus en plus de tests ?

– Pour qu’il y ait de plus en plus de cas, car les morts n’ont plus assez de poids médiatique

– Vous vous moquez de moi.

– Un peu en effet. Cependant, les tests sont assurément une victoire scientifique et un vrai succès politique.

– Pourtant vous aviez l’air de sous-entendre qu’ils sont superflus.

– Non, il faut en faire beaucoup plus pour détecter tous les virus (rhinovirus, influenza, VRS adénovirus, etc.). Le coronavirus serait ravi de retrouver une place plus discrète parmi ses cousins.

– Mais le coronavirus ne pense pas.

– Il n’est pas le seul

– Cessez donc cette mascarade

– Soyez certain que je le voudrais sincèrement et littéralement.

– Encore une boutade. Il y a pourtant une deuxième vague qui fait craindre le pire

– La deuxième vague semble en effet plus forte dans les régions où il n’y a pas eu de première vague.

– Vous voulez dire que ce sont des première vagues.

– Tout cela est encore vague.

– Votre humour cache votre ignorance

– Je suis seulement certain que le virus tue ceux qu’il doit tuer et qu’il épargne tous les autres.

– C’est ridicule

– Oui, ridicule et incontestablement affreux. Les épidémies sont des affres inévitables. Celle-ci un peu moins que d’autres. Ou un peu plus. Tout est relatif.

– Et comment expliquez-vous qu’à Wuhan, il n’y ait plus un seul cas ?

– Je pense que les miracles, lassés de notre athéisme, se sont focalisés sur les dictatures laïques.

– Finalement, malgré toute votre science, vous n’en savez pas plus que moi.

– Et inversement

– Pédant !

– Oui, mais à la fin de l’envoi, je touche.

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