La famille pharmacologique des « glitazones » appartient à la grande classe dite des « antidiabétiques oraux » dont le but est de faire baisser le taux de sucre dans le sang. La rosiglitazone, premier médicament de cette famille, cumulait les quatre défauts de la pharmacopée marchande : il était inutile, superflu, cher et dangereux. Et si, malgré tout, une première mise sur le marché a été accordée en 1999, c’est grâce au trois stratagèmes de la pharmacologie mafieuse : la dissimulation, le lobbying et la corruption.
Les bassesses et les négligences ne sont pas spécifiques aux industries et autorités sanitaires, mais le domaine de la santé est plus propice à leur éclosion et à leur diffusion. Particulièrement dans le domaine de la prévention pharmacologique primaire, c’est-à-dire avant l’apparition de toute maladie. (Occasion de rappeler pour la énième fois que le diabète de type 2 n’est pas une maladie, mais un simple facteur de risque.)
La mercatique de la prévention pharmacologique primaire entretient avec brio les mythes du progrès qui piègent les autorités dans leur démagogie, et les citoyens/patients dans leurs revendications. Ni les efforts de la science, ni la révélation des scandales ne parviennent à venir à bout de ces incessantes manœuvres.
Mais dans cet imbroglio d’artifices, les glitazones ont franchi quelques étapes supplémentaires, que nous illustrons ici par deux anecdotes bien documentées.
1/ Le risque cardio-vasculaire du médicament, initialement dissimulé par le laboratoire, s’est vite révélé plus important que le risque cardio-vasculaire du sucre visé. Les médecins, satisfaits de voir baisser le chiffre du sucre, voyaient leurs patients mourir « guéris » d’une maladie qui n’existe pas, et bien plus rapidement atteints par la vraie maladie qu’ils voulaient éviter. Nonobstant la mort des victimes, la chose pourrait être qualifiée de comique. Elle avait cependant le mérite de confirmer qu’il est toujours dangereux de se soigner quand on est bien portant !
2/ La deuxième anecdote est encore plus lamentable. Alors que les premières glitazones avaient été retirées du marché en raison de leur dangerosité, de nouvelles sont apparues qui ont révélé un doublement du risque de cancer de la vessie. Mais les autorités rechignent à toujours dénigrer un médicament qu’elles ont validé, et les laboratoires s’obstinent à « recycler » les indications de leurs molécules. Cette obstination a fini par montrer que les glitazones pouvaient être un traitement complémentaire des leucémies myéloïdes chroniques. Toutefois, cela reste encore à mieux préciser par de nouveaux essais cliniques. Il est donc probable que des patients mourront d’un cancer de la vessie, dont l’évolution est bien plus rapide que celle de la leucémie chronique pour laquelle ils auront pris le médicament susceptible de retarder leur mort.
Décidément, avec les glitazones, il est dangereux d’être bien portant, et très risqué d’être malade.
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