Tous les médicaments possèdent des effets indésirables. Certains y voient un corollaire et une preuve de l’efficacité. Ils en profitent pour moquer l’homéopathie dépourvue d’effets secondaires donc d’effets thérapeutiques. Les homéopathes quant à eux se vantent de l’absence de nuisances de leur thérapeutique. La polémique est stérile et les arguments y sont souvent plus sectaires que scientifiques dans les deux camps. Pourtant, la chose est bien connue, les placebos ont aussi des effets secondaires. Le plus méconnu, et peut-être le plus grave, est l’addiction gestuelle.
Prendre un médicament est un geste non anodin qui sous-entend que le secours ne peut venir que de l’extérieur. Quelle que soit l’efficacité réelle ou supposée du médicament, la gestuelle de sa prise est un inducteur comportemental pour le patient et pour ceux à qui il sert de modèle.
Ainsi, l’expérience de terrain et quelques (trop rares) observations nous montrent comment les partisans de l’homéopathie, prenant leurs médicaments à tout va, pour un oui ou pour un non, au prétexte de leur absence de toxicité, induisent des addictions gestuelles chez leur progéniture.
Il serait passionnant de faire des études sereines pour savoir si, à l’âge adulte, cette addiction se limite aux inoffensives granules…
Moralité : homéopathie ou allopathie, le mieux est toujours de s’abstenir du geste. L’abstention redonne toute sa place à la biologie évolutive et au dénouement spontanément favorable de nos petites misères. Si l’histoire des médiateurs du soin nous montre leur quasi nécessité anthropologique, n’oublions jamais, qu’anodins ou non, ils sont toujours toxiques pour nos influençables comportements.