Lorsque les historiens du futur jugeront la médecine (hors chirurgie), la « triade pastorienne », vaccins/hygiène/antibiotiques, sera considérée comme l’apport dominant. Cette triade magique a fait bondir de plus de vingt ans l’espérance moyenne de vie à la naissance.
Hélas, l’histoire de la vaccination est entachée d’une bévue politique dont nous continuons à payer les conséquences : l’obligation vaccinale. En réaction, diverses sectes anti-vaccinales apparurent, dont certaines paroisses sont parfois tenues par des médecins. La pugnacité de ces sectes leur permet de s’inviter au débat de chaque nouvelle vaccination. C’est ainsi que les vaccinations anti-rougeole et anti-hépatite B ont été déclarées, respectivement responsables d’autisme en Angleterre et de sclérose en plaques en France, semant un doute durable sur ces vaccinations très utiles.
Si la bévue initiale des obligations a été partiellement corrigée, puisqu’il n’en subsiste que trois en France métropolitaine (diphtérie, tétanos, polio), nous voyons poindre aujourd’hui un risque bien plus important.
Pendant plus d’un siècle et jusqu’à une date récente, l’introduction de nouveaux vaccins dans les calendriers vaccinaux était décidée par des autorités ministérielles ou académiques. Nous osons affirmer – j’espère, sans trop de naïveté – que ce registre de la santé est resté longtemps vierge de conflits d’intérêts, alors que d’autres étaient déjà largement parasités.
Depuis les années 1990, les choses ont changé et la logique marchande a fini par formater la pensée jusque dans le domaine encore miraculeusement épargné de la vaccination…
Les premiers doutes des médecins de terrain sont apparus avec les vaccins anti-pneumocoque et anti-méningocoque qui ont tout de même fini par s’imposer, car même si leur bénéfice est très faible, il est réel. Puis, ces médecins pragmatiques ont réussi à bloquer la promotion du vaccin anti-varicelle dont le rapport bénéfices/risques aurait été négatif.
L’exemple le plus emblématique est celui du vaccin anti-HPV(papillomavirus), dont le bénéfice n’est pas prouvé et qui fait cependant l’objet d’une vigoureuse promotion. Enfin, je m’inquiète de voir apparaître des publications vantant insidieusement les mérites du vaccin anti-rotavirus dont notre pays n’a nul besoin.
Cette abondance de promotion, pour des vaccins de moins en moins bénéfiques, doit nous faire craindre avant tout la montée d’une suspicion et d’une méfiance sans discernement à l’égard des tous les vaccins. Ce serait un dramatique recul, car les vaccins restent la plus formidable audace conceptuelle et la plus belle victoire de la médecine.
Pour répondre aux interrogations légitimes de ses patients, le médecin a de plus en plus de difficultés à éviter à la fois le dogmatisme et le sectarisme.
Décidément, le marché sanitaire est devenu trop complexe pour moi et je suis toujours sans nouvelles de l’antilope qui est allée saluer le lion.
Mots-clefs : vaccins
« Chacun est propriétaire de son corps, lieu inestimable… Si une loi supprimait ce droit, aucune liberté n’existerait plus. »
(Professeur R. Pièdelièvre – Président de l’Ordre des Médecins – Gazette de la Santé Publique – Juillet 1951)
« Nuire, jamais. » (Serment d’Hippocrate)
La base : une information individuelle et équilibrée, mais également indépendante, éclairée, éthique et honnête, prenant en compte le patient dans sa globalité. Peu importe le domaine de la médecine (médicaments,
examens complémentaires, dépistages, vaccins, etc.).
Le patient doit pouvoir disposer des informations utiles, avant de choisir et de pouvoir décider quels risques il est prêt à prendre.
Un patient, désireux d’être acteur de sa santé, apprécie de se sentir respecté et écouté. La confiance ne s’acquiert pas sous la contrainte, mais elle se construit sur des bases solides, honnêtes et libres.
« Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie. » (J. Prévert)