D’après les méta-analyses les plus récentes, le dépistage du cancer du sein constitue un bénéfice pour environ une patiente sur mille. Le ratio bénéfice-risque reste donc « officiellement » positif.
La plupart des médecins sont favorables à ce dépistage. Et en France, il s’agit d’un dépistage dit « organisé » avec forte publicité du ministère auprès du grand public.
Les méta-analyses les plus récentes confirment que le dépistage du cancer de la prostate par le PSA représente une « perte de chance » pour environ un patient sur mille. Les autorités sanitaires ont confirmé l’inutilité de ce dépistage. Il n’existe donc aucune organisation administrative de ce dépistage ni aucune incitation à le pratiquer.
Pour chacun de ces deux dépistages, le paysage scientifique est donc en harmonie avec le paysage administratif.
Considérons maintenant leur paysage social.
53% des femmes participent au dépistage organisé du cancer du sein (INVS 2011). Si l’on ajoute le dépistage dit « sauvage », on arrive à un taux approximatif de 65% de dépistage dans la population ciblée et à un très faible taux de dépistage chez les femmes non ciblées.
A l’opposé, 75% des hommes subissent un dépistage du cancer de la prostate aussi bien dans la population cible « officieuse » des moins de 75 ans que dans celle des plus de 75 ans où la « perte de chance » est encore plus forte.
Pourquoi donc la sociologie des dépistages en cancérologie est exactement l’inverse de ce qu’elle devrait être d’après les données scientifiques et les incitations administratives ?
Qui pourrait répondre à cette question ? Et surtout, qui ose vraiment la poser ?
Nous constatons qu’en matière de dépistage en cancérologie, les réalités des preuves et des faits n’influencent ni les pratiques des médecins, ni les convictions intimes des patients. Ce sont les croyances subjectives et l’intuition populaire qui constituent l’unique cadre référentiel. Les patients s’accommodent naturellement de ce cadre archaïque, et il semble que les médecins s’en satisfassent tout aussi bien, y compris certains exigeants défenseurs de la médecine basée sur les preuves.
les populations soumises au dépistages non organisée du cancer de la prostate et organisé du sein différent sur un point tellement simple que je m’étonne que votre bon sens médical ne l’ait point suggéré
Une femme qui souffre de douleur mammaire est prête à un dépistage de cancer du sein.Mais contrairement aux hommes, passé 50 ans les douleurs mammaires sont moins fréquentes que les signes urinaires de l’hypertrophie de la prostate.
Si nous nous appuyons sur des données statistiques le dépistage prénatal des malformations fœtales ne devrait -il pas être arrêté ; combien de fœtus sains perdus au cours d’amniocentèses pour combien de foetus malade trouvés?
Les statistiques ne résistent pas à l’impression clinique de terrain et pour y avoir eu recours lors de leur thèse chaque médecin sait que les statistiques sont avec les serments d’amour les deux plus grands mensonges du monde…
Je partage évidemment votre avis sur la manipulation possible des statistiques. Par contre, vous vous méprenez sur la nature même du mot « dépistage », lorsque l’on parle de dépistage, c’est précisément lorsqu’il n’y a aucun signe clinique. Lorsqu’il y a un signe clinique quelconque, on se situe alors dans l’enquête étiologique au sein de laquelle peut figurer la recherche d’un cancer.
Enfin, je ne crois pas avoir émis le moindre doute sur le dépistage anténatal.