À leur naissance, les femmes ont un stock limité d’ovocytes dont certains subiront une maturation aboutissant à la libération régulière d’ovules entre la puberté et la ménopause. Chez les hommes, inversement, les cellules germinales souches disponibles à la naissance ne cesseront de se diviser pour émettre quotidiennement un nombre infini de spermatozoïdes.
Ainsi un ovule est une cellule neuve, alors qu’un spermatozoïde est le résultat d’un nombre infini de divisions cellulaires. La génétique de base nous apprend que chaque division cellulaire s’accompagne inévitablement de mutations dites « de novo ».
Plus un père est âgé, plus il transmet de mutations de novo à son enfant. Un père de 20 ans en transmet environ 25, un père de 40 ans en transmet 65, alors qu’une mère n’en transmet qu’une dizaine quel que soit son âge.
Cette base théorique est confirmée par les données cliniques. Le risque global de malformations augmente parallèlement à l’âge du père : 1,5 % pour les pères âgés de 25 à 29 ans ; 4 % pour les pères de 30 à 35 ans ; 8 % pour les pères de 40 à 49 ans ; 15 % pour les pères de plus de 50 ans.
Le cerveau étant un organe comme les autres, les maladies psychiatriques ne font pas exception dans ce tableau. Les pères de plus de 50 ans ont un risque 3 fois plus élevé d’avoir un enfant autiste que les pères de moins de 30 ans, et jusqu’à 6 fois plus pour l’autisme de haut niveau. L’âge de la mère semble n’avoir aucun impact sur cette pathologie. Un père de plus de 55 ans a deux fois plus de chance d’avoir un fils schizophrène et 3,5 fois plus pour une fille. Là encore, le risque relatif augmente régulièrement par tranche de 10 ans d’âge du père.
Même constat pour certaines maladies rares comme le syndrome d’Apert dont la fréquence augmente proportionnellement à l’âge du père.
Des études plus récentes montrent que des risques que l’on croyait liés exclusivement à l’âge maternel, comme le diabète gestationnel et la prématurité, sont aussi majorés par l’âge paternel. Enfin, la mortalité, toutes causes confondues, double chez les enfants nés de père de plus de 50 ans.
Certes, toutes les pathologies citées ici sont multifactorielles, mais quelles que soient les autres causes, le risque global est toujours multiplié par le nombre de mutations de la spermatogenèse. De plus, les mutations de chaque division cellulaire dépendent aussi de la durée d’exposition à des polluants mutagènes. Par exemple, il y a plus de leucémies chez les enfants de père tabagique.
Dans nos sociétés complexes, le choix d’hommes plus âgés ou de meilleur statut social peut être une garantie de ressources. Cette contribution matérielle pourrait être préférée à la contribution génétique d’un jeune géniteur. Cependant ni les biologistes ni les médecins ne peuvent encourager un tel choix.
Mots-clefs : génétique, malformations, ovules, spermatozoïdes
bien interessant votre article, mais ces constatations démontrées par les statistiques paraissent aussi intuitives…
mais mon bémol est que toute mutation n’est pas forcément péjorative…
cela parait même certain !
c’est comme le changement climatique, vers le chaud… imaginons un changement vers le refroidissement… panique à bord…
Pourquoi ne peut-on pas lire les articles de la bibliographie ?
Le BMJ de 2018 ?
Protocole de ces études de cohorte ?????
pas de rigueur = infox
Tous les articles de la biblio sont accessibles sur pubmed
cordialement
Luc Perino
Les mutations délétères sont repérables par les données cliniques.
Il est certain que les mutations favorables ne sont pas si facilement repérables, et encore moins dans le cas de l’âge avancé lors de la reproduction.