Le « Medical Evidence Project » est une initiative américaine qui projette de débarrasser la recherche médicale des articles frauduleux ou de mauvaise qualité.
On connait déjà la respectable collaboration Cochrane dont 30 000 collaborateurs du monde entier élaborent des méta-analyses après avoir éliminé les essais cliniques médiocres et sélectionné les meilleurs. Ses résultats sont sans appel et connus depuis longtemps : plus de 90% des articles des revues médicales sont biaisés, erronés ou franchement frauduleux. Cette nouvelle initiative qui vise à empêcher des publications, paraît donc plus pertinente que de critiquer des articles déjà publiés et diffusés auprès de médias et médecins inaptes à en juger la médiocrité ou la malhonnêteté.
Avec un budget de 450 000 dollars par an pendant deux ans, ces honnêtes gens doivent parvenir à supprimer 90% des 600 000 essais cliniques publiés chaque année dans le monde. À titre de comparaison, une firme pharmaceutique peut dépenser 10 à 100 fois plus en faire publier et diffuser un seul, en allouant des subsides aux agences du médicaments, leaders d’opinion, médias et associations de patients. Ne craignons donc pas d’affirmer que la tâche du « Medical Evidence Project » est insurmontable.
Voilà pourquoi, il est nécessaire de franchir un palier supplémentaire. Plus que la détection des erreurs et fraudes d’essais déjà publiés, plus que d’empêcher leur publications, il faut aller jusqu’à interdire certaines recherches cliniques.
On sait par exemple que toute recherche sur un médicament de l’obésité est inutile puisqu’ils ont évidemment et invariablement un rapport bénéfice/risque négatif. Le but de telles recherches ne peut être que commercial. Il en est de même de la recherche sur les cancers métastasés de l’adulte dont la cible n’est pas la santé individuelle ou publique mais la démagogie politicienne. La recherche sur la pharmacologie de la maladie d’Alzheimer entre dans la même catégorie où ni la santé individuelle ni la santé publique ne sont des objectifs réalistes. On peut ajouter l’ostéoporose et toutes les maladies de la sénescence. De façon évidente et largement prouvée, la prévention pharmacologique n’a plus de bénéfice après 70 ans. Ces maladies dites « chroniques » et maladies de la sénescence physiologique sont pourtant les préférées de la recherche des firmes pharmaceutiques. (Je ne parle évidemment que de « prévention pharmacologique », et non de tout autre type de prévention.)
En admettant naïvement que l’on puisse empêcher ces recherches sans intérêt sanitaire, il resterait encore environ 200 000 articles à contrôler chaque année avant publication. Le challenge du « Medical Evidence Project » quitterait alors la catégorie « utopie » pour entrer dans la catégorie « Sisyphe ».
Il nous reste enfin à croire que cette initiative n’est pas un nouvel avatar de « washing » : un « science-washing » discrètement manipulé par l’industrie et encore plus pernicieux que le « green-washing »…