Enlèvement de prématuré

Le ministère de la justice a mis en place en 2006 une alerte « enlèvement enfant » dont le taux de réussite est de 97%. Saluons cette initiative et son remarquable succès. La quasi-totalité des cas concerne des enfants enlevés par l’un des deux parents en conflit avec l’autre, ce qui explique certainement le taux de réussite.

La dernière alerte d’octobre 2024 concerne un enfant de 17 jours, enlevé par ses deux parents.

Je suis resté pantois devant cette annonce que je me suis efforcé de répéter : « un enfant enlevé par ses deux parents ». Passée ma stupéfaction, j’ai appris que ces parents « kidnappeurs » sont inaptes à la fonction parentale ; ce nourrisson risquait de leur être retiré et il était en soin dans un service de néonatologie pour grande prématurité. Tout cela me parût alors logique : le ministère public s’oppose à des parents inaptes pour sauver la vie d’un enfant innocent.

J’ai alors envisagé divers scénarios pour cet enfant après son irréversible venue au monde. Une grande prématurité n’est pas de bon augure pour l’avenir sensoriel, voire cognitif, malgré les immenses progrès de la néonatologie. La mère n’étant pas obèse, cette prématurité a de fortes chances d’être liée à des consommations de diverses drogues de la mère pendant la grossesse, ce qui laisse penser que le déficit cognitif de l’enfant est déjà installé, menaçant encore plus ses capacités d’adaptation. Dans le meilleur des cas, si l’enfant est récupéré par l’hôpital après quelques jours, la carence de soins pendant cette période aggravera certainement le pronostic déjà bien sombre.

La meilleure option serait une reddition des parents réalisant leur erreur, cela ne modifierait pas le pronostic sanitaire précédent, et diminuerait guère notre inquiétude pour son éducation dont l’impact à long terme est bien plus important qu’une naissance à terme.

Si le ministère public considère que cet enfant il lui a été enlevé, cela signifie qu’il estime en être le parent légitime. On pourrait alors lui reprocher de n’avoir pas reconnu plus tôt cet enfant afin d’éviter de tels scénarios hautement probables. Cela nous amènerait à débattre sur l’identité et l’appartenance d’un embryon, sujet qu’il n’est actuellement pas possible d’aborder à l’Assemblée nationale, tant elle est préoccupée par sa propre identité.

Mettre en avant la nécessité de soins intensifs immédiats est une façon de surjouer l’émotion pour dissimuler nos carences en amont et en aval des soins médicaux. Cela nous fait du bien.

Il ne faudra donc plus nous étonner des dérives autoritaires et marchandes d’une médecine devenue dépotoir de nos carences.

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