La plus ancienne allergie infantile connue est celle au lait de vache apparue logiquement avec l’allaitement au biberon. Ensuite, on a diagnostiqué de nouvelles allergies (œuf, arachide poisson, etc.) Ces deux diagnostics ont été suivis par des effets diamétralement opposés. D’un côté, on a donné de plus en plus de lait de vache aux nourrissons en créant le faramineux marché des laits en poudre. De l’autre, on a supprimé les aliments coupables. Trouvez l’erreur.
Or le lait de femme est le plus adapté aux nourrissons humains. Qui l’eut cru ? Il protège contre les maladies infectieuses et garantit la meilleure santé et les meilleures performances aux nourrissons dans un rapport que l’on n’ose plus évoquer par peur de blesser quelque mère contrainte au biberon.
Mais, de façon inattendue, le lait maternel se révèle être le meilleur traitement préventif contre les allergies. En gros, le sein protège contre les infections et les allergies. Cela non plus ne peut pas être dit de façon aussi crue, de peur de blesser beaucoup trop de monde.
Au contraire, pour être « consensuel », il faut promouvoir les substituts qui ont remplacé le lait et les aliments allergisants. Car après le séduisant « lait maternisé en poudre », on a ouvert de nouveaux boulevards commerciaux, grâce aux allergies que ce lait avait précisément provoquées. On compte aujourd’hui plus de 250 boissons infantiles dont la moitié à base de soja, mais aussi amande, noisette, noix, sésame, avoine, épeautre, orge, millet, sarrasin, ou de plus exotiques comme kamut, noix de coco, quinoa ou amarante. Pour s’évader de son écosystème, l’exotisme d’une plante est encore plus séduisant que l’exotisme d’une vache.
Au cœur de ce capharnaüm où nul ne maîtrise plus rien, certains médecins téméraires ont osé faire de vraies études cliniques. Les conclusions sont époustouflantes et sans appel : tous ces succédanés lactés et alimentaires ne diminuent ni les allergies alimentaires, ni l’asthme, ni l’eczéma.
Mais il y a pire : les exclusions alimentaires augmentent les risques d’allergies futures. Le fait de retarder la diversification alimentaire du nourrisson n’a jamais apporté la preuve de diminution des risques d’eczéma ou d’asthme. Les exemples les plus démonstratifs sont ceux de l’arachide et des œufs que l’on avait presque proscrits. Aujourd’hui, on prouve que plus on les donne tôt, plus le risque d’allergie diminue.
Enfin, les exclusions alimentaires provoquent des risques de carence en micronutriments qui aggravent à leur tour les difficultés alimentaires.
Pourtant, anthropologues, ethnologues et cliniciens ont depuis longtemps prouvé que la santé optimale d’un nourrisson humain dépend d’un allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois, puis d’une diversification alimentaire progressive sans exclusion jusqu’à 3 ans.
Vérité à raviver, car il serait dommage que nos enfants ne puissent pas aller sur Mars simplement parce qu’ils ne supportent plus aucun nouvel aliment.