En 2001, le monde avait tremblé d’un étrange effroi culturel en apprenant que les Talibans avaient fait dynamiter les deux gigantesques sculptures des Bouddhas de Bamiyan, classées au patrimoine mondial. Ces statues dataient d’une période préislamique qui insultait leur histoire revisitée.
Puis le monde a fini par oublier et relativiser cette grossièreté. Force était de redécouvrir que ces folies destructrices avaient toujours eu cours en tous lieux et de tous temps. Les révolutionnaires français avaient décapité les statues à la gloire de l’Ancien Régime, et Mao Zedong avait lancé ses gardes rouges à l’assaut des sculptures et des temples bouddhistes. On pouvait alors penser que rien n’est jamais vraiment nouveau sous les cieux de la barbarie…
Ce qui déroute le plus notre observation des Talibans, c’est leur surprenante vitalité nihiliste ; cet oxymore décrit assez bien la faculté qu’a leur violence à se nourrir de sa gratuité. Bombarder les écoles et les hôpitaux non coraniques, lapider les femmes, accumule les morts sans faire progresser leurs idées. Une idéologie qui n’arrive même plus à se nourrir de ses cadavres, cela, par contre, est une réelle nouveauté.
Les femmes privées de soins et d’éducation meurent désormais plus jeunes que les hommes ; cela est aussi une nouveauté dans l’Histoire de l’Humanité où les femmes ont toujours eu une meilleure espérance de vie que les hommes, principalement chez les peuples guerriers.
Mais c’eût été faire insulte à leur inventivité que d’avoir pu supposer qu’ils s’arrêteraient là. Ils s’en prennent désormais aux mères et à leurs propres enfants. Le massacre des vaccinateurs au cours de l’année 2013 a dépassé tout ce que l’on pouvait imaginer. Alors que l’OMS était sur le point d’achever sa campagne d’éradication de la poliomyélite, l’assassinat de vaccinateurs et même de mères amenant leurs enfants, est un nouvel épisode de leurs prouesses médiatiques.
La poliomyélite était presque sur le point d’être la deuxième maladie éradiquée après la variole. Il faudra attendre encore un peu, car la mort des vaccinateurs devient un risque sanitaire désormais supérieur à celui de la polio.
Et, avant de retourner à nos léthargies, prions Allah et les dieux de tous les panthéons pour que la polio puisse être, un jour, la seule nuisance qui persiste pour les enfants de Talibans.
Mots-clefs : barbarie, poliomyélite, talibans, vaccins