Un patient atteint de « tremblement essentiel » me demanda ce qu’était cette maladie. Je lui expliquai avec quelque difficulté qu’il s’agissait d’une maladie dont on ignorait la cause, probablement une dégénérescence neurologique liée à l’âge. Il m’interrogea sur le qualificatif « essentiel », je dus alors admettre l’étrangeté de ce terme qui s’applique aux maladies dont on ignore la cause, comme l’hypertension artérielle essentielle. Cependant, nombreuses sont les maladies, schizophrénie ou migraine, dépourvues de cet épithète malgré l’ignorance qui les entoure.
Le terme de « non-spécifique » est plus direct et moins obscur, il désigne littéralement les maladies dont l’espèce (donc la cause) n’est pas identifiable. On parle de pneumopathie interstitielle non spécifique, de colite, de myocardite, d’urétrite ou de dermatite, toutes non spécifiques, pour nommer ces inflammations des poumons, du colon, du myocarde, de l’urèthre ou de la peau dont la cause ne semble ni infectieuse ni auto-immune.
La médecine utilise aussi le terme « idiopathique » pour qualifier sa méconnaissance des causes. Ainsi, fibrose pulmonaire, scoliose, thrombocytopénie, hypertension intracrânienne, cardiomyopathie hypertrophique ou épilepsie sont autant de maladies qui possèdent une forme idiopathique.
Parfois, de façon moins grandiloquente, on utilise le mot « sénile » pour qualifier une évidence. La plus connue est la démence sénile, caractérisée par des « plaques séniles » dans le cerveau. On parle aussi d’ostéoporose, de cataracte et de kératose séniles, autant de dégénérescences qui affectent nos os, nos cristallins et notre peau au fil du temps. Lorsque la vieillesse de nos organes est caractérisée par une particularité identifiable, on préfère utiliser un vrai nom de maladie, qui évite l’affront du » sénile » ou du » dégénératif « . Ainsi les plaques séniles de la démence sont devenues les plaques amyloïdes de la maladie d’Alzheimer, alors que la maladie de Parkinson devenait un déficit en L-Dopa.
La palme revient à la DMLA, un sigle largement médiatisé pour vendre un médicament supposé ralentir certaines formes de cette dégénérescence de la rétine. L’idée de vendre un médicament pour soigner une maladie dont le nom même affirme qu’elle est exclusivement liée à l’âge, peut paraître cocasse d’un point de vue mercatique ou miraculeux d’un point de vue biologique.
Le mot « dégénératif » tend à être définitivement banni. Ainsi, l’ostéoarthrite dégénérative est devenue « arthrose » qui sonne comme un nom familier, presque sympathique, sauf lorsqu’elle provoque des insuffisances rénales et des addictions par l’abus d’antiinflammatoires et de morphiniques.
Ce patient, après mes explications confuses sur la nosographie de l’ignorance, osa conclure que la vieillesse est une maladie essentielle. Je n’eus pas d’autre choix que de l’encourager dans cette sagesse qui le protégerait de bien de tourments et lui épargnerait assurément d’innombrables maladies iatrogènes.
Vous oubliez l’expression « douleur exquise » pour une douleur très localisée
Heureusement tombant peu à en désuétude
Les tremblements essentiels peuvent être générés aussi par la prise
de médicaments et ce indépendamment de l’âge.
notre médecine par ses termes est parfois nébuleuse.
Quand j’ai débuté mes années de médecine, les vertébres dorsales étaient D1…maintenant elles sont nomées T1…les côtes étaient C maintenant elles sont K