Certains d’entre vous l’ont remarqué, lorsque les années s’accumulent, l’aspect de la peau se modifie. Diminution progressive des fibres élastiques, de l’acide hyaluronique, des cellules souches et des divisions cellulaires. Sans savoir tout cela, les plus ignares en biologie peuvent évaluer l’âge d’une personne avec un risque d’erreur de moins de 10% rien qu’en regardant son visage.
Au niveau des cartilages, des tendons et des muscles, les mêmes dégradations cellulaires se produisent accompagnées des douleurs et ankyloses diverses qui rythment la vie des séniors.
Aucun système, aucun organe, aucune muqueuse n’échappe à cette dégénérescence. La sénescence des cellules est irrémédiable, car les processus physiologiques qui la sous-tendent permettent aussi de protéger les jeunes cellules contre les tumeurs. Entre prolifération cellulaire infinie et vieillissement cellulaire, la nature a trouvé un compromis pour éviter que nos organismes multicellulaires ne se transforment en énormes cancers.
C’est probablement parce que la dégradation du système immunitaire est moins visible que celle de la peau ou des cartilages que certains esprits frustes ont pensé pouvoir vacciner jusqu’à des âges canoniques contre les maladies qui tuent à ces âges-là. Force est de constater que le système immunitaire n’a pas miraculeusement échappé aux processus de la sénescence, puisque les vaccins faits aux enfants entraînent la suppression définitive des maladies visées, alors que la vaccination antigrippale ciblant les personnes âgées n’a pas beaucoup modifié le profil épidémiologique de cette maladie. Moi qui suis pourtant un inconditionnel défenseur de la vaccination, je m’étonne de cet acharnement annuel, sur un système immunitaire plus vieux d’un an à chaque fois.
Une solution, d’élégance incertaine, est de vacciner les enfants contre des maladies qui ne les tuent pas, pour empêcher ces maladies d’atteindre le séniors. Certains le proposent déjà pour la grippe et le SarsCov2.
Il existe actuellement plus de 300 vaccins à l’étude, certains contre des cancers, d’autres contre l’Alzheimer, la schizophrénie ou le tabac. Véridique !
Il serait cocasse de vacciner contre des cancers, des personnes âgées qui ont précisément atteint un grand âge car leurs processus de sénescence ont bien fonctionné et les ont protégées contre ces mêmes cancers. Vacciner les enfants contre ces cancers risquerait de provoquer un conflit avec leurs indispensables processus de sénescence. Vacciner des immunosénescents contre la maladie d’Alzheimer serait aussi ubuesque que d’en vacciner des enfants. Enfin, je reste pantois devant ceux qui pensent pouvoir éradiquer les maladies infectieuses qui tuent en fin de vie.
Je pressens confusément qu’il va nous manquer de moyens pour contrôler les critères d’évaluation, les conflits d’intérêts et les objectifs de ces études et projets vaccinaux qui luttent conjointement, et sans concertation, contre la sénescence, les cancers et les maladies infectieuses.