Archive pour juillet 2020

Misère moléculaire

jeudi 23 juillet 2020

Pour nous inciter à la gravité, les médias répètent quotidiennement que 90% des personnes qui décèdent de la covid-19 ont plus de 65 ans. Il serait mesquin de dire que si le même pourcentage concernait les moins de 35 ans, ma gravité serait infinie. Mais ma curiosité l’emportant sur ma mesquinerie, je suis allé vérifier avec l’application d’un fruste clinicien que 90% des personnes qui meurent de maladies cardio-vasculaires, pulmonaires, infectieuses neurodégénératives, tumorales ou auto-immunes ont aussi plus de 65 ans. Ce nouveau coronavirus où l’expert le plus compétent n’a que six mois de recul, n’est certes pas bénin cliniquement, mais il a conduit à une étrange ingénuité des épidémiologistes de la mort.

Les mêmes médias m’informent que la mortalité est supérieure dans les quartiers déshérités et dans les basses classes sociales. Me soustrayant, par une volonté farouche, à la manipulation mentale de l’information continue, j’ai réussi à retrouver, avec la patience d’un historien, qu’il en a été de même pour la peste, la tuberculose, le choléra, et la plupart des maladies, infectieuses ou non.

Des chroniqueurs tout aussi quotidiens, mais un peu plus avertis, m’informent que la mortalité est supérieure en cas de comorbidité (obésité, insuffisance cardiaque ou respiratoire, hypertension, cancers, etc.). Craignant la contagion de ces écholalies, j’ai vérifié avec l’obstination d’un vieux mécréant que la comorbidité était aussi le facteur aggravant de toutes les autres maladies. Quel épistémologue l’eût cru ?

Inquiet à l’idée d’être maljugé par mes pairs qui pourraient considérer comme de la désinvolture ou de l’impertinence le fait de relever ces trois évidences, je les ai utilisées pour pousser plus loin mes réflexions…

Il m’est alors apparu que l’ensemble « misère » présente les plus grosses intersections avec les ensembles : infections, mort prématurée, faible longévité, comorbidités. Bref, la misère est bien le facteur aggravant qui englobe tous les autres, conduisant à un différentiel d’espérance de vie de 7 ans entre un ouvrier et un cadre, et bien plus encore en comparant des plus extrêmes dans l’échelle des inégalités sociales. Quel médecin oserait l’ignorer ? Quel chercheur oserait demander des subventions pour développer ce thème ?

Fort de ces conclusions, il faut dégager des fonds importants pour pousser les recherches sur les liens obscurs entre vieillesse, mort et maladie. Est-ce la vieillesse qui donne des maladies ou les maladies qui conduisent à la vieillesse ? Pourquoi meurt-on plus vite avec plusieurs maladies qu’avec une seule ? Pourquoi est-on plus souvent malade quand on est pauvre ? Pourquoi la contagion est plus forte quand on est mal logé ?

Et afin d’éviter toute médiocrité et ne pas courir le risque de se laisser dépasser dans la recherche biomédicale internationale, il convient de développer la biologie moléculaire pour répondre à ces questions fondamentales.

Références

L’idiot utile

dimanche 12 juillet 2020

Un recensement annuel du nombre de personnes porteuses de cancers entre 1970 et 2020, n’a aucune signification de santé publique. La progression fulgurante des cas ne tient pas à l’évolution de la maladie, mais aux progrès de la détection. Depuis les grosses tumeurs cliniquement révélées au médecin jusqu’aux biopsies guidées par imagerie, le diagnostic en cancérologie illustre parfaitement les progrès technologiques de la biomédecine.

Inversement, si l’on considère la mortalité, le taux a légèrement diminué chez la femme, et un peu plus chez l’homme essentiellement par baisse du tabagisme. Ainsi, en cancérologie, sans crime de lèse-majesté, cette trop faible diminution de la mortalité ne permet pas de conclure à un véritable progrès des soins médicaux.

La polémique est ancienne et peut se résumer ainsi : il ne faut pas confondre les épidémies de diagnostic et les épidémies de maladie.

En cancérologie, comme en infectiologie, la biographie des patients est plus souvent modifiée par l’annonce biomédicale que par la réalité morbide.

Cet aspect ubuesque de nos progrès est connu des épistémologistes et de quelques médecins attentifs, il est parfois suspecté par le public, mais il reste ignoré des grands médias.

Cette ignorance est devenue perverse avec l’épidémie de covid-19 où l’on continue à évoquer, sans précaution ni discernement, les cas et les morts. Devant une telle maladie à faible létalité (morts par rapport au nombre de cas), seul le chiffre de la mortalité (morts par rapport à toute la population) donne une indication exacte de la gravité de l’épidémie.

Maintenant que de nombreux tests (d’ailleurs plus ou moins fiables) font logiquement exploser les cas, il est machiavélique de continuer à parler de leur nombre. On s’alarme de la progression de la maladie aux USA au Brésil ou en Inde, en omettant de dire que la mortalité  par million d’habitant y reste très inférieure à celle de la majorité des pays d’Europe.

Si on laisse les médias continuer à faire de l’épidémiologie de façon aussi sordide et vulgaire, de nouveaux risques vont apparaître. Cet écart grandissant entre la réalité sanitaire, le catastrophisme médiatique et son corollaire démagogique, sera de plus en plus perçu par les populations qui risquent alors de basculer vers insouciance prématurée, incrédulité définitive ou franche révolte. Avec des problèmes socio-sanitaires de plus grande ampleur.

La seule vérité épidémiologique scientifiquement recevable en infectiologie comme en cancérologie est la mortalité.

Toutes cette hérésie épidémiologique, m’a conduit pour la première fois à faire cas d’un propos de Donald Trump. Ce dirigeant fantasque, dont l’ensemble cognitif n’avait encore jamais eu d’intersection avec le mien, a simplement dit : « Cessons de faire des tests et l’épidémie disparaîtra ».

J’ai alors pensé qu’il pouvait, à sa façon, jouer le rôle de « l’idiot utile ».

Références

Maladies de soi-même

mercredi 1 juillet 2020

Le terme générique de « maladies non transmissibles » (MNT) est utilisé en opposition aux maladies infectieuses, donc transmissibles.

Le confort, l’hygiène et la médecine ont diminué le fardeau des infections, jusqu’à placer les MNT au premier plan. Ces nouvelles maladies tumorales, dégénératives ou cardiovasculaires sont devenues la première préoccupation de la médecine suite à ses victoires sur les maladies transmissibles.

Cependant, la mortalité est différente : souvent prématurée (avant 65 ans par définition) dans les infections et « non prématurée » dans les autres.

Pour le dire plus simplement, ces MNT sont les diverses faces de la « mort naturelle ». Les avoir hissées aux premiers rangs de la mortalité est une victoire. En diminuer le poids relatif signifierait un retour des maladies responsables de morts prématurées, donc une régression.

La réalité des 25 dernières années confirme et consolide les progrès de la médecine qui a encore fait gagner 5 années/qualité de vie dans 200 pays par le contrôle des maladies transmissibles et de la périnatalité : ses domaines d’excellence.

Inversement, pour les MNT, le bilan est « heureusement » mauvais pour les morts non prématurées. Hélas, il est devenu désastreux pour les morts prématurées qui ne cessent d’augmenter. Les nouveaux défis, désormais au premier rang des morts prématurées, sont les addictions et intoxications volontaires, les céphalées chroniques et insuffisances rénales liées aux médicaments, le diabète de type 2, les jeunes cancers du tabagisme, l’hypertension et les accidents vasculaires prématurés, la dépression, le suicide, la pathologie iatrogène, ainsi que les accidents, l’alcool et les drogues chez les 25-44 ans. Sachant que l’obésité et la sédentarité créent ou aggravent la plupart de ces maladies.

Aux USA, la sédentarité coûte chaque année 60 milliards de dollars. Ne me demandez pas comment on en arrive à parler en dollars, faites confiance aux américains sur ce point ! Dans le monde, l’obésité est responsable de 3,5 millions de décès annuels, et le tabac de 3 millions. De quoi faire pâlir les vieux conquérants de l’infectiologie !

Les lecteurs les plus perspicaces auront noté que toutes ces morts sont attribuables à des comportements et à des modes de vie. L’ennemi n’est pas externe, il est en soi-même.

Pour éviter d’être lynché, je précise que les crises économiques aggravent le tabagisme, les dépressions et le suicide, que les obèses ne sont pas coupables de leur enfance et que nul n’est responsable de ses gènes. Néanmoins, la médecine ne peut rien contre ces ennemis-là. Pire, la médecine s’avère délétère devant ces MNT : les antidépresseurs aggravent le suicide et la pathologie iatrogène est devenue une cause majeure de mort prématurée.

Ainsi la plupart des maladies prises en charge aujourd’hui sont des maladies de soi-même, et sur ce point, l’échec de la médecine est logique, historique et constant.

Rendons cependant à César…

Références