Le terme générique de « maladies non transmissibles » (MNT) est utilisé en opposition aux maladies infectieuses, donc transmissibles.
Le confort, l’hygiène et la médecine ont diminué le fardeau des infections, jusqu’à placer les MNT au premier plan. Ces nouvelles maladies tumorales, dégénératives ou cardiovasculaires sont devenues la première préoccupation de la médecine suite à ses victoires sur les maladies transmissibles.
Cependant, la mortalité est différente : souvent prématurée (avant 65 ans par définition) dans les infections et « non prématurée » dans les autres.
Pour le dire plus simplement, ces MNT sont les diverses faces de la « mort naturelle ». Les avoir hissées aux premiers rangs de la mortalité est une victoire. En diminuer le poids relatif signifierait un retour des maladies responsables de morts prématurées, donc une régression.
La réalité des 25 dernières années confirme et consolide les progrès de la médecine qui a encore fait gagner 5 années/qualité de vie dans 200 pays par le contrôle des maladies transmissibles et de la périnatalité : ses domaines d’excellence.
Inversement, pour les MNT, le bilan est « heureusement » mauvais pour les morts non prématurées. Hélas, il est devenu désastreux pour les morts prématurées qui ne cessent d’augmenter. Les nouveaux défis, désormais au premier rang des morts prématurées, sont les addictions et intoxications volontaires, les céphalées chroniques et insuffisances rénales liées aux médicaments, le diabète de type 2, les jeunes cancers du tabagisme, l’hypertension et les accidents vasculaires prématurés, la dépression, le suicide, la pathologie iatrogène, ainsi que les accidents, l’alcool et les drogues chez les 25-44 ans. Sachant que l’obésité et la sédentarité créent ou aggravent la plupart de ces maladies.
Aux USA, la sédentarité coûte chaque année 60 milliards de dollars. Ne me demandez pas comment on en arrive à parler en dollars, faites confiance aux américains sur ce point ! Dans le monde, l’obésité est responsable de 3,5 millions de décès annuels, et le tabac de 3 millions. De quoi faire pâlir les vieux conquérants de l’infectiologie !
Les lecteurs les plus perspicaces auront noté que toutes ces morts sont attribuables à des comportements et à des modes de vie. L’ennemi n’est pas externe, il est en soi-même.
Pour éviter d’être lynché, je précise que les crises économiques aggravent le tabagisme, les dépressions et le suicide, que les obèses ne sont pas coupables de leur enfance et que nul n’est responsable de ses gènes. Néanmoins, la médecine ne peut rien contre ces ennemis-là. Pire, la médecine s’avère délétère devant ces MNT : les antidépresseurs aggravent le suicide et la pathologie iatrogène est devenue une cause majeure de mort prématurée.
Ainsi la plupart des maladies prises en charge aujourd’hui sont des maladies de soi-même, et sur ce point, l’échec de la médecine est logique, historique et constant.
Rendons cependant à César…