De l’utilité inattendue de l’homéopathie ! Allopathe et clinicien traditionnel, conscient depuis toujours de l’inefficacité tant pharmacologique que physiologique de l’homéopathie, j’ai cependant acquis la conviction du caractère indispensable de cette pratique médicale, pour plusieurs raisons : sanitaires, économiques et expérimentales. La méta analyse récemment publiée dans « The lancet » et démontant l’homéopathie, est très instructive. Ces méta-analyses sont souvent pertinentes, car elles relativisent les résultats des essais cliniques, corrigent leurs nombreux biais et parfois (pas toujours hélas) mettent le doigt sur la partialité de leurs financeurs. Celle-ci conclue, fort logiquement, à l’égalité d’effets entre le placebo et l’homéopathie. Paradoxalement, pour la rigueur des essais cliniques, la granule homéopathique possède un réel avantage, car elle est logiquement dépourvue de tout effet secondaire. Le patient n’ayant aucun moyen de deviner s’il prend le placebo ou la granule, permet une application correcte de l’indispensable principe dit du « double-aveugle ». Ce point est capital si l’on sait qu’une autre méta-analyse publiée dans une autre revue prestigieuse conclue à l’absence de contrôle du double-aveugle dans 98% des essais cliniques dits « sérieux » * . Ainsi, seuls 2% des essais cliniques de médicaments allopathiques en double-aveugle contre placebo sont scientifiquement recevables ! Enfin, les médicaments dits « allopathiques », dont l’effet bénéfique est largement supérieur aux effets secondaires sont très rares et nous pouvons aisément citer leur quasi-totalité : insuline, vaccins, anticoagulants, neuroleptiques, antibiotiques et morphine.
Le scientifique « soignant » et porteur d’un réel « projet » sanitaire doit donc éviter la prescription des autres médicaments allopathiques pour les innombrables pathologies encore « indéterminées ». Ce scientifique là est bien conscient des carences de la médecine moderne dans le soin personnalisé et il ne peut qu’encourager les médecines complémentaires sans s’agacer inutilement de la présence de médiateurs symboliques (granules, aiguilles, gélules colorées, hosties, chimies ou prières) apparemment indissociables du fait humain.
Luc Perino
* Fergusson D et coll. British Medical Journal, 2004 ; 328 : 432-434