Comme leur nom l’indique, les « facteurs de risque » sont les facteurs qui augmentent la probabilité de survenue d’un évènement. Par exemple l’alcool, le brouillard et les pneus lisses sont des facteurs de risque d’accident de la route. Evidemment, pour chaque évènement, les facteurs de risque sont multiples et n’ont pas le même poids. En médecine, le risque de survenue d’une maladie augmente avec la présence de chacun de ces facteurs, mais il faut du temps pour qu’ils agissent. Le risque ne peut se révéler qu’avec les années.
Les gènes BrCa augmentent le risque du cancer du sein, mais le cancer éventuel n’apparaîtra qu’après 40 ou 50 ans, bien que les gènes soient présents dès la naissance. Le tabac augmente fortement la probabilité de tous les cancers, mais il faut des années de tabagisme avant que n’apparaisse un éventuel premier cancer. Le sucre, l’obésité, l’arythmie, le cholestérol, les anévrysmes, l’hypertension, la sédentarité et le stress sont des facteurs de risque d’évènement cardio-vasculaire (infarctus, hémorragie, AVC, phlébite, etc.), mais il faut longtemps pour que chacun de ces facteurs, le plus souvent associé à d’autres, soit la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ce sont les années qui confèrent une réalité aux facteur de risque : le temps est le cofacteur de tous les risques.
Bénigne ou grave, chaque maladie est toujours plurifactorielle. Même une maladie infectieuse caricaturale nécessite d’autres facteurs que le microorganisme. Un virus peut passer inaperçu chez un enfant et donner une maladie mortelle chez une personne âgée ou immunodéficiente. Le déficit immunitaire pouvant lui-même résulter de bien d’autres facteurs de risque non liés à l’âge.
Dire qu’il n’existerait aucun facteur de risque sans l’écoulement du temps apparaît comme une tautologie. Mais considérer le temps comme un facteur de risque apparaît comme une stupidité. C’est pourtant dans cette stupidité que baignent négligemment nombre de médecins, épidémiologistes ou commentateurs qui affirment que l’âge est un facteur de risque pour telle ou telle maladie. Non, l’âge n’est le facteur de risque d’aucune maladie, il est le révélateur des facteurs de risque, il est la condition nécessaire à leur propre existence.
Cette négligence épistémologique est encore aggravée par la confusion fréquente entre facteur de risque et maladie. Les diverses hypertensions, mutations génétiques, bactériuries, ou hyperlipidémies non perçues par les patients ne sont pas des maladies, mais de banals facteurs de risque. Les maladies dont ils augmentent les risques n’arriveront peut-être jamais ou bien surgiront par l’apparition d’un énième facteur de risque ignoré jusqu’alors.
De tels simplismes profitent très certainement aux aspects marchands de l’exercice médical au détriment de ses aspects cliniques et scientifiques.
Non, l’âge et le temps ne peuvent logiquement pas être des facteurs de risque par eux-mêmes ; ils sont simplement la condition de leur définition et de leur existence.
Difficile sujet ! Car notre langage est très limité pour décrire une situation complexe, de la même manière qu’il faut beaucoup d’imagination pour voir correctement un hypercube à partir de son ombre couchée sur une feuille de papier. De quoi parle t’on avec un facteur de risque ? L’hyperbouffe est un facteur de risque d’hyperinsulinisme; devenu diabète clinique ou non il est à son tour un facteur de risque de maladies cardio-vasculaires, qui elles mêmes sont facteurs de risque d’obstructions brutales vasculaires, qui elles-mêmes sont facteurs de risque de mort imminente. La mort étant un sujet tabou, on ne parle que de facteurs de risques sans précisions pour seulement suggérer aux plus anxieux qu’il y a risque de mortalité « avancée », quand elle est encore lointaine. Il ne faut pas faire peur, c’est pas le Covid. (Je dis LE covid, cela pour contredire Hélène, à moins qu’elle n’affirme qu’il faille dire maintenant UNE week-end, au motif que le genre d’un mot neutre anglais doit être transposé à celui de sa traduction en français.) Alors l’âge est-il un facteur de risque de mortalité avancée ? En langage traduit pour le peuple, cela veut dire le grand-âge ; ce qui revient à dire que plus on est vieux, plus on risque de mourir ; lapalissade qui fait peur à personne ! Revenons au temps passé, d’avant la médecine moderne…. 45 % des individus mourraient avant l’âge de 20 ans ! 20 % avant l’âge de 1 an! Le jeune âge était le plus grand facteur de risque de mortalité avancée !! Et si on parle de la mortalité par accident de la route, c’est plutôt un âge intermédiaire qui serait facteur de risque de surmortalité ! Bref, que l’on soit jeune, vieux ou intermédiaire, l’âge est toujours un facteur de risque de mourir plus rapidement que prévu, à condition qu’il y ait autre chose qui accélère ou provoque la mort, tout dépend de cet autre chose ; quand il n’y a pas cet autre chose, il ne reste que la vieillesse pour provoquer la mort, et plus on est vieux, plus le facteur de risque « vieillesse » est responsable d’un fort taux de mortalité . Difficile d’invoquer une co-morbidité quand on meure à 110 ans, Mais il y aura toujours des pince-sans-rire pour l’affirmer.