Est-ce que l’hypertension artérielle ou le diabète de type 2 sont des maladies ? Non, ils sont des facteurs de risque d’accident vasculaire (cérébral ou autre). Est-ce que l’ostéoporose est une maladie ? Non elle est un facteur de risque de fracture. Est-ce que l’obésité, la dépression ou la grippe sont des maladies ? Oui, car elles sont cliniques, c’est-à-dire : perçues par le patient ou son entourage.
Depuis qu’elle dispose d’appareils permettant de mesurer certains paramètres physiologiques ou biologiques, la médecine a pris la très mauvaise habitude de confondre facteur de risque et maladie ?
Ce dévoiement provient de l’idée séduisante que l’on peut empêcher la survenue d’une maladie en corrigeant un facteur biologique de risque. C’est ce que l’on appelle la « prévention primaire » dont la logique et théoriquement parfaite.
Or depuis plus d’un siècle que la médecine tente de corriger les facteurs de risque biologiques par des moyens pharmacologiques, il s’avère que les médicaments de toutes ces préventions primaires sont, soit inefficaces, soit beaucoup moins efficaces que les règles hygiéno-diététiques classiques : marcher, bouger, manger moins de sucres et de graisses.
La pharmacologie s’avère inefficace pour empêcher un premier « instant clinique » tel qu’un accident vasculaire ou une fracture, ou pour retarder une démence. Inversement, lorsque la pharmacologie intervient après une vraie maladie, elle peut montrer une certaine efficacité pour retarder la survenue d’un deuxième évènement clinique. C’est ce que l’on appelle la « prévention secondaire ».
Dit d’une façon triviale : la médecine est plus efficace pour les malades que pour les bien-portants.
Pourquoi les médicaments sont-ils plutôt efficaces en prévention secondaire, alors qu’ils ne le sont pas en prévention primaire ? Nul ne sait aujourd’hui répondre à cette question.
Chaque maladie étant multifactorielle, il existe certainement de nombreux facteurs biologiques et environnementaux, encore inconnus, susceptibles de déclencher un « instant clinique ».
Une des explications possibles de cette supériorité de la prévention secondaire sur la prévention primaire repose sur les comportements individuels. Chacun étant plus enclin à suivre des règles d’hygiène de vie après une première alerte clinique, alors qu’avant toute alerte, l’optimisme naturel de sapiens le rend plus négligeant.
Les médicaments peuvent même être indirectement néfastes avant le premier instant clinique, en favorisant cette négligence.
Bref, en prévention primaire, l’essentiel du conseil médical peut se résumer ainsi : bougez plus et mangez moins. Mais cela parait bien dérisoire, surtout après avoir fait neuf années d’études supérieures.
Il est tout de même plus valorisant, pour les médecins, de disserter sur la pharmacologie d’un facteur biologique, d’autant plus que les patients ont ainsi l’impression que l’on prend mieux soin d’eux.
Mots-clefs : facteur de risque, prévention primaire, prévention secondaire