Les benzodiazépines sont les plus connues et les plus utilisées des tranquillisants. Elles ont deux indications médicales majeures : l’attaque de panique et les crises convulsives. Dans ces deux cas, leur utilisation est unitaire et ponctuelle, sous forme orale ou injectable.
Or, dans la pratique, les benzodiazépines sont prescrites essentiellement comme somnifères, bien qu’elles soient un facteur aggravant de l’insomnie chronique. Elles sont aussi utilisées comme myorelaxants et tranquillisants au long cours. Leur principal effet indésirable immédiat est une baisse de la vigilance, avec risque de chute et une augmentation de 60% de fractures du col du fémur. On leur doit aussi une bonne part des accidents de la route.
À plus long terme, les effets néfastes sont une majoration des pertes de mémoire et une augmentation de 50% du risque de démence.
Encore plus préjudiciable est le risque de dépendance, puisqu’il s’agit certainement des drogues les plus rapidement addictogènes, tant du marché licite que du marché illicite. Une consommation quotidienne de deux semaines suffit parfois à entraîner une dépendance, et le sevrage est toujours difficile. C’est la raison pour laquelle il est officiellement recommandé de ne pas dépasser quelques semaines de prescription. Recommandation que les médecins ne peuvent pas suivre, car ils cèdent à la pression des patients devenus dépendants. La preuve en est apportée par le récent rapport de l’ANSM qui note l’augmentation régulière de consommation des benzodiazépines.
Dans le cadre de tentative de réduction du sempiternel trou de la Sécurité Sociale, une réflexion vient de s’ouvrir sur la vente des médicaments à l’unité. Les benzodiazépines sont une excellente occasion de mise en pratique. En dehors des convulsions et des attaques de panique, elles n’ont aucune indication médicalement justifiée, et dans ces deux cas, leur utilisation est unitaire. Elles sont donc bien le premier médicament idéal pour une vente à l’unité. Le corollaire serait un déremboursement des boîtes de plusieurs comprimés, dont la prescription est la preuve d’une utilisation inadéquate, non justiciable de la solidarité nationale.
Cette mesure aiderait au sevrage, elle diminuerait les chutes et fractures des personnes âgées, les accidents de la route, la démence, les insomnies chroniques, et améliorerait la santé publique.
Le bonus serait une économie de 200 millions d’euros pour la Sécurité Sociale.
La seule inconnue est le nombre de licenciements provoqués par le manque à gagner des industriels. Espérons qu’il sera faible, car ces nouveaux chômeurs éventuels pourraient être sujets aux insomnies et aux angoisses… Rien n’est simple !
Mots-clefs : attaque de panique., benzodiazépines, convulsion, insomnies, surprescription, tranquillisants