En ces périodes de verbiages politiques, chacun assène sa vérité chiffrée, reprochant à l’autre camp d’avoir fait monter les mauvais chiffres (chômage, immigration, dette) ou d’avoir fait baisser les bons (pouvoir d’achat, nombre de professeurs). Ces chiffres rabâchés avec un art consommé de l’illusion, comportent tant de biais de lecture et d’interprétation que nul scientifique ne saurait y porter crédit.
Apprécier des actions, en sociologie et économie politiques, présente les mêmes difficultés qu’en médecine pour les maladies dites « chroniques », car l’évaluation ne peut se faire qu’à moyen ou long terme. Il est difficile de savoir si la délinquance est majorée par le laxisme juridique ou le chômage, comme il est difficile de savoir si un infarctus a été causé par le tabac, le cholestérol ou les gènes. Il est encore plus difficile de déterminer si une éventuelle amélioration est due à la poudre de perlimpinpin, au médicament éthique ou au cours normal de la nature. Les meilleures méthodes pour tenter d’approcher ces vérités cliniques reposent sur la plus simple des arithmétiques. On additionne les patients qui ont pris la poudre de perlimpinpin et ceux qui ont pris le médicament et on compte les années de survie. Ou bien on totalise le nombre d’infarctus dans deux groupes dont l’un est fumeur. Simpliste mais pertinent !
Cette arithmétique triviale s’applique mal aux résultats des actions politiques, car leur appréciation est hautement subjective ; par contre, on peut l’utiliser pour imputer ces résultats à leurs responsables. Nous pouvons, par exemple, considérer la période de la cinquième république dont les règles juridiques et les institutions ont été stables. Sur les 21490 jours écoulés depuis le début de cette constitution, son gouvernement a été de droite pendant 14360 jours et de gauche pendant 7130 jours. Ainsi, lorsque des citoyens de droite se plaignent des mauvais résultats, ils devraient être plus discrets, car leur camp en est responsable à hauteur de 66,8 %. Inversement, les citoyens de gauche ne doivent pas hésiter à s’en plaindre, car leurs élus n’en sont responsables qu’à 33,2%. Un raisonnement symétrique s’applique aux citoyens qui estiment que les résultats sont bons.
Seuls les politiciens n’ayant jamais gouverné peuvent être dédouanés à la fois de ces bonnes et mauvaises subjectivités de citoyens. Ces politiciens ont alors toujours intérêt à déclarer que les résultats ont été mauvais. Le marché sanitaire fait de même en proposant toujours un nouveau médicament, là où tous les précédents ont échoué.
La nouveauté pharmacologique et la virginité politique portent des utopies similaires, l’une est l’accès à l’immortalité, l’autre est la promesse du paradis sur terre.
Mots-clefs : élections présidentielles, nouveauté
Ce raisonnement ne manque pas d’élégance mais c’est hélas un sophisme (il paraît vrai mais il est faux.
Le résultat d’une décision politique ne dépend évidemment pas du temps passé à gouverner de la classe publique (pourquoi d’ailleurs s’en tenir à la V République, pourquoi ne pas inclure la 4ème etc).
Par exemple si on venait à supprimer toutes les limitations de vitesse la mortalité remonterait aussitôt à 20000 morts par an. La cause en serait bel et bien la décision prise et non une responsabilité partagée entre tous ceux qui ont gouverné depuis Clemencau ou Louis XIV.
Avec mon souvenir amical mon cher Luc et un grand merci pour tes chroniques que j’aime bien dont je me suis parfois servi au hasard de mes présentations
Beau raisonnement effectivement.
Mats je me demande s’il est bien sain que 100% des « Déciduerurs »continuent é etre persuadéz d’avoir un cerveau,dont le raisonnement a échappé à 100% des « Executants »quii en ont un aussi…cela va coincer,pardon,buguer;l’intervalle de confiance n’est plus suffisant,il faut affiner les stats par des MEGAanalyses;la neuro physiologie a de beaux jours devant elle,
Cher ami,
Bravo pour ta perspicacité, le biais est énorme en effet ! Mais je me suis tant amusé à écrire ceci, montrant à quel point il est facile de noyer le poisson !
Le raisonnement est totalement faux pour beaucoup de thèmes, cependant, si l’on s’en tient aux grands thèmes de campagne (immigration, chômage, dette, éducation), il peut être vaguement acceptable.
Amitiés
Luc