Il n’existe pas de bonne médecine, en tout cas pas de médecine scientifique moderne sans anglicisme.
Cela ne signifie pas que les pays anglophones aient une médecine exclusivement scientifique et moderne, mais seulement que la science a besoin de mots universels pour que l’étude des phénomènes complexes soit extensive et contradictoire.
« Allume-feu » se dit « kindling » en anglais. Pour les campeurs, l’objet est très pratique quel que soit le pays ou la langue qui le nomme.
En médecine, l’allume-feu est inconnu mais le « kindling » existe. C’est le fait qu’une pathologie cyclique, épisodique ou critique se déclenche de plus en plus facilement.
Pour une épilepsie, le kindling correspond à l’abaissement du seuil de déclenchement des crises.
Pour une polyarthrite rhumatoïde, c’est l’augmentation du nombre de périodes douloureuses ou inflammatoires.
Chez un patient bipolaire c’est l’augmentation du nombre d’épisodes dépressifs ou maniaques
Chez un patient bipolaire, les drogues et substances psychoactives favorisent le kindling.
Chez un patient bipolaire les antidépresseurs ne sont pas indiqués, ils favorisent le kindling et les cycles rapides et sont délétères sur l’évolution de la maladie.
Pour les autres psychotropes, la question reste en suspens. Seuls les thymorégulateurs semblent adaptés pour l’instant à cette maladie à la clinique polymorphe.
Certains auteurs vont jusqu’à affirmer que la maladie bipolaire concernerait en réalité 5 à 6% de la population au lieu des 2% actuellement admis et diagnostiqués.
Lorsque l’on sait que les prescriptions erronées d’antidépresseurs concernent plus de la moitié de ces patients.
Lorsque l’on sait que toute la littérature médicale sur le sujet a pour conséquence de conduire à toujours plus de diagnostics et à toujours plus de prescriptions, il y a vraiment lieu de s’inquiéter.
Tous ces « allume-feu » vont favoriser la prévalence du diagnostic et des crises maniaques et dépressives dans la population.
Si les sciences biomédicales modernes nous fournissent des anglicismes justes comme « kindling » pour mieux étudier les pathologies, cela ne veut pas dire qu’il faille oublier le latinisme de « l’allume-feu ».
Car si nous continuons à négliger aussi superbement tous les feux que nous allumons, la science clinique reculera et la pathologie critique deviendra la norme sociale.
Je souhaiterais connaitre les arguments et les etudes scientifiques SOLIDES vous permettant d’affirmer avec tant de certitude que les antidepresseurs favorisent le « kindling » des bipolaires.
Ceci est une contreverite manifeste.
Encore faut il SAVOIR definir un patient BIPOLAIRE,d’une part,de quels antidepresseurs parler,et de la necessite ou pas de les prescrire.
Le reste de votre contribution est à l’avenant,du point de vue scientifique,avec la masse d’etudes dont nous disposons.
Par contre,je ne peux qu’APPROUVER le pointage que vous faites sur l’augmentation du nombre de pathologies d’annee en annee,et ceci n’est PAS RESERVE au decteur psychiatrique,il suffit de penser à la magnifique invention du syndrome metabolique,assez recente.
Il est vrai,egalemnbt,qu’il est plus facile,d’augmenter artificiellemnt le nombre de pathologies psychiatriques,par rapport à d’autres specialites medicales.
MAIS,il n’en demeure pas moins vrai,que cette augmentation a lieu dans TOUS les secteurs de la medecine.
Je vous invite à retravailler sur « la maladie bipolaire »,realites et soins,prevoyez plusieurs dizaines d’heures,pour vous mettre à jour.
Sincerement et respectueusement.
Réponse à Véronique Raphel.
Le risque d’utilisation des antidépresseurs dans la maladie bipolaire est connu depuis longtemps et sujet à une controverse dont vous pouvez vous douter qu’elle est soumise à de nombreux conflits d’intérêt. Le phénomène est si connu que certains cliniciens vont jusqu’à considérer que la réaction aux antidépresseurs peut servir de test diagnostique pour la différencier de la dépression unipolaire (non conseillé évidemment !)
La référence la plus sérieuse et la plus indépendante sur ce sujet me parait être l’article de Ghaemi.
Ghaemi SN, Hsu DJ, Soldani F, Goodwin FK. Antidepressants in bipolar disorder: the case for caution. Bipolar Disord. Dec 2003; 5(6), p 421-33.
Vous connaissez certainement l’utilisation de l’échelle BSD pour décider de l’utilisation ou non des antidépresseurs chez un patient dépressif. Plus il y a de signes en faveur de la bipolarité, plus les antidépresseurs sont déconseillés. Cela concerne tous les AD.
A l’inverse, de nombreuses études infirment le rôle (suspecté à tort) des antidépresseurs dans la bascule vers l’hypomanie chez les patients unipolaires et les « dépressions » non médicales.
Quant aux ISRS plus particulièrement, les méta-analyses incluant les études non publiées, confirment régulièrement qu’ils ont une action égale au placebo dans toutes les formes de dépression. Le problème des conflits d’intérêt est d’autant plus pervers que les pathologies sont complexes, ce qui est évidemment le cas de la psychiatrie.
Cordialement
Luc Perino
Témoignage:
On m’a prescrit un anti-dépresseur à 14 ans =) tentative de suicide dans les 15 jours ! La seule dans ma vie de bipolaire alors que la mort, je l’ai en tête depuis mes 9 ans et elle ne m’a jamais quittée (pour le moment, je pense aux suicides à chaque épisode de dépression, ça peut prendre 15 minutes comme 15 jours, mais je ne l’ai pas fait)
Je n’étais pas diagnostiquée. Le diagnostique tombe il y a peu, j’ai 36 ans, je maintiens mon refus de traitement médicamenteux.
Personne n’accuse ni ne parle des facteurs environnementaux SERIEUSEMENT: la société de cinglés dans laquelle on vit, les pollutions, citons entre autres les Perturbateurs endocriniens, les champs électro-magnétiques,l’ eau du réseau, la bouffe industrielle. Bon je m’arrête la liste est si longue =) évidemment que la population de malades augmente, on la FABRIQUE ! Certains s’en frotte les mains mais ça, c’est inavouable, n’est ce pas.
Prendre le mal à la racine est le seul paradigme que j’aimerai vous voir discuter.
Je suis révoltée (mais calme enfin j’essaie de le rester).