Qui aurait pu s’en douter ? Le système immunitaire vieillit chez les personnes âgées. Il est mal venu de dire les « vieux », car cela sous-entend que l’on s’exclut du groupe que l’on nomme ; pourtant on dit les « jeunes » en s’excluant explicitement de leur groupe sans que cela semble péjoratif. D’un côté, la vieillesse est vue péjorativement, de l’autre on s’étonne des diverses dégénérescences qui l’accompagnent. Foin de ces hypocrisies, j’ose dire « les vieux » sans vergogne.
Le saviez-vous ? Tous les organes (peau, cristallin, tympan, rétine, muscles, os, cartilages, foie, reins, etc.) dégénèrent avec l’âge, tous les systèmes aussi (cognitif, sensoriel, immunitaire, cardiovasculaire, etc.)
Comment alors expliquer que, de temps à autre, une dégénérescence étonne subitement le monde médical et médiatique ? Sans ambiguïté, c’est toujours à cause d’un médicament. Comme si la connaissance progressait à rebours en médecine. Il suffit de constater qu’un produit fait vibrer une molécule pour que le tissu qui abrite cette molécule devienne dégénératif. Il faut alors trouver un nom de maladie à cette dégénérescence, car implicitement, une maladie peut se soigner. L’Avastin® a donné naissance à la DMLA, le vaccin antigrippal a donné naissance à l’immunosénescence, étrangement confirmée par le vaccin anticovid, le Viagra® a donné naissance à la dysfonction érectile. Certains noms de maladies de vieux m’amusent par leur stupidité intrinsèque dont les nosologistes et marchands n’ont pas conscience.
Ne soyons pas nihilistes, il peut arriver que certaines dégénérescences subissent un ralentissement de quelques semaines sous l’effet de ces stimulations. Mais cliniquement, le résultat est toujours nul. Peu importe que la vue ne s’améliore pas sous l’effet des médicaments anti-DMLA, l’important n’est pas ce que voient les vieux dans leur vie quotidienne, mais ce que voient les ophtalmologistes en regardant leur rétine. C’est là que se situe toute la subtilité du soin des dégénérescences.
Avec l’immunosénescence qui s’annonce comme une épidémie corollaire à l’épidémie actuelle, il faudra des troisièmes et quatrièmes doses de vaccins. Probablement une par an, comme pour la grippe, voire deux ou trois. Car en matière de maladies liées à l’âge et/ou à la dégénérescence, il est toujours préférable de prévoir le pire. On n’en fait jamais assez. Malgré leur dérision clinique, je suis sincèrement admiratif des progrès des biotechnologies, je suis même époustouflé par leur rapidité d’application aux nouveaux vaccins. Néanmoins, il manque toujours un pilote dans l’avion des vieux… Faisons confiance aux jeunes… Sans eux, on ne pourra pas éviter le crash.