Archive pour juin 2025

Projet d’honnêteté médicale

jeudi 19 juin 2025

Le « Medical Evidence Project » est une initiative américaine qui projette de débarrasser la recherche médicale des articles frauduleux ou de mauvaise qualité.

On connait déjà la respectable collaboration Cochrane dont 30 000 collaborateurs du monde entier élaborent des méta-analyses après avoir éliminé les essais cliniques médiocres et sélectionné les meilleurs. Ses résultats sont sans appel et connus depuis longtemps : plus de 90% des articles des revues médicales sont biaisés, erronés ou franchement frauduleux. Cette nouvelle initiative qui vise à empêcher des publications, paraît donc plus pertinente que de critiquer des articles déjà publiés et diffusés auprès de médias et médecins inaptes à en juger la médiocrité ou la malhonnêteté.

Avec un budget de 450 000 dollars par an pendant deux ans, ces honnêtes gens doivent parvenir à supprimer 90% des 600 000 essais cliniques publiés chaque année dans le monde. À titre de comparaison, une firme pharmaceutique peut dépenser 10 à 100 fois plus en faire publier et diffuser un seul, en allouant des subsides aux agences du médicaments, leaders d’opinion, médias et associations de patients. Ne craignons donc pas d’affirmer que la tâche du « Medical Evidence Project » est insurmontable.

Voilà pourquoi, il est nécessaire de franchir un palier supplémentaire. Plus que la détection des erreurs et fraudes d’essais déjà publiés, plus que d’empêcher leur publications, il faut aller jusqu’à interdire certaines recherches cliniques.

On sait par exemple que toute recherche sur un médicament de l’obésité est inutile puisqu’ils ont évidemment et invariablement un rapport bénéfice/risque négatif. Le but de telles recherches ne peut être que commercial. Il en est de même de la recherche sur les cancers métastasés de l’adulte dont la cible n’est pas la santé individuelle ou publique mais la démagogie politicienne. La recherche sur la pharmacologie de la maladie d’Alzheimer entre dans la même catégorie où ni la santé individuelle ni la santé publique ne sont des objectifs réalistes. On peut ajouter l’ostéoporose et toutes les maladies de la sénescence. De façon évidente et largement prouvée, la prévention pharmacologique n’a plus de bénéfice après 70 ans. Ces maladies dites « chroniques » et maladies de la sénescence physiologique sont pourtant les préférées de la recherche des firmes pharmaceutiques. (Je ne parle évidemment que de « prévention pharmacologique », et non de tout autre type de prévention.)

En admettant naïvement que l’on puisse empêcher ces recherches sans intérêt sanitaire, il resterait encore environ 200 000 articles à contrôler chaque année avant publication. Le challenge du « Medical Evidence Project » quitterait alors la catégorie « utopie » pour entrer dans la catégorie « Sisyphe ».

Il nous reste enfin à croire que cette initiative n’est pas un nouvel avatar de « washing » : un « science-washing » discrètement manipulé par l’industrie et encore plus pernicieux que le « green-washing »…

Bibliographie

Trump et Musk : un diagnostic trop facile

lundi 9 juin 2025

Les diagnostics psychiatriques sont les plus difficiles de tous. La psychiatrie est un domaine en perpétuel remaniement où les querelles entre experts sont très violentes. Lorsque je m’y suis quelque peu intéressé, j’ai acquis la conviction que les sciences biomédicales sont inadaptées à la gestion des maladies psychiatriques, même si toutes les errements du psychisme terminent dans des cabinets médicaux.

J’ai pourtant eu au moins une certitude diagnostique et pronostique dans ma carrière, c’était en janvier 2025, lorsque Donald Trump et Elon Musk se sont alliés pour la gestion des Etats-Unis. J’ai affirmé péremptoirement qu’ils se seraient violemment fâchés avant la fin de l’année. Nous ne sommes qu’en juin et la dispute, très agressive, a déjà commencé. Je ne tire néanmoins aucune fierté de ce pronostic, car la plupart de mes amis non-médecins avaient fait le même.

Avouons qu’en observant ces deux personnages, il était relativement facile de constater que les processus conduisant à une démesure de leur égo semblaient largement dominer tous leurs autres métabolismes et que la construction obsessionnelle de leur idéologie marchande submergeait tous leurs autres processus cognitifs.

Pour aller plus loin, non pas en psychiatrie, mais en géopolitique où je suis encore plus ignorant, j’ai relu l’excellent livre de Tocqueville, écrit en 1836 : « De la démocratie en Amérique ». J’en ai conclu que la géopolitique était encore plus ardue que la psychiatrie. Cet intellectuel brillant a montré comment la constitution américaine avait réussi à équilibrer les rapports de force entre les gouvernances nationales et la gouvernance fédérale, au moyen de subtiles juridictions gérées par le peuple et dominées par la Cour Suprême. Malgré tout son génie, il n’avait pas su prévoir que la guerre de Sécession allait ravager cette nation quelques années plus tard.

Pourtant, tous les ingrédients de cette guerre civile étaient là : dans ce pays dominé par l’argent, les nordistes avaient besoin de techniciens et non d’esclaves pour leurs usines, alors que les agriculteurs sudistes avaient besoin d’esclaves pour leur culture. Ajoutons à cela que les armes circulaient déjà abondamment.

Alors en voyant aujourd’hui ces deux milliardaires à l’égo incontrôlable, ravagés par une idéologie exclusivement financière, se battre pour diriger un pays où le niveau d’éducation baisse et où le stock d’armes augmente dangereusement, je fais le pronostic d’une nouvelle guerre civile à court-terme.

La géopolitique étant encore plus opaque que la psychiatrie, et ses experts pérorant encore plus que les psychiatres, je reconnais qu’il faut beaucoup d’audace à un médecin de terrain pour oser un tel pronostic. Il sera, au pire, la prédiction exacte d’une vraie guerre civile, et au moins pire, une péroraison de plus.

Pour Trump et Musk, je n’envisage hélas que des traitements symptomatiques. Un traitement curatif sur leurs électeurs est désormais irréaliste en démocratie.

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