Les cordonniers du transhumanisme

Fort peu de sociologie suffit pour comprendre que les tenants et aboutissants du transhumanisme se résument au commerce et au profit. Les promesses de vie éternelle ont fait la fortune des religions, et lorsqu’elles sont enluminées par les merveilles de la technologie, elles font la fortune des GAFA. Réunir les nanotechnologies, les biotechnologies, l’informatique et les sciences cognitives fait un beau sigle (NBIC), mais la science qui en émerge est de bric et de broc.

Sans se perdre en polémiques qui ne feront qu’enluminer davantage ce nouvel obscurantisme, notons-en seulement l’erreur fondamentale, grossière.

Oui, les galéniques basées sur les nanotechnologies améliorent la diffusion des médicaments sur des organes cibles. Oui, les prothèses sophistiquées connectées au cerveau peuvent aider considérablement des paralytiques ou des amputés. Oui l’informatique peut analyser des résultats biologiques et adapter des traitements dangereux avec plus d’efficacité et de sécurité que les médecins. Oui, l’intelligence artificielle peut assister efficacement des personnes en perte d’autonomie. Oui, les NBIC sont de belles réalités technologiques qui pourront soulager ou compenser un grand nombre de plus en plus grand de handicaps.

« Compenser », là est le mot. Les sciences biomédicales, avec ou sans NBIC, ont beaucoup de succès dans la compensation et la réparation des dommages et déficits corporels. La médecine, la chirurgie et l’obstétrique ont accumulé des réussites sur les personnes traumatisées, handicapées, fragiles, déficientes ou infectées. La grande erreur des transhumanistes est d’extrapoler ces succès chez les personnes saines, en annonçant l’homme augmenté qui vivra 300 ans, mille ans pour le plus fou d’entre eux.

Non seulement, la médecine n’a jamais réussi à augmenter l’homme, mais toutes ses interventions sur les êtres sains diminue la quantité-qualité de vie, l’exact opposé des prophéties transhumanistes. Le dopage fabrique des records, mais les champions cyclistes ont une durée de vie de 17 ans inférieure à la moyenne. DHEA, THS ou autres hormones mâles ou femelles diminuent la quantité de vie, tout comme les antioxydants ou perlimpinpins de télomères. Toute la pharmacologie préventive a un rapport bénéfice/risque négatif après 70 ans.

Oui, la médecine, la pharmacologie curative, le sport et la chirurgie feront encore raisonnablement progresser l’espérance moyenne de vie à la naissance. Mais une observation sommaire montre que les records de longévité ne se battent pas. Les doyennes et doyens de l’humanité on toujours à peu près le même âge et la même bonne santé ; curieusement, ils ne vivent pas dans les pays où sévissent les gourous des NBIC. Les cordonniers du transhumanisme sont les plus mal chaussés. 

La grande fortune qu’empocheront les transhumanistes sains ne leur fera jamais gagner la moindre minute de vie. Le meilleur de la médecine pourra atténuer leurs maux et handicaps éventuels, comme pour tout un chacun.

Références

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