Plusieurs études, originales et sérieuses, ont essayé d’établir des relations entre le statut matrimonial et l’état de santé.
La cardiologie en livre d’étonnants résultats. Par exemple, le fait de vivre sans conjoint après 75 ans augmente de 25% le risque de décès dans l’année qui suit un infarctus.
Nous savons que la pression artérielle est intimement liée à l’environnement socio-professionnel. Dans un couple, la qualité de la relation conjugale auto-déclarée (haute, moyenne ou faible) est inversement proportionnelle à la pression artérielle. Les électrocardiogrammes d’effort après un stress mental révèlent que le myocarde des célibataires y est deux à trois fois plus sensible que celui des personnes vivant en couple. De manière générale, chez les femmes, le veuvage dégrade le profil cardio-vasculaire.
Chez les sédentaires, l’activité sexuelle entraîne des risques de mort subite et d’accident cardiaque aigu plus élevés chez les célibataires que chez les appariés. Cependant, une activité sexuelle régulière diminue ce risque (comme pour l’activité physique). La vie en couple serait alors un avantage, si nous postulons que l’activité sexuelle y est plus régulière.
Le statut matrimonial a bien d’autres répercussions sur la santé. La vie en couple et, a fortiori, la vie familiale limitent les conduites à risque et stimulent les fonctions cognitives. Ainsi, le risque de démence chez les célibataires et supérieur de 50% à celui des personnes mariées. Cette différence ne se constate pas chez les divorcés. C’est ainsi !
Le psychisme est évidemment concerné. L’hospitalisation pour raisons psychiatriques multiplie par cinq le risque de suicide du conjoint, dans les deux années suivantes. Le décès du conjoint multiplie ce risque par huit (toujours dans les deux ans) ; et si le décès est dû à un suicide, ce risque est multiplié par plus de vingt.
Une douleur importante en fin de journée chez l’un des conjoints diminue la quantité et la qualité de sommeil de l’autre, avec un sommeil d’autant moins réparateur que la relation conjugale est plus étroite. Quant aux douleurs chroniques, celle de l’un influe objectivement sur l’état de santé de l’autre.
Si le mariage est déjà fort connu pour augmenter l’espérance de vie des individus, on connaît moins ses répercussions en termes de santé publique. La prématurité et petit poids de naissance des nouveau-nés sont plus fréquents chez les mères célibataires que mariées. Dans un tout autre registre, le mariage diminue considérablement les conduites anti-sociales ; il réduit le risque de criminalité d’environ 35 %, bien que Bonnie and Clyde aient encore trop d’émules. Hélas, les féminicides viennent ternir ce beau tableau, car le conjoint en est l’auteur quatre fois sur dix.
Je n’ai mentionné que des études ayant éliminé les facteurs de confusion. Il s’agit donc bien de fortes corrélations sanitaires, lesquelles ne présument en rien des avantages et inconvénients du célibat en d’autres domaines.