Miracles et prouesses des grossesses tardives

On parle de grossesse tardive pour une femme de plus de 40 ans et de grossesse très tardive (GTT) après 45 ans. Malgré le livre des records qui ne rate aucune grossesse après cinquante ans et malgré les autres biais médiatiques et illusions technologiques, le nombre de naissances survenues après une GTT ne varie pas : il est d’environ une cinquantaine par an en France.

Contrairement à des idées répandues, ces grossesses résultent peu de capricieux désirs tardifs chez des femmes célibataires ou ayant privilégié leur carrière. Non la majorité de ces GTT surviennent chez des femmes en couple stable dont 60 % ont déjà un ou plusieurs enfants. Ce qui signifie que 40% de ces GTT concernent un premier bébé survenu sans assistance médicale. Il ne s’agit donc pas de « miracles » de la nature, comme on le dit souvent, mais simplement de son incroyable diversité.  

Pour la médecine, il est plus approprié de parler de prouesses. Un « miracle » est une réussite spontanée, et c’est cette spontanéité qui est miraculeuse. Une prouesse résulte d’une programmation dont le succès est rare par définition. Accordons cependant à la médecine, plus précisément à l’obstétrique, d’avoir sécurisé l’accouchement de ces GTT très risquées. Et accordons à la procréation médicalement assistée (PMA) d’avoir permis la naissance de 60% de ces premiers bébés de GTT.  

Cependant, si la nature s’autorise un certains nombre de miracles, elle en autorise moins à la médecine. Pour les trente bébés (environ) nés chaque année en France d’une GTT après PMA, – l’austérité de ces sigles semble orienter mon propos – une dizaine a bénéficié d’une injection de spermatozoïdes paternels dans le cytoplasme d’un ovule maternel, et une vingtaine résulte d’un don d’ovocyte.

En langage clair, cela signifie qu’après 45 ans, les spermatozoïdes deviennent plus rares et plus chétifs et que les ovocytes deviennent rarissimes. Et lorsque la diversité de la nature accomplit encore quelques miracles cellulaires, la programmation médicale parvient assez rarement à les transformer en prouesses, comme en témoigne la stabilité du nombre de GTT après PMA au fil des ans, indépendamment de la morale, de l’éthique, de la publicité et des lois de chaque pays.

La procréation naturelle et la procréation assistée semblent toutes deux avoir atteint leurs paliers de miracles et de prouesses. Malgré ces évidences, ne doutons pas que le commerce médical tentera toujours de répondre à des demandes déraisonnables.

Sans aborder l’épineux sujet des mères porteuses, et en attendant d’avoir compris qu’un enfant résultant d’un don de spermatozoïdes et/ou d’ovocytes est l’équivalent d’un enfant adopté, il nous reste à décider qui doit payer pour ces commerces de l’illusion transhumaniste ?

La réponse est probablement trop simple pour être bien comprise : laissons à la médecine et à la solidarité nationale ce qui leur revient et agissons de même pour le commerce.

Bibliographie

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