L’importante contribution de l’automobile au produit intérieur, à la liberté, voire à la démocratie, ne doit pas nous empêcher d’en analyser les effets indésirables. La mortalité routière, qui a épargné peu de familles, reste la principale nuisance de ce grand progrès. Cependant, grâce à de volontaires politiques de prévention, cette mortalité est passée de 1/2000 à 1/10000, entre 1972 et 2012, dans les pays de l’OCDE, et de 1/3000 à 1/20000 en France, pendant cette même période. Et cela, malgré l’augmentation considérable du nombre de kilomètres parcourus.
Hélas, cette augmentation du nombre de déplacements est à l’origine d’un autre problème sanitaire, celui de la pollution atmosphérique, particulièrement préoccupante dans les grandes villes et à proximité des autoroutes.
Les effets délétères de cette pollution de l’air sont désormais bien documentés dans les pathologies pulmonaires et cardiovasculaires, mais aussi dans les leucémies aigues de l’enfant, dans le développement broncho-pulmonaire des adolescents, et aussi dans le développement de l’embryon et l’hypotrophie fœtale. Plusieurs autres études suggèrent un lien probable avec l’augmentation de l’incidence de l’autisme.
Après avoir déjà reconnu ses effets pulmonaires et cardio-vasculaires, l’OMS vient « d’officialiser » le rôle cancérigène de la pollution atmosphérique.
Il revient désormais au politique d’agir sur cette nuisance avec la même détermination qu’il l’a fait pour la mortalité routière…
L’épineux problème est l’impact négatif des pénalisations et limitations de circulation urbaine sur la production et la vente d’automobiles. Pour empêcher la chute trop rapide de leur chiffre d’affaires, les constructeurs sont dans l’obligation de chercher de nouveaux marchés et de produire des automobiles à l’étranger. Cette délocalisation permet de limiter, chez nous, les nuisances de la production et celles de la circulation sans trop amputer notre PIB.
La pollution se déplace désormais en Chine où les autorités commencent à constater avec horreur les méfaits de ce qu’ils nomment « l’airpocalypse ». Certains ont même envisagé la mise en place de ventilateurs géants comme l’avaient proposé avant eux des dirigeants mexicains…
Beaucoup de vérités sont si ingénues que nul n’ose les formuler sans fioriture. « Tourner autour du pot » est l’expression populaire qui décrit le mieux les multiples façons de ne pas dire ce dont chacun a l’intime conviction.
Cessons donc de tourner autour du pot d’échappement, et demandons-nous si la pollution automobile, que nos clients nous renverront avec leurs ventilateurs, pourra s’arrêter à nos frontières, comme avait si bien su le faire le nuage de Tchernobyl ?
Et de façon moins naïve, osons nous demander si les nouveaux impératifs sanitaires sont compatibles avec la croissance.
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