Dépister ou non l’Alzheimer

La Conférence de l’Association Internationale de l’Alzheimer s’est tenue à Boston en juillet dernier (AAIC 2013).

L’une des questions les plus débattues a été celle de l’utilité d’un dépistage et d’un diagnostic précoces. La question était hypocrite, puisque l’on sait que les sponsors de ces associations et conférences orientent déjà toutes les recherches vers un dépistage de plus en plus précoce, indépendamment des avertissements et des inquiétudes des cliniciens.

Malgré cette hypocrisie, dont la médecine prédictive est coutumière, les arguments étaient valables des deux côtés. Les partisans du dépistage insistaient sur la nécessité de la précocité pour améliorer la prise en charge et le pronostic. Les adversaires arguaient qu’il n’existe actuellement aucun médicament susceptible de retarder l’apparition de la maladie ou de ralentir son évolution. Ce dépistage est donc sans intérêt, et risque, en outre, d’inquiéter plus longtemps les patients et leurs familles, sans pouvoir rien changer au pronostic.

Les partisans rétorquaient qu’il existait déjà quelques moyens non pharmacologiques, tels que la marche, l’exercice physique, l’affection, l’entraînement cognitif, la suppression du tabac, des opiacés et des somnifères, le toucher et toutes les stimulations sociales et sensorielles, ainsi que la lutte contre l’obésité. Autant d’éléments qui rangeaient adroitement ces partisans du diagnostic précoce du côté de l’écologie et de l’empathie. Argument combattu maladroitement par les adversaires qui savent que ces thérapies non médicamenteuses sont mal appliquées, ou très vite abandonnées, dès lors que le marché propose un médicament, même si celui-ci est inefficace ou nuisible. Car la croyance en une chimie pouvant tout guérir est tenace, même pour une maladie neuro-dégénérative d’apparition tardive.

Les médecins attentifs savent que la recherche sur la maladie d’Alzheimer, ne pouvant aboutir à guérir ou à éradiquer cette maladie, veut ouvrir des pistes « crédibles » d’un traitement préventif, « vendable » à tous les adultes anxieux et assurés sociaux.

En attendant cette prouesse mercatique et – pourquoi pas – scientifique, l’examen attentif des données actuelles de la science peut mettre tout le monde d’accord sur l’inutilité actuelle du dépistage. Il apparaît que les meilleurs traitements préventifs de cette terrible maladie sont les mêmes que les thérapies considérées comme les plus actives pour en ralentir le cours. Citons-les encore : scolarisation longue et précoce, régime peu calorique, suppression du tabac, entraînement cognitif, socialisation, toucher, exercice physique, affection, stimulation sensorielle, etc. Seuls moyens possédant, à ce jour, la preuve d’une efficacité, tant préventive que curative.

Peu importe alors de chercher à définir le moment opportun du diagnostic, puisque ces traitements ne doivent jamais cesser, avec ou sans diagnostic.

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Un commentaire sur “Dépister ou non l’Alzheimer”

  1. nicole w. dit :

    « Parfois, un souv’nir lui revient,
    Mais il arrive de si loin
    Qu’il ne lui rappelle plus rien,
    ‘A qui donc appartient ce chien ?’
    A qui peut être ce teckel
    Au doux regard de chien fidèle,
    Est-il à elle…
    Plus rien n’est clair, plus rien n’est net,
    Elle vous demande qui vous êtes,
    Pourquoi êtes-vous là d’abord,
    Elle vous le redemande encore. »
    …/…
    « Chacun s’évertue autour d’elle
    A l’appeler tata Adèle,
    Mais si elle en croit le docteur,
    Elle s’appell’rait Elsa Heimer… »

    (Pascal Mathieu/Romain Didier – « Elsa Heimer »)

    Entre la réalité d’une telle maladie, d’une part, et le dépistage chez les bien-portants, d’autre part, il y a un gouffre.

    Et quand bien même, cette terrible maladie frappe,
    « Mourir en soi pour renaître en autrui »,
    Permet à ces personnes qui peuvent avoir ce « regard qu’ont les gens sur les quais de gare »,
    D’entrevoir à nouveau un peu la lumière…
    « Un diagnostic de certitude n’est pas indispensable à obtenir avant ce genre de prescriptions. » (Luc Perino – Ouvrage « Humeurs Médicales/Chroniques » – Page 79).

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