Réhabilitation des autistes

12 janvier 2025

La nosographie est le classement des maladies. En psychiatrique elle est particulièrement instable et contestable, au point que les médecins osent à peine formuler des diagnostics. Le cas de l’autisme est emblématique de cette valse-hésitation.

Anciennement nommés « débiles mentaux », ces enfants sont devenus « autistes » dans les années 1940, lorsque Kanner et Asperger ont tenté d’en classer les symptômes. Ils ont constaté que plus de la moitié d’entre eux n’étaient pas débiles et qu’inversement, certains avaient de véritables dons intellectuels. Confirmant cette incroyable diversité, les nosologistes ont remplacé la notion de « maladie » par celle de « trouble », popularisant le terme de « trouble du spectre autistique » (TSA) dans les années 2000.

Les causes restent inconnues. Les généticiens avaient obstinément cherché un gène coupable, sans déceler le moindre suspect. Les psychanalystes avaient résolu le problème à leur habituelle façon en accusant la mère carence affective. Bref, la science avait plutôt reculé, laissant patients et familles dans le désarroi ou la honte.

Puis à la fin du XXe siècle, dans le cadre général de la lutte contre les discriminations, avec de dynamiques associations de parents soutenues par certains pédopsychiatres, le pronostic d’une majorité de TSA s’est considérablement amélioré. Thérapies comportementales, accès à l’école, à la vie sociale, aux jeux et aux sports, accès aux médias et à la vie professionnelle, changement du regard des parents et de la société tout entière. Tout y a contribué.

La maladie d’Asperger a eu tous les honneurs de la presse au point d’en devenir presque enviable. Dans les consultations génétiques, on a même vu de malheureux parents dont l’enfant était atteint d’une maladie rare, espérer que l’on porterait le diagnostic d’Asperger sur leur enfant. Les TSA ont ensuite été ennoblis par d’illustres porteurs tels que Cédric Villani le mathématicien, Greta Thunberg la militante écologiste ou le brillant philosophe Joseph Schovanec. On alla même jusqu’à chercher le « trouble » chez les génies du passé. Pourquoi pas Darwin et Einstein ! L’irrépressible contagion sociale était en train de transformer la discrimination négative en discrimination positive.

La nosographie a encore vacillé. On a tendance aujourd’hui à parler de « troubles du neurodéveloppement », ce qui est assez vague, puisque cela peut s’appliquer aussi bien à la schizophrénie qu’à la myopie.

On a enfin forgé le terme de « neuro-atypie » conduisant une association d’autistes en 2004 à nommer inversement « neurotypiques » tous ceux qui n’ont aucune forme d’autisme et à les décrire avec un humour jubilatoire : « Le syndrome neurotypique est un trouble neurobiologique caractérisé par une préoccupation excessive pour les problèmes sociaux, un délire de supériorité et une obsession du conformisme. ».

 Depuis qu’Elon Musk a avoué son TSA, leur réhabilitation sociale est parachevée puisqu’ils comptent aussi de vrais cons parmi eux.

Référence

Miracles et prouesses des grossesses tardives

1 janvier 2025

On parle de grossesse tardive pour une femme de plus de 40 ans et de grossesse très tardive (GTT) après 45 ans. Malgré le livre des records qui ne rate aucune grossesse après cinquante ans et malgré les autres biais médiatiques et illusions technologiques, le nombre de naissances survenues après une GTT ne varie pas : il est d’environ une cinquantaine par an en France.

Contrairement à des idées répandues, ces grossesses résultent peu de capricieux désirs tardifs chez des femmes célibataires ou ayant privilégié leur carrière. Non la majorité de ces GTT surviennent chez des femmes en couple stable dont 60 % ont déjà un ou plusieurs enfants. Ce qui signifie que 40% de ces GTT concernent un premier bébé survenu sans assistance médicale. Il ne s’agit donc pas de « miracles » de la nature, comme on le dit souvent, mais simplement de son incroyable diversité.  

Pour la médecine, il est plus approprié de parler de prouesses. Un « miracle » est une réussite spontanée, et c’est cette spontanéité qui est miraculeuse. Une prouesse résulte d’une programmation dont le succès est rare par définition. Accordons cependant à la médecine, plus précisément à l’obstétrique, d’avoir sécurisé l’accouchement de ces GTT très risquées. Et accordons à la procréation médicalement assistée (PMA) d’avoir permis la naissance de 60% de ces premiers bébés de GTT.  

Cependant, si la nature s’autorise un certains nombre de miracles, elle en autorise moins à la médecine. Pour les trente bébés (environ) nés chaque année en France d’une GTT après PMA, – l’austérité de ces sigles semble orienter mon propos – une dizaine a bénéficié d’une injection de spermatozoïdes paternels dans le cytoplasme d’un ovule maternel, et une vingtaine résulte d’un don d’ovocyte.

En langage clair, cela signifie qu’après 45 ans, les spermatozoïdes deviennent plus rares et plus chétifs et que les ovocytes deviennent rarissimes. Et lorsque la diversité de la nature accomplit encore quelques miracles cellulaires, la programmation médicale parvient assez rarement à les transformer en prouesses, comme en témoigne la stabilité du nombre de GTT après PMA au fil des ans, indépendamment de la morale, de l’éthique, de la publicité et des lois de chaque pays.

La procréation naturelle et la procréation assistée semblent toutes deux avoir atteint leurs paliers de miracles et de prouesses. Malgré ces évidences, ne doutons pas que le commerce médical tentera toujours de répondre à des demandes déraisonnables.

Sans aborder l’épineux sujet des mères porteuses, et en attendant d’avoir compris qu’un enfant résultant d’un don de spermatozoïdes et/ou d’ovocytes est l’équivalent d’un enfant adopté, il nous reste à décider qui doit payer pour ces commerces de l’illusion transhumaniste ?

La réponse est probablement trop simple pour être bien comprise : laissons à la médecine et à la solidarité nationale ce qui leur revient et agissons de même pour le commerce.

Bibliographie

Reproduction et migrations

19 décembre 2024

Les sciences de l’évolution démontrent que les espèces n’ont jamais cessé d’adapter leurs traits et leurs comportements à l’environnement. La reproduction étant le processus fondamental de la vie, la stratégie reproductrice est le trait comportemental qui présente logiquement la plus forte dépendance à l’environnement.

Un compromis entre vieillissement individuel et reproduction de l’espèce a permis de modéliser deux stratégies opposées nommées « r » et « K » pour des raisons historiques.

La stratégie « r » (ou rapide) concerne des animaux de petite taille, à croissance rapide et maturité sexuelle précoce. Ils vivent en milieux hostiles ou instables avec une mortalité élevée et une faible espérance de vie. Ils ont une nombreuse progéniture sur laquelle ils pratiquent peu de soins parentaux. Leurs populations sont fluctuantes avec peu de compétition sexuelle et guère de compétition pour les ressources mêmes si elles sont faibles. 

La stratégie « K » (ou lente) est diamétralement opposée et correspond à un habitat stable ou bien maîtrisé. Les individus de grande taille ont une croissance plus lente, nécessitant plus de soins parentaux. Leur maturité sexuelle est tardive et ils ont moins de progéniture. Les populations sont stables avec une forte compétition pour le sexe et pour les ressources.

Les poissons et insectes ont une stratégie « r », alors que les primates sont des adeptes de la stratégie « K », Homo sapiens en étant un extrémiste.  

Ce modèle théorique est modulé par le fait que toute espèce peut adopter une stratégie mixte ou la faire varier. Ces variations peuvent être rapides contrairement à l’idée reçue d’une évolution toujours lente. Les processus épigénétiques et culturels sont désormais connus comme les deux principaux accélérateurs de l’évolution.

Dans notre espèce, les adaptations culturelles viennent confirmer ce modèle biologique. Les classes sociales défavorisées et les pays pauvres tendent vers une stratégie « r », et inversement, les classes et pays nantis ont poussé la stratégie K jusqu’au risque du dépeuplement.

La culture de chaque pays module sa natalité. Poutine encourage la procréation pour fournir de la chair à canon à ses guerres. En attendant il en importe depuis la Corée du Nord. Les Chinois, après l’enfant unique, reviennent à une politique nataliste, car leur guerre économique nécessite des bras qui commencent à manquer. Ce pays risque fort de devenir vieux avant de devenir riche.  

Quant aux pays occidentaux, l’abondance de leurs ressources et leur universalisme béat leur ont fait croire qu’ils pouvaient sans risque externaliser leurs guerres et leurs usines dans des pays « r ». Ils n’avaient pourtant cessé leurs propres guerres et fermé leurs usines que depuis très peu de temps, même au rythme rapide de l’évolution culturelle.

Nul ne peut être devin face aux aléas constitutifs de l’évolution, nous pouvons cependant être certain que les migrations ne sont pas près de ralentir, avec ou sans le docteur Folamour.

Références

Guerres des drogues

6 décembre 2024

En 1839, la guerre de l’opium a illustré la diversité des armes que peut utiliser un pays pour en affaiblir un autre. Les Anglais avaient alors utilisé la corruption, arme redoutable, pour troquer le thé contre de l’opium, autre arme redoutable, qui affaiblissait les soldats et les fonctionnaires chinois.

L’alcool et les drogues ont servi à toutes les colonisations. Le rhum avait déjà été utilisé comme monnaie dans la traite négrière. L’eau de feu avait asservi les Indiens d’Amérique. L’Afrique et l’Océanie avaient reçu maints alcools modérateurs de rébellion. La corruption n’étant que l’huile de ces rouages

La consommation rituelle de drogues est un invariant culturel, ainsi que les anthropologues nomment un comportement qui a toujours existé dans toutes les sociétés et cultures. Ces rites sont faciles à dévoyer en récréations et addictions. Les conquérants n’ont pas eu de difficultés à anticiper le mal que feraient ces divers alcools sur leurs ennemis, après en avoir constaté les effets sur leurs propres soldats. Les marchands ont mesuré l’opportunité commerciale des addictions. Enfin, nul n’étant plus corruptible qu’un drogué en manque, il n’était pas besoin d’être un stratège de génie pour conquérir des continents.

De nos jours, les drogues se sont largement diversifiées et alimentent de très lucratifs commerces licites ou illicites. L’utilisation rituelle a cédé devant l’utilisation récréative et les impératifs neurophysiologiques de l’addiction. Les marchands actuels ont encore plus de cynisme que les guerriers de l’opium. L’alcool se décline de mille façons pour attirer les plus jeunes. Les tranquillisants qui annulent la volonté et les réflexes sont prescrits par les médecins. Le cannabis est proposé aux femmes enceintes au prétexte de calmer leurs nausées, mais surtout pour capter définitivement la clientèle de leurs embryons. Les opioïdes de synthèse sont remboursés, car la douleur a changé de statut pour devenir une cause nationale.

Le plus connu de ces opioïdes est le Fentanyl que la Chine vend à la tonne aux Etats-Unis où il est devenu la première cause de baisse de l’espérance de vie. Belle vengeance pour les Chinois humiliés par le traité de Nankin qui les avait obligés à céder Hong-Kong et à ouvrir leurs ports aux navires britanniques chargés d’opium. 

En 1839, pour se défendre, l’empereur chinois avait fait brûler vingt-mille caisses d’opium. Les Américains ne brûleront pas de caisses de Fentanyl, car ils sont dépendants à la fois de la drogue et du profit. La solution pourrait venir des Chinois qui, voyant se décimer trop rapidement leur clientèle pour d’autres exportations, limiteraient celle du fentanyl. L’équilibre sera toutefois difficile à trouver, car ils doivent préserver tous leurs marchés.

La consommation de drogues n’était jusqu’alors que l’une de nos multiples dérives anthropologiques ; avec la domination du commerce, médical ou autre, elle est devenue une menace vitale sur notre espèce.

Aléas de l’évolution…

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Ces riens qui perdurent

25 novembre 2024

Le mot « aujourd’hui » peut signifier entre minuit et minuit, ou par extension : de nos jours. L’expression nouvelle « au jour d’aujourd’hui » est une tautologie qui désigne possiblement une journée de moins de 24 heures. Je ne sais pas vraiment.

Ce qui « dure » est ce qui prend plus de temps qu’estimé. Perdurer signifie durer très longtemps, voire toujours. C’est probablement pour compenser le zapping médiatique et politique que le mot « durer » a cédé sa place au mot « perdurer ».

Un « problème » est une situation difficile à régler ou une énigme à résoudre. « Problématique » est soit un adjectif qui désigne la situation qui pose un problème, soit un nom qui désigne un ensemble de problèmes sur le même sujet. Avez-vous remarqué que de nos jours les problèmes ont disparu au profit des problématiques ?

Les drames, les horreurs, les cataclysmes, les barbaries courent sur les réseaux sociaux à une vitesse qui ne peut pas encore dépasser la vitesse de la lumière, jusqu’ici indépassable. Cependant les internautes s’approuvent souvent à 200%, parfois à 1000% ; je vous laisse imaginer le degré de leur communion spirituelle.

Quant aux mensonges, ils ont inversement perdu toute leur vigueur, ils sont devenus des éléments de langage, plus connus des experts en communication sous leur sigle EDL.

Ces dérives sémantiques sont l’huile des rouages de l’info continue et ces EDL couvrent les vacuités politiques qui ont permis l’élection de Boris Johnson et de Donald Trump, pour ne parler que des plus caricaturaux.

De façon moins littéraire ou plus moderne, osons dire que ces abus et éléments de langage sont horriblement terrifiants, dramatiquement cataclysmiques et épouvantablement effrayants.

Mais pourquoi un médecin parle-t-il de tout cela dans une chronique médicale ?

J’avais simplement envie de m’éloigner de la nouvelle dramaturgie clinique où les maladies graves ne sont plus les myopathies, les tétraplégies et autres pestes, mais toutes celles qui perdurent en nous sans qu’on les remarque et qu’il faut se dépêcher de dépister avant que leur mystérieuse problématique ne les rende redoutablement effroyables dès le jour d’aujourd’hui ou même avant.

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Tabac par tous les bouts

14 novembre 2024

L’histoire du marketing du tabac est insolite. Importé du Nouveau Monde, il a été utilisé comme médicament jusqu’au début du XIXe siècle, d’abord pour soigner les migraines à la Cour de France, puis dans de multiples autres maux. Cette herbe médicinale a été utilisée en emplâtre, puis prisée et chiquée. Ce n’est qu’après le constat de ses échecs thérapeutiques que le tabac a été fumé pour le seul plaisir.

La majorité des méthodes mercatiques ont été testées sur le tabac. La distribution gratuite aux conscrits a contraint les jeunes hommes à l’image virile du fumeur. Puis Edward Berneys a doublé le marché en faisant fumer les femmes. L’industrie du cinéma a mis des cigarettes dans la bouche de tous les acteurs et de la fumée sur tous les écrans. Lorsque de premières études ont démontré le risque pulmonaire, on a soudoyé un grand généticien pour lui faire dire que le gène du cancer du poumon prédisposait aussi au tabagisme.

Si certains fumeurs ignorent encore les manipulations dont ils ont été les jouets, plus aucun ne peut ignorer les dangers du tabac, devenu la première cause de mort évitable. Cette vérité universelle a été une étrange aubaine mercatique en suggérant aux adolescents et aux contestataires de défier la mort inscrite sur les paquets. Mais cette vérité a surtout permis la création du marché du sevrage, d’autant plus lucratif qu’il n’est pas entravé par les taxes appliquées aux cigarettes. Tout a commencé avec les patchs, inaugurant la peau comme nouvelle voie d’absorption du tabac. Puis les cigarettes électroniques dont un modèle à usage unique au goût sucré vise d’autres adolescents moins téméraires. On assiste au retour de la chique, par l’absorption orale de sachets de tabac en poudre nommé « snuff » : vocable à sonorité plaisante et moderne. Cette poudre a aussi permis de réhabiliter la voie nasale ou « prise » qui était tombée en désuétude.

La toute dernière nouveauté est celle de dispositifs chauffant le tabac au lieu de le brûler.

Toutes ces nouvelles consommations révèlent des risquent addictogènes et carcinogènes identiques, leur législation diffère selon les pays, mais elles bénéficient d’un a priori positif basé sur l’idée de sevrage.

Le tabac n’existe pas encore en suppositoire, pourtant la voie rectale a déjà été explorée dans les années 1740. Un homme récupère sa femme noyée dans la Seine et pleure devant son corps inanimé. Un soldat de passage, la pipe à la bouche, convainc le mari d’introduire le tuyau de sa pipe dans l’anus de sa femme et d’y souffler la fumée de toutes ses forces. À la cinquième bouffée, on entend gronder le ventre de la noyée qui rend un peu d’eau et revient à elle.

Pendant quelques années, la réanimation des noyés a consisté à introduire de la fumée de tabac dans leurs intestins. Le sénéchal de Paris fit poser des boîtes de secours contenant divers ustensiles dont une pipe et du tabac.

L’histoire ne dit pas si le soldat de passage avait suivi des cours de marketing.

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Maladies en augmentation

4 novembre 2024

Lorsque les épidémiologistes constatent l’augmentation de la prévalence d’une maladie, ils se méfient des risques de confusion. En effet, cette augmentation peut être due à de meilleurs diagnostics grâce à nos progrès technologiques ou à une nouvelle définition de la maladie. Ce n’est qu’après avoir éliminé ces deux risques de confusion que l’on peut raisonnablement penser à des modifications environnementales.

Prenons quelques exemples emblématiques. Le nombre d’hypertension a logiquement augmenté brutalement à chaque fois que l’on a défini une nouvelle norme de tension artérielle. Le nombre de cancers du pancréas a augmenté parallèlement au nombre d’échographies et scanners de l’abdomen. Hélas, cette précocité diagnostique n’ayant pas modifié son pronostic redoutable a conduit les autorités à en déconseiller le dépistage. Les causes environnementales connues de ce cancer semblent assez stables (nutrition, tabac, alcool).

L’augmentation de la prévalence de l’autisme est mixte. Les critères diagnostiques ont considérablement évolué jusqu’à inclure l’autisme dans le grand ensemble des troubles du spectre autistique (TSA), troubles si nombreux que certains en sont aujourd’hui retirés. Mais il existe assurément des causes environnementales. Parmi les causes anténatales, certaines n’ont pas subi d’augmentation notable (maladies psychiatriques chez la mère et dans la famille, épilepsie maternelle), d’autres au contraire sont en augmentation, telles que l’âge élevé des parents et plus particulièrement des pères, à la fécondation. Parmi les causes gestationnelles, certaines ont peu varié (infections fébriles au 2ème trimestre, hypertension gravidique) d’autres sont au contraire en recrudescence (pesticides, métaux lourds, antidépresseurs, perturbateurs endocriniens, traitements antiépileptiques). Parmi les causes néonatales, les convulsions ont peu varié, contrairement à d’autres (prématurité, allaitement artificiel trop précoce, diabète gestationnel, dégradations socio-économiques) qui ont augmenté.

D’autre maladies comme les démences de type Alzheimer n’augmentent qu’en raison de l’accroissement du nombre de personnes âgées, sans qu’il soit possible de dégager de causes environnementales.

D’autres variations de prévalence (dépressions, insomnies) résultent surtout du flou des diagnostics et autodiagnostics.

Plus récemment, les épidémies de maladies infectieuses se sont doublées d’épidémies de diagnostics, comme dans le cas de la covid 19 où les tests PCR positifs étaient considérés comme des cas, même en l’absence de symptômes.

La prudence statistique des épidémiologistes conduit probablement à sous-estimer les causes environnementales des maladies. Cependant, l’augmentation régulière de l’espérance de vie dans la quasi-totalité des pays du monde, permet d’affirmer que les causes diagnostiques sont plus fréquentes que les causes environnementales.

Bibliographie

Enlèvement de prématuré

24 octobre 2024

Le ministère de la justice a mis en place en 2006 une alerte « enlèvement enfant » dont le taux de réussite est de 97%. Saluons cette initiative et son remarquable succès. La quasi-totalité des cas concerne des enfants enlevés par l’un des deux parents en conflit avec l’autre, ce qui explique certainement le taux de réussite.

La dernière alerte d’octobre 2024 concerne un enfant de 17 jours, enlevé par ses deux parents.

Je suis resté pantois devant cette annonce que je me suis efforcé de répéter : « un enfant enlevé par ses deux parents ». Passée ma stupéfaction, j’ai appris que ces parents « kidnappeurs » sont inaptes à la fonction parentale ; ce nourrisson risquait de leur être retiré et il était en soin dans un service de néonatologie pour grande prématurité. Tout cela me parût alors logique : le ministère public s’oppose à des parents inaptes pour sauver la vie d’un enfant innocent.

J’ai alors envisagé divers scénarios pour cet enfant après son irréversible venue au monde. Une grande prématurité n’est pas de bon augure pour l’avenir sensoriel, voire cognitif, malgré les immenses progrès de la néonatologie. La mère n’étant pas obèse, cette prématurité a de fortes chances d’être liée à des consommations de diverses drogues de la mère pendant la grossesse, ce qui laisse penser que le déficit cognitif de l’enfant est déjà installé, menaçant encore plus ses capacités d’adaptation. Dans le meilleur des cas, si l’enfant est récupéré par l’hôpital après quelques jours, la carence de soins pendant cette période aggravera certainement le pronostic déjà bien sombre.

La meilleure option serait une reddition des parents réalisant leur erreur, cela ne modifierait pas le pronostic sanitaire précédent, et diminuerait guère notre inquiétude pour son éducation dont l’impact à long terme est bien plus important qu’une naissance à terme.

Si le ministère public considère que cet enfant il lui a été enlevé, cela signifie qu’il estime en être le parent légitime. On pourrait alors lui reprocher de n’avoir pas reconnu plus tôt cet enfant afin d’éviter de tels scénarios hautement probables. Cela nous amènerait à débattre sur l’identité et l’appartenance d’un embryon, sujet qu’il n’est actuellement pas possible d’aborder à l’Assemblée nationale, tant elle est préoccupée par sa propre identité.

Mettre en avant la nécessité de soins intensifs immédiats est une façon de surjouer l’émotion pour dissimuler nos carences en amont et en aval des soins médicaux. Cela nous fait du bien.

Il ne faudra donc plus nous étonner des dérives autoritaires et marchandes d’une médecine devenue dépotoir de nos carences.

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Médecine libérale en démocratie

16 octobre 2024

Déclarer l’effet indésirable d’un médicament au centre de pharmacovigilance est certainement une manœuvre sournoise contre l’industrie pharmaceutique. De la même façon qu’accuser un membre du clan Le Pen de propos racistes, d’emplois fictifs ou de détournement d’argent ne peut relever que de basses manœuvres politiques. Demander le déremboursement d’un médicament inutile est de la pharmacophobie, exactement comme expulser un musulman qui n’a pas payé son loyer est de l’islamophobie. Oser dire qu’un médicament est dangereux est du radicalisme anti big-pharma, exactement comme condamner Israël pour ses frappes sur le Liban est de l’antisémitisme.

Refuser du cannabis à une femme pour traiter les nausées du premier trimestre de grossesse est tyrannique et lui conseiller vivement l’allaitement maternel est machiste. Dire à une femme de se dévêtir pour un examen clinique est un conformisme clinique désuet et lui proposer un frottis vaginal est assimilable à du harcèlement sexuel. Demander à une femme d’enlever son voile relève d’un laïcité obtuse, comme lui dire que son CV ne convient pas au poste recherché relève du sexisme.

S’intéresser à la dermatologie sur peau noire est aussi raciste que mettre en garde à vue un dealer noir. Se passionner pour la génétique des populations est du fascisme. S’en désintéresser est un mépris pour les minorités.

Un praticien qui met en doute l’efficacité des dépistages médicaux est un obscurantiste. Lorsqu’il s’interroge sur la télémédecine, le transhumanisme et l’intelligence artificielle, il révèle un archaïsme saugrenu, et lorsqu’il en fait la promotion, c’est qu’il s’est béatement inféodé aux GAFAM.

Refuser une chirurgie de réassignation sexuelle à un adolescent de 16 ans est transphobe, comme avoir des réserves sur la GPA est homophobe.

Promouvoir la marche à pied s’apparente à une écologie punitive. Minimiser un risque épidémique est de l’inconscience, alors qu’évoquer une maladie environnementale est catastrophiste. Exiger tel vaccin est du fondamentalisme, mettre en doute l’efficacité de tel autre est du complotisme.

Question subsidiaire : les médecins qui ont eu le courage de refuser une benzodiazépine à quelqu’un qui ne dormait pas ou de la morphine à quelqu’un qui souffrait d’arthrose étaient-ils des prophètes ou des barbares ?

Exercer la médecine générale dans une démocratie libérale est une chance et un honneur. Cela expose néanmoins à de nombreuses et insolites critiques qu’il faut apprendre à relativiser.

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Grossesse, tabac et autres drogues

4 octobre 2024

Nul ne peut ignorer que fumer pendant la grossesse est très nocif pour l’embryon, le fœtus, le bébé et l’adulte qu’il deviendra. Les cigarettiers ont eu l’obligation de l’écrire en gros caractères sur leurs paquets, néanmoins, les ministères n’ont pas évalué l’impact de cette éducation sanitaire déléguée à des marchands.

Il faudrait exiger la fabrication de paquets beaucoup plus gros d’au moins deux-cents cigarettes pour avoir la place d’écrire la liste des risques avérés : prématurité, petit poids de naissance, malformations fœtales, cardiopathies congénitales, troubles cognitifs, troubles du comportement dans l’enfance et l’adolescence, hyperactivité, ralentissement de la croissance du cerveau, difficultés scolaires et psycho-sociales. Les enfants issus de ces grossesses auront à leur tour plus de comportement addictifs au tabac et à l’alcool. Ils seront plus souvent obèses et les filles auront plus de diabète gestationnel. Le risque de mort subite du nourrisson et la mortalité périnatale seront nettement plus élevés. Les os de ces bébés seront plus fragiles avec un risque supérieur de fracture avant un an. Le risque de maladie bipolaire sera supérieur. Le risque de maladies infectieuses et d’allergies sera plus élevé. Il faudrait ajouter sur les paquets des photos montrant les altérations des neurones et de la substance blanche et les modifications chromosomiques de la région 11q23 impliquée dans les leucémies.

Il faudrait aussi fabriquer de plus grosses bouteilles des divers sodas pour y écrire la liste des risques liés à l’obésité en cas de grossesse. Ils rejoignent presque tous les risques du tabac par le biais de la prématurité et du petit poids de naissance. Il faut y ajouter un risque supérieur d’infirmité motrice d’origine cérébrale.

Quant au cannabis en cours de grossesse, il cumule tous les inconvénients du tabac et de l’obésité.

Certains experts accusent ces gestantes de crime contre l’humanité. Leurs avocats invoquent des circonstances atténuantes : elles sont souvent moins éduquées, plus pauvres et plus souvent célibataires.

Il y a pourtant pire. Les antidépresseurs et le paracétamol abondamment prescrits pendant la grossesse impactent le développement neurologique de l’enfant. La Thalidomide, le Distilbène et la Dépakine, longtemps prescrits aux femme enceintes pour leur bien, ont posé sur les embryons des marques épigénétiques qui sont en train de traverser les générations.

Le cannabis est désormais prescrit pour lutter contre les nausées de la femme enceinte et l’on n’hésite plus à leur prescrire des opioïdes pour diverses douleurs.

Non seulement, les alertes des médecins n’ont pas suffi à éradiquer le tabac en cours de grossesse, mais encore, la médecine s’ingénie à le remplacer par bien pire chez les gestantes non-fumeuses.

Bibliographie