Archive pour octobre 2024

Enlèvement de prématuré

jeudi 24 octobre 2024

Le ministère de la justice a mis en place en 2006 une alerte « enlèvement enfant » dont le taux de réussite est de 97%. Saluons cette initiative et son remarquable succès. La quasi-totalité des cas concerne des enfants enlevés par l’un des deux parents en conflit avec l’autre, ce qui explique certainement le taux de réussite.

La dernière alerte d’octobre 2024 concerne un enfant de 17 jours, enlevé par ses deux parents.

Je suis resté pantois devant cette annonce que je me suis efforcé de répéter : « un enfant enlevé par ses deux parents ». Passée ma stupéfaction, j’ai appris que ces parents « kidnappeurs » sont inaptes à la fonction parentale ; ce nourrisson risquait de leur être retiré et il était en soin dans un service de néonatologie pour grande prématurité. Tout cela me parût alors logique : le ministère public s’oppose à des parents inaptes pour sauver la vie d’un enfant innocent.

J’ai alors envisagé divers scénarios pour cet enfant après son irréversible venue au monde. Une grande prématurité n’est pas de bon augure pour l’avenir sensoriel, voire cognitif, malgré les immenses progrès de la néonatologie. La mère n’étant pas obèse, cette prématurité a de fortes chances d’être liée à des consommations de diverses drogues de la mère pendant la grossesse, ce qui laisse penser que le déficit cognitif de l’enfant est déjà installé, menaçant encore plus ses capacités d’adaptation. Dans le meilleur des cas, si l’enfant est récupéré par l’hôpital après quelques jours, la carence de soins pendant cette période aggravera certainement le pronostic déjà bien sombre.

La meilleure option serait une reddition des parents réalisant leur erreur, cela ne modifierait pas le pronostic sanitaire précédent, et diminuerait guère notre inquiétude pour son éducation dont l’impact à long terme est bien plus important qu’une naissance à terme.

Si le ministère public considère que cet enfant il lui a été enlevé, cela signifie qu’il estime en être le parent légitime. On pourrait alors lui reprocher de n’avoir pas reconnu plus tôt cet enfant afin d’éviter de tels scénarios hautement probables. Cela nous amènerait à débattre sur l’identité et l’appartenance d’un embryon, sujet qu’il n’est actuellement pas possible d’aborder à l’Assemblée nationale, tant elle est préoccupée par sa propre identité.

Mettre en avant la nécessité de soins intensifs immédiats est une façon de surjouer l’émotion pour dissimuler nos carences en amont et en aval des soins médicaux. Cela nous fait du bien.

Il ne faudra donc plus nous étonner des dérives autoritaires et marchandes d’une médecine devenue dépotoir de nos carences.

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Médecine libérale en démocratie

mercredi 16 octobre 2024

Déclarer l’effet indésirable d’un médicament au centre de pharmacovigilance est certainement une manœuvre sournoise contre l’industrie pharmaceutique. De la même façon qu’accuser un membre du clan Le Pen de propos racistes, d’emplois fictifs ou de détournement d’argent ne peut relever que de basses manœuvres politiques. Demander le déremboursement d’un médicament inutile est de la pharmacophobie, exactement comme expulser un musulman qui n’a pas payé son loyer est de l’islamophobie. Oser dire qu’un médicament est dangereux est du radicalisme anti big-pharma, exactement comme condamner Israël pour ses frappes sur le Liban est de l’antisémitisme.

Refuser du cannabis à une femme pour traiter les nausées du premier trimestre de grossesse est tyrannique et lui conseiller vivement l’allaitement maternel est machiste. Dire à une femme de se dévêtir pour un examen clinique est un conformisme clinique désuet et lui proposer un frottis vaginal est assimilable à du harcèlement sexuel. Demander à une femme d’enlever son voile relève d’un laïcité obtuse, comme lui dire que son CV ne convient pas au poste recherché relève du sexisme.

S’intéresser à la dermatologie sur peau noire est aussi raciste que mettre en garde à vue un dealer noir. Se passionner pour la génétique des populations est du fascisme. S’en désintéresser est un mépris pour les minorités.

Un praticien qui met en doute l’efficacité des dépistages médicaux est un obscurantiste. Lorsqu’il s’interroge sur la télémédecine, le transhumanisme et l’intelligence artificielle, il révèle un archaïsme saugrenu, et lorsqu’il en fait la promotion, c’est qu’il s’est béatement inféodé aux GAFAM.

Refuser une chirurgie de réassignation sexuelle à un adolescent de 16 ans est transphobe, comme avoir des réserves sur la GPA est homophobe.

Promouvoir la marche à pied s’apparente à une écologie punitive. Minimiser un risque épidémique est de l’inconscience, alors qu’évoquer une maladie environnementale est catastrophiste. Exiger tel vaccin est du fondamentalisme, mettre en doute l’efficacité de tel autre est du complotisme.

Question subsidiaire : les médecins qui ont eu le courage de refuser une benzodiazépine à quelqu’un qui ne dormait pas ou de la morphine à quelqu’un qui souffrait d’arthrose étaient-ils des prophètes ou des barbares ?

Exercer la médecine générale dans une démocratie libérale est une chance et un honneur. Cela expose néanmoins à de nombreuses et insolites critiques qu’il faut apprendre à relativiser.

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Grossesse, tabac et autres drogues

vendredi 4 octobre 2024

Nul ne peut ignorer que fumer pendant la grossesse est très nocif pour l’embryon, le fœtus, le bébé et l’adulte qu’il deviendra. Les cigarettiers ont eu l’obligation de l’écrire en gros caractères sur leurs paquets, néanmoins, les ministères n’ont pas évalué l’impact de cette éducation sanitaire déléguée à des marchands.

Il faudrait exiger la fabrication de paquets beaucoup plus gros d’au moins deux-cents cigarettes pour avoir la place d’écrire la liste des risques avérés : prématurité, petit poids de naissance, malformations fœtales, cardiopathies congénitales, troubles cognitifs, troubles du comportement dans l’enfance et l’adolescence, hyperactivité, ralentissement de la croissance du cerveau, difficultés scolaires et psycho-sociales. Les enfants issus de ces grossesses auront à leur tour plus de comportement addictifs au tabac et à l’alcool. Ils seront plus souvent obèses et les filles auront plus de diabète gestationnel. Le risque de mort subite du nourrisson et la mortalité périnatale seront nettement plus élevés. Les os de ces bébés seront plus fragiles avec un risque supérieur de fracture avant un an. Le risque de maladie bipolaire sera supérieur. Le risque de maladies infectieuses et d’allergies sera plus élevé. Il faudrait ajouter sur les paquets des photos montrant les altérations des neurones et de la substance blanche et les modifications chromosomiques de la région 11q23 impliquée dans les leucémies.

Il faudrait aussi fabriquer de plus grosses bouteilles des divers sodas pour y écrire la liste des risques liés à l’obésité en cas de grossesse. Ils rejoignent presque tous les risques du tabac par le biais de la prématurité et du petit poids de naissance. Il faut y ajouter un risque supérieur d’infirmité motrice d’origine cérébrale.

Quant au cannabis en cours de grossesse, il cumule tous les inconvénients du tabac et de l’obésité.

Certains experts accusent ces gestantes de crime contre l’humanité. Leurs avocats invoquent des circonstances atténuantes : elles sont souvent moins éduquées, plus pauvres et plus souvent célibataires.

Il y a pourtant pire. Les antidépresseurs et le paracétamol abondamment prescrits pendant la grossesse impactent le développement neurologique de l’enfant. La Thalidomide, le Distilbène et la Dépakine, longtemps prescrits aux femme enceintes pour leur bien, ont posé sur les embryons des marques épigénétiques qui sont en train de traverser les générations.

Le cannabis est désormais prescrit pour lutter contre les nausées de la femme enceinte et l’on n’hésite plus à leur prescrire des opioïdes pour diverses douleurs.

Non seulement, les alertes des médecins n’ont pas suffi à éradiquer le tabac en cours de grossesse, mais encore, la médecine s’ingénie à le remplacer par bien pire chez les gestantes non-fumeuses.

Bibliographie