Chaque été, lorsque la France vadrouille et que se taisent les législateurs et les syndicats, l’information continue avec ses deux marronniers de vacances que sont la météo et le trafic routier. Nous entendons, sans surprise, qu’il pleut en Bretagne et qu’il fait beau en Corse. Nous apprenons aussi, par exemple, que les routes sont dégagées dans le sens des départs et qu’elles sont embouteillées dans le sens des retours.
Les cinquante millions de français qui n’habitent pas en Île de France, sont habitués depuis longtemps à la gymnastique cérébrale consistant à situer leur ville sur l’un des grands axes de migrations traditionnels vus par un informateur parisien : Paris-Océan, Paris-Alpes ou Paris-Allemagne pour le sens des départs, ou bien Méditerranée-Paris, Pyrénées-Paris ou Auvergne-Paris pour le sens des retours.
Les Toulousains, les Nantais et les Lyonnais peuvent alors grossièrement évaluer quelle part de ces perturbations qui leur revient de droit.
Cependant, l’exercice n’est pas anodin, il nécessite au préalable une représentation cérébrale de la carte de France sur laquelle le raisonnement sera souvent inversé. Cette mentalisation obligatoire est un atout non-négligeable pour les habitants des régions, car chaque entraînement cognitif retarde quelque peu l’apparition de la maladie d’Alzheimer.
Réjouissons-nous donc de cet égocentrisme parisien, comme il faut nous réjouir aussi que la langue française s’éloigne définitivement de son élection comme idiome international, car cela nous oblige à manier au moins deux langues pour survivre dans le monde moderne. Réjouissons-nous aussi que l’Europe n’ait pas encore réussi à éradiquer les microbes de nos fromages qui nous protègent un peu des allergies et des maladies auto-immunes.
Bref, tout ce qui nous éloigne des uniformisations culturelles, des centralismes rassis et des hygiénismes administratifs est bon pour notre santé.
Merci pour cet article et pour les explications que j’estime intéressantes.
« Tout ce qui nous éloigne des uniformisations culturelles, des centralismes rassis et des hygiénismes administratifs est bon pour notre santé » dites-vous.
Je pense aussi qu’il faut lutter, encore et toujours, contre l’uniformisation, mais … – grand utopiste que je suis !-, je souhaiterais une planète Terre communiquant en un même langage (espéranto ?) et avec une seule et même monnaie. Il est évident que cette langue « terrienne », la plus simple possible, « basique » (je pense à tous nos amis dyslexiques …) se veut « utilitaire » et ne doit, au grand jamais, remplacer des langues telles que celles utilisées par Shakespeare, Molière, Goethe, Atahualpa Yupanqui, Cervantès, et tant d’autres écrivains, poètes, philosophes, théâtreux, …
Mais je rêve : en fait, c’est un monde communiquant, sans guerre, respectueux de ses différences que je souhaite …
Merci à notre confrère, Luc Périno, de m’avoir permis de rêver !
Bien confraternellement.
Dr CAZEILS Francis