Avec les transitions et les carences familiales, les personnes âgées n’ont désormais plus que deux choix de lieu de vie : leur domicile ou les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD).
Les avantages des EHPAD étaient la surveillance et les soins. Mais avec l’augmentation de la demande, le marché y a installé ses méthodes de financiarisation et de licenciements. La logique soignante diminue donc en proportion de la diminution du personnel.
L’avantage du maintien à domicile est la poursuite de la socialisation dans un lieu familier ; ses inconvénients sont des risques d’accidents domestiques et une moindre surveillance médicale. Une nouvelle cybernétique propose de régler ce problème. Les premiers packs comportent un médaillon de téléassistance, des détecteurs de fumée, de température et de gaz anormaux, des chemins lumineux et une automatisation de l’éclairage, pour la modique somme de 150 € par mois.
Cette gérontotechnologie intéresse désormais les multinationales qui diversifient leurs offres tant pour les EHPAD en manque de personnel que pour la solitude au domicile. De nouvelles options sont proposées dans des packs robotiques toujours plus onéreux : visioconférences avec la famille, internet haut-débit, capteurs de chute, téléassistance de pacemakers et autres révolutions technologiques en substitution des mains voisines et des regards familiers.
Hier, un confrère s’émerveillait des prouesses de cette technologie, en affichant une compassion pour la vieillesse à la hauteur de son isolement et au poids de son marché. Une consœur algérienne osa timidement évoquer la nécessité de l’empathie, de la coopération et des valeurs familiales et vicinales autour du vieillissement. Certes, mais le confrère insista alors sur le nombre grandissant de personnes qui n’avaient pas ou plus de famille. Surprenant, répondit notre consœur, car en Algérie, il y a toujours une famille…
Pour ma part, ce court échange me laissa pantois. D’un côté, je découvrais la compassion de notre marché pour nos vieillards ; de l’autre, j’apprenais qu’il existe des pays où ils ont toujours une famille… Et encore du pétrole.